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L’épuisement des ressources naturelles

Vous l’avez sans doute remarqué : nos écrans tactiles ne poussent pas dans les arbres.

Pourtant à la vitesse à laquelle nous consommons des ressources naturelles, on aurait bien besoin d’une telle innovation miracle. Car pendant que vous lisez cet article sur un smartphone, une tablette, ou que vous esquissez un sourire narquois face à votre ordinateur, quelque part dans une mine, un petit morceau de notre avenir technologique s’effrite… littéralement. Quand c’est pas un petit garçon qui meurt pour extraire cette ressource … Bref, je voudrai bien vous parler de l’esclavage moderne, mais ici on va parler de la fin des temps … ou des matières !

L’ère de la grande disparition des matières premières.

Les ressources en matières premières : l’illusion de l’inépuisable

On pourrait croire que les matières premières, tout comme les énergies fossiles sont là pour rester. Mais détrompez-vous ! Nos précieux métaux, indispensables à l’industrie électronique, ne sont pas éternels. L’industrie des technologies de l’information et de la communication (TIC) est particulièrement gourmande : métaux rares, eau, énergie, tout y passe. Les gadgets que nous aimons tant consomment beaucoup plus que ce que nous réalisons.

Et bien sûr à force de tirer sur la corde on commence à voir des fissures. Même si les études divergent sur les dates exactes de l’épuisement des ressources, une chose est claire : les gisements les plus accessibles sont déjà épuisés. Oui, on creuse plus profond, on innove, mais on attaque déjà les fonds de tiroir. Et pour ceux qui croient encore à des réserves infinies, qu’ils se rassurent, même les plus optimistes scientifiques tirent la sonnette d’alarme.

Les stars de la disparition rapide:

Ceux qui sont en train de plier bagage, plutôt rapidement.

L’indium (In), par exemple. Vous ne le connaissez probablement pas, mais lui connaît bien votre téléphone et votre télé. Indispensable à la fabrication des écrans LCD et tactiles, il pourrait bien nous dire « bye-bye » d’ici quelques années. Imaginez : plus d’écran tactile ! On reviendrait aux claviers durs comme au Moyen Âge de la tech… On se met déjà à trembler à l’idée.

Pas loin derrière le gallium (Ga), ce petit truc présent dans les LEDs d’affichage, dans vos télécommandes et lecteurs Blu-ray. Avec son départ en retraite imminent, dites adieu à ces LED ultra-économes qui éclairent vos soirées. On rallumera peut-être les bougies, ce qui fera de super selfies… si votre appareil fonctionne encore.

Comment ne pas mentionner le germanium (Ge). On l’oublie souvent mais il est vital pour votre Wifi, c’est lui qui fait que vous ne perdez pas patience à chaque chargement de page. À sa disparition, il deviendra une religion.

Puis il y a l’illustre antimoine (Sb). Lui, c’est un polyvalent de l’électronique : on le retrouve dans les processeurs, les accumulateurs, même dans des matières plastiques anti-flammes. Imaginez, avec lui en moins, nos gadgets brûleraient peut-être plus vite que la planète. il est l’élément chimique de numéro atomique 51.

On pourrait continuer la liste mais je préfère terminer cette catégorie avec un petit clin d’œil au hafnium (Hf), ce discret acteur des processeurs qui a déjà entamé ses adieux en 2018. Depuis, on vit avec une dette envers lui. Il en est presque émouvant.

Les victimes de l’industrie électronique

L’or (Au).  Le roi des métaux n’est pas épargné. Mais ne pleurez pas trop vite : tant que les chaînes de luxe existent, l’or continuera à briller au cou des influenceurs. Par contre, du côté de nos gadgets, ça commence à coincer. On l’utilise partout : dans les contacts électroniques pour sa conductivité et pas juste pour faire joli.

