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Égypte : Peine de mort pour les accusés des Frères musulmans

Un tribunal égyptien confirme la peine de mort pour les accusés des Frères musulmans

Les proches d’un membre des Frères musulmans dont la peine de mort a été confirmée ont réagi samedi devant un tribunal de Minya.


LE CAIRE – Un tribunal égyptien a confirmé samedi les condamnations à mort du chef des Frères musulmans et de 182 partisans dans un procès de masse des islamistes qui ont gouverné l’Égypte pendant un an mais font face à une répression féroce sous le nouveau président, Abdel Fattah el-Sisi.

Le chef de la confrérie, Mohamed Badie, et d’autres accusés ont été inculpés dans le cadre des violences qui ont éclaté dans la ville de Minya, dans le sud du pays, après l’éviction par l’armée du président Mohamed Morsi, un chef de la confrérie, en juillet dernier. Un policier a été tué lors de ces violences.

La décision du tribunal est intervenue deux mois après que le tribunal eut renvoyé l’affaire contre M. Badie, chef spirituel de la confrérie désormais interdite, et 682 autres accusés devant une haute autorité religieuse, première étape vers l’imposition de la peine de mort. Ces condamnations préliminaires ont suscité l’indignation des gouvernements occidentaux et des groupes de défense des droits, les États-Unis et l’Union européenne se déclarant tous deux consternés par ces décisions.

Depuis le renversement de M. Morsi, qui a été suivi de manifestations de ses partisans, des centaines de manifestants islamistes ont été tués et des milliers emprisonnés dans le cadre de la répression menée par les forces de sécurité. Cinq cents membres de l’armée et de la police ont également été tués.

M. Sisi, l’ancien chef militaire qui a remporté l’élection présidentielle le mois dernier, a déclaré avant le vote que la confrérie était finie et qu’elle n’existerait pas sous son règne.

Amnesty International a décrit ces verdicts comme « le dernier exemple en date de la tentative du système judiciaire égyptien d’écraser la dissidence ».

La confrérie, dont les membres sont soit en prison, soit en fuite, n’a pas réagi immédiatement à ce jugement. La Confrérie est le groupe politique le plus ancien, le plus organisé et le plus prospère d’Égypte.

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À l’extérieur de l’enceinte du tribunal de Minya, environ 200 personnes, pour la plupart des proches des accusés qui ont été libérés, se sont rassemblées pour célébrer le jugement. « Vive la justice, vive Sisi », ont-ils scandé.

Sur un total de 683 accusés, environ 100 sont en détention et les autres ont été jugés par contumace. Quatre ont été emprisonnés à vie tandis que 496 ont été acquittés, selon des sources judiciaires. Tous les verdicts peuvent faire l’objet d’un appel devant une juridiction supérieure.

« Ces jugements sont une farce continue », a déclaré samedi Gamal Eid, éminent avocat et militant égyptien des droits de l’homme. « Et l’État insiste toujours sur le fait que le système judiciaire est indépendant. Je ne sais pas comment on peut croire cela quand on voit des jugements comme celui-là. C’est contraire à la logique et au bon sens. C’est une blague. »

Les États-Unis ont déclaré qu’il serait inadmissible que l’Égypte procède à des condamnations à mort massives contre la confrérie, et que les actions du gouvernement auraient des conséquences sur la reprise de l’aide militaire américaine suspendue.

Le secrétaire d’État John Kerry, qui doit effectuer une tournée au Moyen-Orient cette semaine, devrait effectuer une brève visite en Égypte dimanche, selon les médias égyptiens locaux.

L’Égypte, le plus grand pays arabe, a été l’un des principaux bénéficiaires de l’aide militaire et économique des États-Unis depuis son traité de paix de 1979 avec Israël. Une partie de cette aide a été suspendue après le renversement de M. Morsi, dernière étape d’une lutte vieille de plusieurs décennies entre les autorités égyptiennes et le mouvement islamiste.

M. Badie, 70 ans, a été emprisonné pour la première fois sous le président Gamal Abdel Nasser, il y a près de 50 ans.

Le même tribunal qui a condamné M. Badie samedi avait déjà confirmé les condamnations à mort de 37 partisans des Frères musulmans dans des jugements qui faisaient partie d’un jugement final sur 528 partisans des Frères musulmans qui avaient été initialement condamnés à mort.

Dans une affaire distincte, un tribunal du Caire a renvoyé jeudi M. Badie et 13 partisans de la confrérie devant le Mufti, une haute autorité religieuse, pour des accusations de meurtre et de possession d’armes à feu liées aux affrontements survenus lors des manifestations de juillet dernier. M. Badie et d’autres hauts responsables de la confrérie, dont M. Morsi, sont jugés dans d’autres affaires.

La répression du gouvernement contre la confrérie et les manifestations en général n’a pas éteint toute dissidence publique. Samedi, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur des dizaines de militants, laïques pour la plupart, qui s’étaient rassemblés contre la législation anti-manifestation près du palais présidentiel au Caire, selon des témoins.

Elle a ensuite arrêté 25 personnes, dont sept journalistes, selon un responsable de la sécurité. En novembre, l’Égypte a promulgué une loi interdisant les manifestations sans autorisation de la police. De nombreux militants libéraux et islamistes ont été arrêtés au cours des derniers mois pour avoir manifesté sans autorisation.

David SCHMIDT

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