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Black blocs ou militants de la gauche radicale ?

Après les violentes émeutes qu’a connue Strasbourg en avril 2009 lors du sommet de l’OTAN, enquête sur le black bloc, considéré comme responsable de toutes les dégradations commises.

Les blacks blocs sont désignés par les médias et les autorités comme des anarchistes-casseurs ultraviolents. Les médias parlent de 2000 black blocs lors du sommet de l’OTAN. Qu’en est-il exactement ? Voulant en apprendre d’avantage sur ces personnes entièrement vêtues de noir, j’ai décidé de me pencher sur eux. Après des échauffourrées jeudi dans le quartier de Neuhof à Strasbourg, les incidents entre manifestants anti-Otan et forces de l’ordre ont repris vendredi en milieu d’après-midi dans les quartiers sud de la ville

Black blocs : la vérité.
Un black bloc, c’est quoi ?

Tout d’abord, le black bloc est une technique de manifestation qui consiste à manifester entièrement vêtu de noir et le visage masqué.

Tout d’abord, le black bloc est une technique de manifestation qui consiste à manifester entièrement vêtu de noir et le visage masqué.

Un black bloc est un regroupement éphémère d’individus qui se définissent majoritairement comme anarchistes. On parle alors d’un black bloc réunissant (par exemple) 5000 personnes et non 5000 black blocs.

Un black bloc n’a pas de chef et n’a pas de membres. Chacun manifeste selon son envie, mais la solidarité entre les participants est très présente.

La première fonction d’un black bloc est d’exprimer une présence anarchiste et une critique radicale au cœur d’une manifestation. Il offre aussi la possibilité à des militants de mener des actions directes car cette masse dans laquelle ils se fondent leur assure une solidarité politique et protège leur anonymat, ce qui rend d’autant plus difficile pour les policiers de cibler et d’arrêter un individu en particulier.

Si le fait que les black blocs sont de sensibilité anarchiste, ce n’est pas en raison de leur potentiel violent, mais mais bien plutôt parce qu’ils fonctionnent de façon égalitaire et libertaire ; en d’autres mots, leur structure et leur processus de prise de décision sont non autoritaires et non hiérarchiques.

Les participants à un black bloc ne sont pas tous violents, certes certains affronteront la police, dégraderont le mobilier urbain et/ou des symboles du capitalisme, d’autres choisiront de former une équipe d’infirmiers au sein du black bloc, ou de reconnaître le terrain, feront de la liaison…

A l’inverse, bon nombre de manifestations antimondialisation ont dégénérées et ou les casseurs n’avaient aucune affiliation à un parti ou à un mouvement et n’étaient pas vêtus de noir.

Les origines des black blocs

Les black blocs sont apparus à Berlin Ouest pendant l’hiver de 1980 alors que les policiers vidaient brutalement des squats de militants du mouvement autonome. Décidés à défendre leur logement, ces militants formeront les premiers black blocs qui affronteront les policiers dans de violents combats de rue. A l’époque l’expression lancée par la police allemande était Schwarzer Block. Le terme black bloc apparait en 1991 aux Etats-Unis lors de manifestations de personnes vêtues de noir contre la guerre en Irak.

Le 30 novembre 1999, lors de la « Bataille de Seattle » (conférence de l’OMC), les black blocs font une entrée fracassante dans le mouvement « antimondialisation » en lançant des frappes contre des succursales de banques et des magasins Gap, Levi’s, McDonald’s. Ce recours à la force si spectaculaire a permis au mouvement d’obtenir une très grande visibilité médiatique.

Les 20 et 21 juillet 2001, lors du G8 à Gênes, des affrontements d’une extrême violence opposent le black bloc et autres manifestants à la police. Ces événements prendront une tournure dramatique du fait qu’un manifestant italien a été froidement abattu par un policier.

Le 4 avril 2009, lors de la « Bataille du Rhin » au sommet de l’OTAN à Strasbourg, des affrontements violents ont opposé le black bloc aux policiers, si la violence des affrontements n’est pas extrême, le montant des dégâts est le plus élevé de toute l’histoire des black blocs : les dégâts se chiffrent à hauteur de 100 millions d’euros.