L’argent (Ag) aussi est dans la ligne de mire. Et là encore, l’électronique souffre tout comme nos interrupteurs, conducteurs et contacts. Peut-être que les téléphones du futur se passeront de tout ça, mais attendez-vous à devoir allumer votre lampe avec une pierre à feu d’ici là. On estime l’exploitation de 15 à 20 ans pour l’Argent.

Même l’étain (Sn) est en danger. Depuis que le plomb a été banni pour sa toxicité, c’est lui qui a pris la relève dans les soudures électroniques. Plus d’étain et c’est toute notre technologie moderne qui risque de s’effondrer… ou de fonctionner à moitié, ce qui est peut-être encore pire.

Pour ceux qui espèrent encore que la fin du monde arrivera après leur passage, quelques autres matières nous laissent un peu plus de répit. Le cuivre (Cu), par exemple, présent partout dans les câbles électriques et électroniques, pourrait tenir entre 50 et 100 ans. On pourrait presque dire qu’on a le temps. Mais bon, si votre wifi disparaît à cause du germanium avant ça, on en reparlera.

L’uranium (U), quant à lui, est le carburant nucléaire de nos centrales. Si jamais il venait à manquer, il va falloir sérieusement envisager de réduire notre consommation énergétique. Pas le choix, on éteindra peut-être les lumières plus tôt qu’on ne le pense.

Et puis il y a le nickel (Ni) et le cadmium (Cd), présents dans vos bonnes vieilles batteries. Leur disparition marquerait la fin des gadgets portables qui s’éteindraient pour de bon (sans possibilité de recharge cette fois-ci). Une bonne nouvelle pour l’environnement ? Peut-être. Mais pour votre smartphone ? Pas sûr.

Il y a enfin ceux dont la fin semble plus si lointaine à l’échelle humaine. Vous pouvez presque plus dormir sur vos deux oreilles. Voir le calendrier des épuisements annoncés

Attention, à ce rythme ces ressources-là ne tiendront pas éternellement.
Un conseil ? Profitez de votre voiture en alu avant que ce ne soit qu’un lointain souvenir.

De plus, le recyclage reste difficile à opérer, et les pertes restent importantes. Les stocks de métaux, comme tant d’autres ressources (sables, terres arables, eau potable,..) semblent donc se réduire inexorablement sans que nous ne sachions vraiment quoi faire.

Une concentration en chute libre

L’un des signes les plus visibles de cette dégringolade est la baisse continue des concentrations de métaux dans le minerai. Depuis des décennies, les teneurs en métaux comme le cuivre, l’or, le plomb, le zinc ou encore l’uranium, s’effondrent. Prenons l’exemple de l’Australie, ce géant des ressources naturelles. Une étude menée par Mudd en 2007 (ça date un peu, mais croyez-moi, la situation n’a pas exactement pris un tournant positif depuis) montre bien cette tendance à la déplétion. Entre 1840 et 2005, la qualité des minerais a chuté à un rythme inquiétant. Moins de métal pour plus d’efforts, c’est un peu le résumé de l’avenir qui nous attend.

Nous voici donc dans une sorte de conte de fées inversé où au lieu de trouver des trésors cachés, on les épuise jusqu’à la dernière goutte. Chaque jour, notre dépendance technologique nous rapproche un peu plus de ce moment fatidique où nous devrons redécouvrir la beauté du bois, du papier et des signaux de fumée.

L’exploitation minière : jusqu’au bout du trou (littéralement)

L’extraction minière, un art ancien qui consistait autrefois à creuser un peu la surface pour en sortir quelques ressources précieuses. Mais aujourd’hui, avec l’évolution technologique, l’humanité s’est lancée dans une course folle vers les profondeurs. On pourrait croire que, comme avec les croûtes des pizzas, il y aura toujours plus à gratter. Mais là encore, la réalité nous rattrape : on descend, on descend, et on n’est pas prêt de s’arrêter… sauf si le fond finit par nous dire « stop ».

