Site icon David SCHMIDT

L’humanité pollue, pesticides, antibiotiques, plastiques…

Pesticides et antibiotiques polluent les cours d’eau en Europe

La faune et la santé humaine sont menacées, selon les scientifiques, il y a urgence, une « demande indéniable » de changement.

Selon une étude, les pesticides et les antibiotiques polluent les cours d’eau en Europe. Selon les scientifiques, cette contamination est dangereuse pour la faune et la flore et peut favoriser le développement de microbes résistants aux médicaments.

Plus de 100 pesticides et 21 médicaments ont été détectés dans les 29 cours d’eau analysés dans 10 pays européens, dont le Royaume-Uni. Un quart des produits chimiques identifiés sont interdits, tandis que la moitié des cours d’eau analysés contenaient au moins un pesticide dépassant les niveaux autorisés.

Les chercheurs ont déclaré que le nombre élevé de pesticides et de médicaments qu’ils ont trouvé signifiait que des mélanges complexes étaient présents, dont l’impact était inconnu. Les pesticides sont reconnus comme l’un des facteurs de l’effondrement des populations de nombreux insectes et des oiseaux qui en dépendent pour se nourrir. En 2017, il a été révélé que les insecticides polluaient les rivières anglaises.

« L’importance de nos nouveaux travaux est de démontrer la prévalence de produits chimiques biologiquement actifs dans les cours d’eau de toute l’Europe », a déclaré Paul Johnston, des laboratoires de recherche de Greenpeace à l’Université d’Exeter. « Il existe un potentiel d’effets écosystémiques ».

La recherche, publiée dans la revue Science of the Total Environment, a trouvé des herbicides, des fongicides et des insecticides, ainsi que des médicaments antimicrobiens utilisés pour le bétail. Le risque que représente la résistance aux médicaments antimicrobiens pour l’homme est bien connu, mais M. Johnston a souligné la résistance aux fongicides également. « Il y a des infections fongiques assez graves qui se développent dans les hôpitaux », a-t-il déclaré.

L’un des plus grands fabricants de pesticides au monde, Syngenta, a annoncé lundi un « changement majeur dans la stratégie mondiale », pour prendre en compte les préoccupations de la société et réduire les résidus dans l’environnement.

« Il y a une demande indéniable pour un changement dans notre industrie », a déclaré Alexandra Brand, la responsable du développement durable de Syngenta. « Nous mettrons davantage notre innovation au service de l’aide aux exploitations agricoles pour qu’elles deviennent résilientes face aux changements climatiques et mieux à même de s’adapter aux exigences des consommateurs, notamment en réduisant les émissions de carbone et en inversant l’érosion des sols et le déclin de la biodiversité. »

Un autre grand fabricant de pesticides, Bayer, a déclaré lundi qu’il rendait publiques les 107 études soumises aux régulateurs européens sur la sécurité de son herbicide controversé, le glyphosate.

« La transparence est un catalyseur de la confiance, donc plus de transparence est une bonne chose pour les consommateurs, les décideurs politiques et les entreprises », a déclaré Liam Condon, le président de Bayer Crop Science. En mars, un jury fédéral américain a estimé que l’herbicide, connu sous le nom de Roundup, était un facteur substantiel dans la cause du cancer d’un homme de Californie. (AE7D83 Application de pesticides sur du maïs doux de Floride)

L’innocuité présumée de l’utilisation des pesticides est fausse, affirme un scientifique gouvernemental de haut niveau.

Les techniques d’essai utilisées dans le cadre de cette nouvelle étude n’ont permis de détecter qu’un sous-ensemble de pesticides. Deux pesticides très courants – le glyphosate et le chlorothalonil – n’ont pas été inclus dans l’étude, ce qui signifie que les résultats représentent un niveau minimal de contamination. La recherche s’est concentrée sur les cours d’eau, car ceux-ci abritent une grande partie de la faune aquatique.

