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Iran : Des parents plaident pour l’annulation de la condamnation à mort de leurs enfants

Au moins 26 personnes risquent d'être exécutées en raison des manifestations.

PARIS : Les parents d’un jeune homme qui, selon une association de défense des droits de l’homme, risque d’être exécuté de manière imminente en raison de sa participation au mouvement de protestation en Iran, ont diffusé une vidéo dans laquelle ils demandent à la justice d’épargner la vie de leur fils.

Leur appel en faveur de la vie de Mehdi Mohammad Karami intervient alors qu’Amnesty International signale qu’au moins 26 personnes risquent d’être exécutées en raison des manifestations, le plus grand défi lancé aux autorités depuis la révolution islamique de 1979 en Iran.

L’Iran a suscité l’indignation mondiale en exécutant deux manifestants au début du mois.

La République islamique a annoncé 11 condamnations à mort en rapport avec les manifestations, qu’elle qualifie d'”émeutes” et impute aux “ennemis étrangers” de l’Occident. Les autorités ont prononcé ces condamnations à la peine capitale à la suite de violences parfois mortelles, notamment contre des membres des forces de sécurité.
Les groupes de défense des droits affirment que les procédures judiciaires ont été précipitées. Ils craignent que les détenus aient été torturés et forcés à faire des aveux.

“Je suis Mashallah Karami, père de Mohammad Mehdi Karami”, a déclaré le père dans la vidéo diffusée sur les médias sociaux, assis les jambes croisées sur un tapis et flanqué de sa femme.

Il a décrit son fils comme un “champion de karaté” qui avait remporté des compétitions nationales et était membre de l’équipe nationale.

“Je demande respectueusement au pouvoir judiciaire, je vous en prie, je vous demande (…) de retirer la peine de mort du dossier de mon fils”.

Sa femme, les bras croisés comme si elle berçait un bébé, prend alors la parole pour demander également l’annulation de la peine de mort. Selon Amnesty, Karami est l’une des cinq personnes condamnées à mort pour l’agression mortelle d’un membre de la milice Basij lors d’une cérémonie funéraire pour un manifestant dans la ville de Karaj, près de Téhéran.

Il a déclaré qu’il avait été condamné moins d’une semaine “après le début d’un procès collectif inéquitable et accéléré qui ne ressemblait en rien à une véritable procédure judiciaire”.

Mashallah Karami avait déclaré aux médias iraniens qu’un avocat de la famille n’avait pas été autorisé à accéder au dossier de son fils, et qu’un avocat désigné par le tribunal n’avait pas répondu aux appels répétés de la famille. L’âge de Karami n’a pas été communiqué, mais des informations diffusées sur les réseaux sociaux pro-protestations laissent entendre qu’il serait âgé d’une vingtaine d’années, comme les deux hommes déjà exécutés. Selon ces médias sociaux, le père de Karami a appris la condamnation à mort par un appel téléphonique de son fils, qui avait demandé que sa mère ne soit pas informée. Des groupes de défense des droits ont accusé l’Iran d’utiliser la peine de mort comme une arme pour intimider la population et réprimer les manifestations qui ont éclaté il y a trois mois à la suite de la mort en détention de Mahsa Amini.

Elle avait été arrêtée par la police des mœurs pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire féminin très strict en vigueur dans le pays. L’Iran a déclenché une vague de répression, arrêtant environ 14 000 personnes, selon les Nations unies, et tuant 469 manifestants, selon l’organisation Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège. Début décembre, le principal organe de sécurité du pays a donné un bilan de plus de 200 personnes tuées, dont des agents de sécurité.

Les deux journalistes iraniennes Niloufar Hamedi et Elahe Mohammadi, qui ont contribué à révéler l’affaire Amini en se rendant respectivement à l’hôpital et à ses funérailles, sont détenues depuis septembre. Les deux femmes ont été transférées de la prison d’Evin, à Téhéran, à la prison de Qarchak, en dehors de la capitale, où les conditions de détention ont régulièrement suscité l’inquiétude des défenseurs des droits de l’homme, ont annoncé leurs familles ce week-end.

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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