Autrefois il suffisait de gratter la surface pour trouver des métaux en abondance, mais avec l’amélioration des technologies, on a creusé toujours plus profond. Aujourd’hui, les mines battent des records : la mine de Bingham Canyon (USA) atteint 1200 mètres de profondeur, et la mine d’or de Tau Tona en Afrique du Sud descend à 3900 mètres sous terre. Mais plus on creuse, moins on trouve : les concentrations de métaux deviennent si faibles que l’extraction à ces profondeurs n’est presque plus rentable.

En fait selon Bihouix & Guillebon, même si les métaux rares existent en grande quantité dans la croûte terrestre, ils sont souvent dispersés à des concentrations tellement faibles qu’il serait techniquement et économiquement impossible de les exploiter. En résumé, plus on creuse, moins on gagne. Peut-être qu’il est temps de réfléchir à d’autres solutions avant de finir par creuser notre propre tombe… au sens propre comme au figuré.

Alors la prochaine fois que vous taperez sur votre écran tactile ou que vous allumerez votre LED, ayez une petite pensée pour l’indium, le gallium, et tous les autres. Car eux, comme le dirait un mauvais téléfilm, ne reviendront pas.

L’épuisement de l’eau douce ?

La Terre va-t-elle en manquer ? Surexploitées, polluées …

L’eau douce, ce précieux liquide qu’on pensait inépuisable, un peu comme nos illusions sur la sagesse humaine. Pourtant, à force de la siphonner comme des mojitos en happy hour, la réalité est là : nos réserves d’eau douce s’évaporent. Surexploitées pour l’agriculture, polluées par nos déchets et littéralement asséchées par des canicules de plus en plus fréquentes, les sources d’eau potable sont en train de tirer la sonnette d’alarme.

Et que fait l’humanité ? Elle continue d’arroser des pelouses en plein désert et de croire que les océans sont un robinet géant qu’on pourra un jour transformer en Perrier. Spoiler : on ne pourra pas. La pénurie d’eau, autrefois lointaine, devient un scénario bien plus probable pour les prochaines décennies.

Alors la Terre va-t-elle manquer d’eau douce ? Oui, à moins qu’on ne trouve un moyen miraculeux de boire de la poussière… mais ça, c’est moins certain.

L’eau est la première victime. En effet, la roche extraite nécessite d’être nettoyée et rincée, ce qui implique l’utilisation d’une quantité d’eau astronomique, parfois au détriment des populations locales. L’eau ainsi utilisée subit une altération importante de son Ph : elle devient beaucoup plus acide.

Ah oui, le pétrole, j’allais l’oublier celui-là !

C’est un peu comme l’oxygène de notre société moderne :
sans lui, tout s’arrête.

Il fait tourner nos voitures, nos usines, nos avions, et même nos rêves de conquête spatiale. On en a tellement dépendu que l’idée de s’en passer semble presque aussi absurde que de respirer sous l’eau.

Le pétrole comme nos autres ressources n’est pas éternel.
On le pompe avec la même frénésie qu’on ouvre une bouteille de champagne un soir de Nouvel An. Et le pire, c’est que les gisements les plus faciles, ceux qui jaillissaient comme des fontaines dans le désert, sont déjà en train de s’épuiser. Alors maintenant, on va forer dans des endroits toujours plus inaccessibles, au fond des océans ou sous la glace, comme si l’espoir de trouver du pétrole valait plus que le monde lui-même.

Avec l’épuisement progressif du pétrole, on se prépare à vivre la grande gueule de bois énergétique. Certes, il y a des alternatives, mais croire qu’on passera d’un monde assoiffé de pétrole à une utopie verte en claquant des doigts, c’est un peu comme croire que les voitures électriques pousseront des arbres.

Au final tout est là : entre l’eau qui disparaît, les matières premières qui s’évanouissent et le pétrole qui s’épuise, l’humanité semble bel et bien courir, sans freins, vers sa propre fin. Mais au moins, on pourra dire qu’on a vécu vite… et que ça brûlait bien.

La morale de l’histoire ?

