Site icon David SCHMIDT

La drogue du violeur sévit à nouveau

Une drogue immobilisant toutes les facultés motrices

Au-delà des soirées étudiantes, les témoignages se multiplient partout en France. Juliette témoigne en avoir déjà ressenti les effets, à savoir une sorte de paralysie et plusieurs flashs « J’ai des flashs de personne autour de moi mais j’étais incapable de les repousser, incapable de parler, et à la fin j’ai fini incapable de marcher ou d’envoyer un sms « , explique la jeune étudiante montpelliéraine. Parmi les victimes, beaucoup craignent de ne pas être prises au sérieux par les forces de l’ordre, et se rabattent sur les réseaux sociaux comme terrain de prévention.

Une expérience traumatisante

Le GHB (gamma-hydroxybutyrate), aussi appelé « drogue du violeur », est inodore, incolore, et n’altère pas le goût de la boisson.

« Ce qui est particulier avec le GHB, c’est qu’il joue sur la mémoire. Donc la victime va être somnolente. C’est un produit qui va détendre, un peu comme l’alcool. Elle ne va pas enregistrer ce qui se passe », explique à France 3 la docteure Laurence Vasse, médecin addictologue à La Rochelle. Le produit agit en 15 minutes et les effets durent environ une heure. Les victimes ont du mal à démontrer qu’elles ont été droguées, car le GHB disparaît de l’organisme au bout d’une douzaine d’heures.

« L’usage de GHB peut entraîner des soumissions chimiques, et des personnes peuvent être amenées à réaliser des choses qu’elles n’auraient pas consenties sans la substance », note le psychiatre et addictologue Jean-Michel Delile, également sur France 3.
Par ailleurs, pour des fins médicales, la substance est utilisée dans le traitement de l’insomnie et pour la prévention du syndrome de sevrage chez les alcoolodépendants.

Agressions sexuelles dans des bars à Bruxelles

Début octobre, la police bruxelloise a ouvert une enquête concernant deux bars situés à Ixelles, quartier étudiant et festif, suite à plusieurs plaintes de femmes qui disent avoir été droguées potentiellement avec du GHB puis agressées sexuellement. Pour l’instant, le principal suspect est l’un des serveurs de ces établissements.
La plupart de ces témoignages font état de malaises, de pertes de connaissance, de black-out rapidement après avoir bu un ou plusieurs verres, relate la RTBF.

« Peu de temps après mon arrivée au El café (l’un des établissements incriminés), black-out. Je me suis retrouvée dans la voiture d’un monsieur d’une trentaine d’années. Le lendemain matin, je me suis réveillée sans savoir réellement comment j’étais rentrée chez moi. Je n’avais plus mon téléphone qui avait sans doute été volé pour la énième fois au El café », raconte l’une des victimes, Annick, sur la chaine bruxelloise BX1.be.

Des témoignages d’agressions sexuelles et de viols ont récemment afflué sur les réseaux sociaux. Le 14 octobre, 1.300 personnes ont participé à une manifestation à Ixelles en soutien aux victimes d’agressions sexuelles.

La déferlante des témoignages

En raison de l’augmentation des cas d’intoxication présumée au GHB, certaines femmes changent leurs habitudes lorsqu’elles sortent en soirée. Elles gardent tout le temps leur verre à la main, gardent leur main au-dessus de celui-ci lorsqu’un inconnu s’approche, refusent les boissons qu’on leur offre, vérifient ce que le barman fait lors du service, écrit Valeurs actuelles. Le problème est pris au sérieux par certaines municipalités, en particulier par les villes où il y a beaucoup d’étudiants. Par exemple, à Nancy, la mairie a décidé de rassembler les professionnels de la nuit (bars, discothèques, festivals) et les forces de l’ordre pour réfléchir à des actions d’ici la fin de l’année, rapporte France 3.

Le GHB, drogue du violeur à Nancy

Des jeunes femmes affirment avoir été victimes de GHB, la drogue du violeur, dans des discothèques et bars de Nancy. Qu’en est-il vraiment ? On a enquêté.
Des premiers témoignages sur les réseaux sociaux

Tout débute en août dernier. Les bars et les discothèques retrouvent peu à peu leurs clients après des mois de fermeture. A Metz et Nancy, des jeunes femmes mais aussi des hommes assurent avoir été drogués au GHB. Dans des groupes Facebook d’étudiants, les messages de mises en garde se multiplient en plein cœur de l’été.

Les 16 et 17 septembre dernier, deux tweets remettent le sujet en lumière. Deux jeunes femmes affirment, cette fois sur Twitter, que leur soirée a dérapé ou aurait pu mal tourner à cause de drogues ajoutées dans leurs verres. Leurs témoignages vont être partagés des milliers de fois.