Black bloc et anarchie

Un amalgame est fait entre les anarchistes et les participants à un black bloc. La majorité des anarchistes n’ont pas recours à la violence et un black bloc n’est pas toujours violent.

Le terme « anarchie » est par ailleurs utilisé par les médias et les gouvernements pour qualifier une émeute, un désordre social, or l’anarchie n’est pas une émeute, l’anarchie désigne une société où il n’existe aucune autorité, aucune loi, aucun chef : c’est une société autogérée. Le terme exact pour définir une situation sans autorité ni lois où les différends se règlent par la seule violence physique (armée ou non) est l’anomie.

Pour les médias, le phénomène Black Bloc serait l’expression d’un « anarchisme » réduit à une pulsion irrationnelle qui pousse des « jeunes casseurs » à la violence et au chaos. Cette charge critique contre les Black Blocs brouille la pensée et a elle-même des répercussions politiques négatives pour l’ensemble du mouvement.

Au travers des médias, la population a une vision complètement erronée du mouvement et de ce fait, celui-ci est dénoncé en masse.

Avec cette présentation des black blocs, que peut-on dire sur les évènements de Strasbourg ?

Un black bloc réunissant environ 2000 personnes s’est formé pour dénoncer les pratiques policières et autoritaires des gouvernements, de nombreuses destructions ont été causés par ce black bloc.

Alors que les médias parlaient de 2000 black blocs qui étaient des anarchistes-casseurs ultraviolents.

L’incendie de l’hôtel Ibis est controversé.

Selon la police, les black blocs ont saccagé le rez-de-chaussée de l’hôtel, ils auraient sorti le mobilier présent et l’aurait incendié au milieu de la route et aurait alors incendié l’hôtel en lui même.

Version contestée par plusieurs dizaines de témoins. Selon ces derniers, des personnes du black bloc ont bien saccagé le rez-de-chaussée, ont bien sorti et incendié le mobilier au milieu de la route, mais l’incendie de l’hôtel a été provoqué par le tir de grenades lacrymogènes dans l’hôtel depuis un hélicoptère de la police. On le voit très clairement sur les différentes vidéos circulant sur le web, la police tire des lacrymogènes, le feu n’a pas encore démarré. Il interviendra après les tirs.

Il semblerait donc que les participants au black bloc ne soit pas responsables de l’incendie de cet hôtel.

En espérant que ce dossier sur le black bloc vous a appris qui sont réellement ses manifestants vêtus de noir. En tout cas, il vous offre un point de vue impartial.

Bon, c’est quoi un black bloc ?

S’il suscite beaucoup de fantasmes, le terme « black bloc » ne désigne en réalité qu’une méthode de manifestation mise au point par des militants de la gauche radicale et insurrectionnelle. Pendant les défilés auxquels ils participent, ces individus – d’abord dispersés dans le cortège – se vêtent de noir, se masquent le visage, puis se réunissent pour créer « une sorte d’énorme drapeau noir, tissé d’êtres humains », explique le politologue Francis Dupuis-Déri, auteur d’un livre remarqué sur le sujet, Les Black blocs : la liberté et l’égalité se manifestent (Lux, 2019). « Ils forment ainsi un bloc compact permettant à chacun de préserver son anonymat. »

Il n’y a pas un seul black bloc, mais des black blocs, qui se forment à un instant T dans des manifestations puis qui se dissolvent avec elles. Francis Dupuis-Déri, politologue à franceinfo.

Les participants défilent alors derrière des banderoles aux slogans anticapitalistes ou anti-Etat. « Certains renforcent leurs banderoles avec des plaques de bois, ce qui nous permet de nous protéger des tirs de LBD et des coups de matraque », explique à franceinfo Isidore*, un militant anarcho-communiste de l’ouest de la France. Cette configuration permet aussi « d’éviter la fragmentation du bloc », indique une note du Centre de recherche de l’école des officiers de la gendarmerie nationale (CREOGN), ajoutant que, dans ce contexte, « l’interpellation d’un individu est rendue difficile voire impossible ».
D’où vient ce type de manifestation ?