En regardant tout cela d’un peu plus haut (et avec une pointe de sarcasme), il est difficile de ne pas voir l’humanité comme une bande d’aventuriers aveugles, creusant joyeusement sa propre tombe avec une pelle en or… jusqu’à ce que même la pelle ne soit plus disponible.

Nous surexploitons les ressources comme si demain n’existait pas, l’eau douce s’évapore sous nos pieds, et les matières premières, celles-là mêmes qui alimentent notre obsession technologique, fondent comme neige au soleil. La fin des écrans tactiles n’est peut-être qu’un début.

L’homme dans sa quête insatiable de progrès court vers un mur. Ce n’est pas un mystère, c’est un sprint. Nous brûlons la chandelle par les deux bouts, en espérant que quelqu’un viendra inventer une nouvelle bougie. Mais cette course effrénée ne nous mène pas à un avenir radieux, mais plutôt vers une impasse où l’eau potable sera aussi rare que la sagesse, et où nos gadgets seront réduits à des souvenirs poussiéreux de l’âge d’or de la consommation.

Le calendrier des épuisements annoncés :

1980 : fin du Cryolithe,
2012 : fin du Terbium (Tb # 65),
2018 : fin du Hafnium (Hf # 72),
2021 à 2037 : fin de l’Argent (Ag # 47),
2022 : fin de l’Antimoine (Sb # 51),
2023 : fin du Palladium (Pd # 46),
2024 : fin du Chrome (Cr # 24),
2025 : fin de l’Or (Au # 79),
2025 : fin du Zinc (Zn # 30)
2025 : fin de l’Indium (In # 49)
2025 : fin du Strontium (Sr # 38),
2028 : fin de l’Étain (Sn # 50)
2030 : fin du Plomb (Pb # 82)
2030 : fin du Diamant2035 : fin de l’Hélium (He # 2)
2038 : fin du Tantale (Ta # 73)
2039 : fin du Cuivre (Cu # 29),
2040 : fin de l’Uranium (U # 92)
2040 : la fin du Cadnium (Cd # 48)
2043 : la fin du Bismuth (Bi # 83),
2047 : la fin du Bore (B # 5),
2047 : la disparition de l’Hydrogène-3 ou Tritium
2047 : La disparition du Scandium (Sc # 21)
2047 : La disparition du Germanium (Ge # 32)
2048 : la fin du Nickel (Ni # 28)
2050 : la fin du Pétrole,
2050 : la fin du Lithium (Li # 3),
2053 : la fin du Fluorite,
2055 : la fin du Zirconium (Zr # 40),
2056 : la fin du Niobium (Nb # 41)
2057 : la fin du Tungstène (W # 74)
2060 : la fin du Béryllium (Be # 4)
2061 : la fin du Mercure (Hg # 80)
2062 : la fin du Rhénium (Re # 75)
2062 : la fin du Graphite, 2064 : la fin du Platine (Pt # 78)
2065 : la fin du Manganèse (Mn # 25)
2072 : la fin du Gaz Naturel,
2087 : la fin du Fer (Fe # 26)
2110 à 2350 : la fin du Phosphore (P # 15)
2112 : la fin du Rhodium (Rh # 45)
2120 : la fin du Cobalt (Co # 27)t.
2137 : la fin du Titane (Ti # 2),
2139 : la fin de l’Aluminium (Al # 13)
2158 : la fin du Charbon

La fin de l’humanité ? Peut-être.

Au sein des pays riches les écarts sont impressionnants. Un consommateur du Qatar, d’Australie ou des
États-Unis engloutit 40 tonnes de ressources naturelles par an quand un Français, un Allemand ou un
Italien en utilise environ 15 tonnes. Ces chiffres ne reflètent la réalité que partiellement, notent les
rapporteurs de l’ONU. Mais rassurez-vous, on la vivra probablement en haute définition, jusqu’à ce que l’écran s’éteigne… pour de bon.

David SCHMIDT
Source 12345

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