Un impressionnant gouffre est apparu au sud-ouest du Kenya, à la suite de fortes précipitations.
Les scientifiques y voient une nouvelle marque d’une rupture progressive du continent africain.
Une activité fréquente, témoin de changements profonds
« La Terre est une planète en constante évolution, même si sous certains aspects, les changements qui l’animent nous semblent presque invisibles », écrit sur le site The Conversation, la chercheuse Lucia Perez Diaz du Royal Holloway à la University of London. « Mais de temps à autres, un événement spectaculaire se produit et amène les chercheurs à poser à nouveau la question de la séparation en deux du continent africain ».
Quand la planète s’offre un rifting
« Lorsque la lithosphère est soumise à une force d’extension horizontale, elle s’étire et devient plus fine. Elle finira par se fracturer, menant à la formation d’une vallée du rift », poursuit la spécialiste. Ce processus s’accompagne d’une activité volcanique et sismique plus marquée et s’il se poursuit avec succès, peut mener à la formation d’un nouveau bassin océanique.
C’est ce qu’il s’est produit il y a environ 138 millions d’années lorsque l’Afrique et l’Amérique se sont séparées pour donner naissance à l’océan Atlantique. Et c’est ce qu’il se produit actuellement au niveau de la vallée du grand rift, un ensemble géologique s’étendant sur près de 3.000 kilomètres entre le Proche-Orient et l’Afrique australe. Cette vallée du rift coupe en deux la corne africaine à l’est, donnant d’un côté la plaque nubienne et de l’autre la plaque somalienne.
Une Afrique multiple est en chemin
Débuté il y a environ 20 millions d’années, au Miocène, ce rifting (déchirure de la lithosphère) pourrait bien, dans les prochains millions d’années, mener à une individualisation et une océanisation de la plaque somalienne. En somme, l’Afrique pourrait bien être divisée en deux. Cette activité géologique « est devenue visible lorsque cette large faille est apparue au sud-ouest du Kenya », affirme Perez Diaz.
La fragilisation de la lithosphère de la vallée du grand rift est provoquée par un panache au niveau de l’asthénosphère, la couche située sous la lithosphère. Ce renflement de magma presse contre cette dernière et cette pression, combinée à une augmentation de chaleur, affaiblit la lithosphère, l’étire, et mènera à terme à sa fracture.
A l’heure actuelle, difficile de dire si la fissure apparue au Kenya est le résultat direct de ce système de rift. Elle pourrait également être liée à l’activité volcanique de la région, qui découle elle-même du processus de rifting. Quoi qu’il en soit, pas de raison de s’alarmer : la rupture de l’Afrique n’est prévue que dans quelques dizaines de millions d’années. Vous disposez donc d’un peu d’avance pour prendre vos dispositions.
Un nouveau continent dans 50 millions d’années
« Les scientifiques savent depuis plusieurs années déjà que la plaque tectonique africaine se sépare de la plaque somalienne au niveau de la vallée du grand Rift, un phénomène géologique qui s’étend de la mer Rouge au Zambèze, sur plus de 6 000 km et 40 à 60 km de largeur », confirme David Adede, un géologue cité par le journal britannique, The Independent.
Quatre pays de la Corne d’Afrique – la Somalie, la moitié de l’Éthiopie, du Kenya et de la Tanzanie – devraient ainsi se séparer de l’Afrique pour former un nouveau continent dans environ 50 millions d’années. Un nouvel océan apparaîtra et séparera les deux rives. C’est en tout cas ce qu’ont toujours prévu les géologues.
(Source : The Independent, ouest-france)