Sortons les livres d’histoire. Ce type de manifestation est né en Allemagne, au tout début des années 1980. Le Mur est toujours debout et, à Berlin-Ouest, des militants autonomes ont investi des squats. Quand les autorités tentent d’évacuer ces lieux, certains occupants creusent des tranchées, volent des bulldozers pour dresser des barricades et n’hésitent pas à en découdre avec la police. Pour ne pas être identifiés, les squatteurs manifestent en groupe, vêtus de noir et le visage dissimulé par un masque. Lors des procès, les juges parlent de « Schwarzer Block », « black bloc » en allemand.

Cette « tactique » se diffuse au sein du milieu anarcho-punk, via la musique et les fanzines. De petits black blocs apparaissent alors ponctuellement aux Etats-Unis et au Canada, jusqu’à un sommet de l’OMC à Seattle, en 1999. Les militants altermondialistes, qui tentent de bloquer le centre des congrès où se tient l’évènement, sont aspergés de gaz lacrymogène par la police. En réponse, un black bloc constitué de plusieurs centaines de manifestants affronte les forces de l’ordre et fracasse les vitrines des banques et des multinationales de la ville. Les images, spectaculaires, font le tour du monde. Les chaînes de télévision baptisent l’évènement « la bataille de Seattle » et évoquent des « saccages anarchistes ».

Mais pourquoi ils cassent tout ?

Manifestations des « gilets jaunes », mobilisations d’agriculteurs, blocages de lycées… En France, il n’est pas rare que les mouvements sociaux occasionnent de la « casse ». Mais les participants aux black blocs ont la particularité de revendiquer la violence et de la placer au centre de leur action. « Ils se mettent en scène et essaient d’adopter l’image que les médias et les autorités donnent d’eux : celle de l’ennemi public numéro 1, analyse Francis Dupuis-Déri. Avec le black bloc, la cible est le message. »

« On s’en prend à ce que l’on considère comme des outils de l’oppression capitaliste : les banques, les assurances, les panneaux de publicité, les enseignes de multinationales », nous énumère Isidore*. « Nous attaquons des emblèmes, des entités matérielles et non des individus (…) Ces actions replacent l’humain comme valeur fondamentale face aux objets tant adulés par le capitalisme », peut-on lire sur un texte de revendication retrouvé sur le McDonald’s saccagé lors du 1er-Mai.

« La tradition, chez les participants au black bloc, c’est ‘on attaque le matériel, on ne fait pas de victimes' », explique Sylvain Boulouque, historien spécialiste de l’anarchisme. Pourtant, deux épisodes récents semblent déroger à cette règle : les vitres brisées de l’hôpital Necker pour enfants pendant les manifestations contre la loi Travail à Paris et l’incendie d’une banque située dans un immeuble d’habitation, le 16 mars dernier, toujours à Paris. « C’est quelque chose que l’on ne voyait pas avant, remarque l’historien. Peut-être le fait de jeunes manifestants encore peu aguerris aux pratiques du black bloc. Cela montre en tout cas que le mouvement n’est pas uniforme. »

J’ai eu la flemme de tout lire, vous me faites un résumé ?

Le black bloc n’est pas un courant politique mais une manière de manifester. En France, on a pu observer des black blocs pendant des manifestations de « gilets jaunes » à Paris, Bordeaux, Toulouse ou Nantes, donnant lieu à des scènes de guérilla urbaine. Chaque fois, une multitude de militants issus de la gauche radicale et insurrectionnelle, vêtus de noir pour rester anonymes, se réunissent derrière des banderoles aux slogans anticapitalistes et anti-Etat. Une tactique née en Allemagne dans les années 1980 et utilisée pour affronter la police, considérée comme le bras armé d’un Etat autoritaire, et détruire les vitrines des banques et les panneaux publicitaires, symboles à leurs yeux de l’oppression capitaliste.

Ces violences ont atteint un niveau inédit lors du 18e samedi de mobilisation des « gilets jaunes », le 16 mars, avec l’incendie d’une banque et du Fouquet’s. Sur les réseaux sociaux, certains appellent à de nouveaux épisodes insurrectionnels, notamment le 1er-Mai. De quoi inquiéter le gouvernement, qui a fustigé « l’immense complaisance » des « gilets jaunes » vis-à-vis des black blocs.
Source(franceinfo et montagne verte).

David SCHMIDT

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