Selon une étude de l’Ifop publiée le 9 décembre, 65% des lycéens français musulmans déclarent partager l’affirmation suivante : «Les normes et règles édictées par votre religion sont plus importantes que les lois de la République.»
Les croyances religieuses continuent de se confronter au cadre laïc de l’enseignement public.
D’après une étude de l’Ifop pour la Licra publiée le 9 décembre, 40 % des lycéens déclarent en effet partager l’affirmation selon laquelle «les normes et règles édictées» par leur religion sont «plus importantes que les lois de la République», contre 23% pour le reste de la population française.
Les chiffres varient grandement selon les religions – là où 33 % des étudiants catholiques se reconnaissent dans cette affirmation, les jeunes musulmans la partageraient à 65 %.
Ce clivage religieux au sein de la jeunesse française se retrouve dans le soutien plus fort que les jeunes musulmans apportent à l’idée selon laquelle leur «religion est la seule vraie religion» (65%, contre seulement 27% des catholiques). La question du droit à la critique des religions à l’école révèle le fossé existant entre les élèves musulmans et les autres sur ces sujets. En effet, alors que la majorité des lycéens (61%) soutiennent le droit des enseignants à «montrer […] des caricatures se moquant des religions afin d’illustrer les formes de liberté d’expression», seul 19% des lycéens musulmans l’approuveraient.
25 % des jeunes lycéens musulmans ne condamneraient pas totalement l’assassinat de Samuel Paty
Si 87% des lycéens «condamnent totalement» l’assassinat de Samuel Paty, la désapprobation radicale de ce meurtre fait moins l’unanimité chez les élèves musulmans : 9% d’entre eux «condamnent l’assassin, mais partagent certaines de ses motivations», alors que 9% se disent «indifférents» à son égard et 4% «ne le condamnent pas».
Au total, un quart des élèves musulmans n’exprimerait donc pas une condamnation totale de l’assassin de Samuel Paty, soit le double (25%) de ce que l’on observe en moyenne chez l’ensemble des lycéens français (13%), selon l’Ifop.
Dans leur ensemble, les différentes formes de revendication identitaire ou religieuse à l’Ecole ne sont soutenues que par une minorité de lycéens (21%). Néanmoins, certaines franges de la population lycéenne sont plus enclines que d’autres à soutenir des revendications identitaires au sein du milieu scolaire, c’est notamment le cas des élèves musulmans (49%) ainsi que ceux appartenant à une minorité ethnique (49%) ou inscrits dans un établissement classé «prioritaire» (53%). L’étude de l’Ifop a été menée sur un échantillon de 1 006 lycéens représentatifs, selon la méthode des quotas, du 15 au 20 janvier dernier.
Cette étude fait écho à une autre étude de l’Ifop publiée en janvier, et selon laquelle 53 % des professeurs déclarent que certains enseignements faisaient l’objet de contestations, soit une augmentation de 7 points depuis 2018.