« J’ai été droguée par des inconnus »

Selon le témoignage de Marie (le prénom a été modifié par nos soins), que nous avons pu recueillir, elle et ses deux amies étudiantes ont passé un premier moment en discothèque, aux Caves, sur la place Stanislas de Nancy. Juste après, elles se sont rendues à La Place où elles ont rencontré deux inconnus qui les ont fait entrer dans l’établissement.

Selon leur récit, elles ont accepté un verre d’alcool. Après « deux verres », le cauchemar va débuter pour Marie. « J’en bois seulement deux, et ensuite c’est le trou noir », dit-elle à Lorraine Actu. Une version qu’elle a par ailleurs donné à la police lors de son dépôt de plainte, dans le procès-verbal que nous avons pu consulter.

C’est le trou noir. Je me vois vomir, prise de panique. Je me souviens être sortie de la boite de nuit. Ce sont mes amies qui me permettent de reconstituer le déroulé de la soirée. Ces deux hommes, ils sont repartis dans le carré VIP, ils n’ont pas souhaité nous draguer lourdement ou aller plus loin. On a prévenu l’employée au bar et le videur (…) mais on avait l’air de les déranger. On nous a dit : « Mais que voulez-vous qu’on fasse de plus ? »

Le cas de Nancy n’est pas isolé

La cité ducale n’est pas la seule à connaître ce phénomène d’inquiétude autour du GHB depuis la rentrée. A Montpellier, qui est également une grande ville étudiante, les témoignages se multiplient.

Selon l’Agem, l’Association générale des étudiants montpelliérains, l’usage du GHB, la « drogue du violeur », explose, dans les bars et les discothèques de la capitale héraultaise, à en croire un article de 20 Minutes ce 1er octobre. A tel point que des établissements vont renforcer leur sécurité.

A Rouen, une publication sur les réseaux sociaux a provoqué des sueurs froides dans le milieu festif. Elle évoquait la circulation de GHB dans les discothèques de la ville et des femmes hospitalisées. Le CHRU a démenti et la police nationale, interrogée par nos confrères de 76actu, a indiqué qu’il n’y a pas de phénomène connu.

« Il y a deux ans, il y a eu une recrudescence du phénomène de GHB en région parisienne », se souvient la Dr Christine Tournoud, qui travaille au centre antipoison et de Toxicovigilance du CHRU de Nancy.
Des plaintes déposées et des enquêtes difficiles

L’inquiétude autour du GHB s’est aussi emparée de la police nationale. La directrice de la police nationale de Meurthe-et-Moselle, Lætitia Philippon, s’est exprimée sur le sujet, lundi, lors d’un conseil municipal devant le maire et les élus. Le sujet est en effet devenu politique depuis la publication de témoignages…

Jeune femme droguée puis violée à Toulouse

Aux assises, à Toulouse, deux hommes ont été condamnés à 10 et 11 ans de réclusion, pour le viol d’une jeune femme, droguée durant une soirée festive.

« Un cas inédit »

Lorsqu’elle émerge, le lendemain matin, elle se trouve dans un lit avec deux hommes qu’elle ne connaît pas. Des flashes lui reviennent. Elle a été violée. Mais Amandine en est certaine : elle a aussi été droguée. Elle file déposer plainte à la gendarmerie. « Aucune analyse toxicologique n’a malheureusement été ordonnée, constate son avocate, Me Caroline Schneider-Boyer, du barreau de Toulouse. Et les effets de drogues de type GHB sont très limités dans le temps« .

Dans ce dossier, jugé à huis-clos devant les assises de la Haute-Garonne, les deux hommes viennent d’être condamnés pour ce viol (et un autre), à 10 et 11 ans de réclusion criminelle.

Mais il est avéré que… ce ne sont pas eux qui ont drogué la jeune femme… En effet, une main inconnue a ajouté à son verre et à ceux de ses amis, une substance qui a effacé leur mémoire durant plusieurs heures ce soir-là. Et ces deux hommes en ont profité. « C’est un cas inédit », confie l’avocate.

Un produit éliminé en douze heures maximum

Pourtant le temps joue contre les victimes et les enquêteurs. Pour ne parler que du GHB (gamma-hydroxyburiate, ndlr), baptisée « drogue du violeur » pour sa propension à annihiler toute résistance chez celle ou celui qui l’ingère, il disparaît très vite de l’organisme.

Après absorption, le GHB n’est détectable que douze heures dans les urines et seulement six heures dans le sang. Pour qu’il le soit dans le cadre d’une analyse, il faudrait que l’échantillon d’urine ou de sang soit prélevé dans les quelques heures suivant la consommation.

David SCHMIDT

Quitter la version mobile