Site icon David SCHMIDT

9,3 millions de Français sont pauvres.

Les Français de plus en plus pauvres

La France ne parvient pas à régler certains problèmes récurrents. Parmi eux, la pauvreté continue de toucher une part importante de la population. Les dernières études estiment à 9,3 millions le nombre de Français qui vivent sous le seuil de pauvreté. Migrants, retraités, personnes sans emploi : des profils qui sont directement touchés. “J’essaye de faire tout ce qui est intérim et de faire du porte à porte”, avoue une femme dans le besoin.

Les associations s’inquiètent

Les conditions de vie de certains ne s’améliorent pas avec le temps. “Cela fait longtemps que je suis dans la rue. J’ai travaillé, j’ai été barman et aujourd’hui je me retrouve dans la rue”, confie un homme. Les associations tentent de nourrir chaque personne mais cette situation devient de plus en plus intenable. L’Armée du Salut alerte sur la progression inquiétante de sa pauvreté, elle le constate en devant nourrir de plus en plus de personnes.

Que s’est-il passé depuis 2017 ?

Le niveau de la pauvreté aujourd’hui reste supérieur à celui de 2008. L’embellie récente du marché du travail demeure insuffisante, d’autant qu’elle se traduit en partie par la création d’emplois précaires et mal rémunérés. La baisse des allocations logement décidée en octobre 2017 touche les plus modestes, mais ne se traduit pas encore dans ces données. Inversement, la hausse des minima vieillesse et handicapés, ainsi que l’augmentation de la prime d’activité (dont bénéficient les plus bas salaires) sous la pression des « gilets jaunes » ont un effet favorable que l’on ne mesure pas encore.

Compte tenu de l’ampleur de la dégradation enregistrée depuis le début des années 2000, il faudrait un mouvement beaucoup plus important et durable, ne serait-ce que pour revenir à la situation qui prévalait au milieu des années 2000. L’évolution à venir de la pauvreté dépendra à la fois des réformes des prestations sociales en cours et de l’évolution du marché de l’emploi. Autrement dit, de la façon dont sera partagée la richesse créée.

Le seuil de pauvreté

Un individu est considéré comme pauvre en France quand ses revenus mensuels sont inférieurs à 867 euros ou à 1 041 euros selon que l’on utilise le seuil à 50 % ou 60 % du niveau de vie médian (Insee, données 2017). Ce niveau de vie médian correspond au montant pour lequel la moitié des personnes touche moins et l’autre moitié davantage (voir notre encadré méthodologique). Il est mesuré après impôts et prestations sociales.

Entre 1970 et 2009, le seuil de pauvreté à 50 % a doublé de 400 à 860 euros en euros constants (une fois l’inflation déduite). La France a continué à s’enrichir, en dépit du ralentissement de la croissance à partir des années 1970. Le niveau de vie médian s’est élevé, ainsi que, mécaniquement, le seuil de pauvreté. L’effet est considérable : le seuil de pauvreté à 50 % de 2017 est supérieur au niveau de vie médian de 1970. Dit autrement, une partie des pauvres d’aujourd’hui (ceux qui sont proches du seuil) disposent de ressources équivalentes à celles des classes moyennes de l’époque.

À la fin des années 2000, la crise économique est telle que le niveau de vie médian a baissé, ce qui n’était jamais arrivé depuis les années 1970. Le seuil de pauvreté a donc fait de même [1]. Le seuil à 60 % a perdu 15 euros entre 2009 et 2014, et le seuil à 50 %, 12 euros [2]. Les seuils de pauvreté se redressent depuis 2015, pour retrouver leur niveau de la fin des années 2000.

Les Français sont plus pauvres que les plus pauvres des Américains

Les Français sont champions du monde en matière de dépenses sociales… mais des chiffres choquants démontrent que cela ne se reflète guère dans le niveau de revenus des citoyens.

Avec la montée du mouvement des Gilets jaunes en France – un mouvement qui a débuté au mois d’octobre dernier et qui se maintient encore aujourd’hui – les commentateurs et militants politiques ont commencé à réévaluer la situation des foyers français en termes de niveau de revenu et de pauvreté.

Des dépenses sociales qui n’améliorent pas le niveau de vie des Français

En comparaison, les dépenses sociales représentent 27 % du PIB en Suède, tandis qu’elles s’établissent à 25 % en Allemagne et en Norvège. La Suisse se situe quasiment tout en bas du classement avec un ratio de 19,7 %, et les États-Unis se situent à 19,3 %.

Ces chiffres peuvent varier d’une année sur l’autre, mais on peut constater que la France occupait déjà la tête du classement en 2016 :

Les revenus bien faibles des Français

D’après les statistiques de l’OCDE portant sur le revenu médian disponible – qui tient compte du niveau des impôts et des transferts sociaux – la France se situe en dessous de l’Allemagne, de la Belgique et de la Suisse. Le Canada, les États-Unis et l’Australie se classent également largement au-dessus.

L’économie française – qui est connue pour son manque de flexibilité et d’ouverture à la concurrence, en particulier dans certains secteurs économiques protégés tels que l’agriculture – semble s’installer parmi les moins libres en Europe.

Elle est simplement incapable de générer la croissance économique nécessaire afin de maintenir les dépenses sociales sous contrôle et à un niveau soutenable à long terme. Comme le montrent les manifestations actuelles des Gilets jaunes, de nombreux citoyens français en sont parfaitement conscients.

Source : franceinfo | Inégalités | Contrepoint

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