Selon les scientifiques, la détection de nombreux pesticides interdits depuis longtemps n’est pas nécessairement due à la poursuite de leur utilisation illégale, mais pourrait être le résultat de la lixiviation de substances chimiques persistantes dans les sols. L’étude a été réalisée avant que les insecticides les plus utilisés soient interdits par l’UE pour tous les usages extérieurs.

Irish Water a déclaré lundi que les niveaux de pesticides fixés par l’UE étaient dépassés dans les réserves d’eau publiques de toute l’Irlande. En Suisse, une autre nouvelle étude a révélé que les sols de 93 % des exploitations biologiques étaient contaminés par des insecticides, tout comme 80 % des zones que les agriculteurs réservent à la faune sauvage.

Des recherches ont révélé en 2013 que les insecticides dévastaient les libellules, les escargots et d’autres espèces aquatiques aux Pays-Bas. La pollution était si grave par endroits que l’eau des fossés elle-même aurait pu être utilisée comme un pesticide. Une étude menée en France en 2017 a révélé que pratiquement toutes les exploitations agricoles pourraient réduire leur utilisation de pesticides tout en produisant autant de nourriture.

Johnston a déclaré : « Les agriculteurs ne veulent pas polluer les rivières, et les compagnies des eaux ne veulent pas avoir à éliminer toute cette pollution, nous devons donc travailler à réduire la dépendance aux pesticides et aux médicaments vétérinaires par une agriculture plus durable. Il ne s’agit pas de nous opposer aux agriculteurs ou aux compagnies des eaux. »

Des scientifiques ont montré que l’humanité avait dépassé une nouvelle limite planétaire, celle de la pollution chimique. Pesticides, antibiotiques, plastiques… ces « nouvelles entités » perturbent l’équilibre de notre écosystème et pourraient le modifier à jamais si aucune mesure n’est prise. On vous explique la situation.

Alors que le One Ocean Summit s’est tenu à Brest du 9 au 11 février dernier, plusieurs engagements ont été pris pour la sauvegarde des océans. Lutter contre la surpêche et la pêche illicite, protéger la haute mer, cartographier les fonds marins, créer plus d’aires protégées, lancer une coalition pour le « carbone bleu », mais aussi en finir avec la pollution plastique.

Une promesse qui résonne particulièrement un mois après l’étude menée par des scientifiques du Stockholm Resilience Center sur la cinquième limite planétaire qui a été franchie. Publiée le 18 janvier dans la revue scientifique Environmental Science and Technology, elle nous apprend que nous avons dépassé le seuil acceptable de pollution chimique et plastique pour le maintien de nos écosystèmes.

Cinq limites planétaires sur neuf ont déjà été franchies

Ce concept de limites planétaires a été développé en 2009 par une équipe internationale pluridisciplinaire de recherche. Ils ont identifié neuf « planetary boundaries » qui régulent la stabilité de la planète et qui garantissent un environnement sûr au développement de l’humanité. Si ces seuils sont dépassés, cet équilibre est dangereusement mis à mal et les conditions de l’existence de nos sociétés ne peuvent plus être garanties.

En 2015, ils précisent ces processus biophysiques qui composent le « système Terre » et jugent que quatre d’entre eux ont d’ores et déjà été excédés : le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore, et les changements d’utilisation des sols.

Restaient alors les limites qui n’avaient pas encore été atteintes : l’acidification des océans, l’appauvrissement de la couche d’ozone, l’utilisation mondiale de l’eau douce, l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère et l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère (ou pollution chimique). C’est cette dernière, qui n’avait jusqu’alors pas été évaluée, qui sonne aujourd’hui le signal d’alarme en dépassant le seuil acceptable pour l’humanité.

Des « entités nouvelles » en constante progression

Pesticides, médicaments, métaux lourds, composés industriels, tissus synthétiques, mais aussi matières plastiques, « on estime à 350.000 le nombre de produits chimiques (ou de mélanges de produits chimiques) présents sur le marché mondial » explique l’étude. Nous avons introduit tellement de ces substances dans l’environnement que nous ne sommes plus vraiment capables de les mesurer. Et comme nous continuons à les produire en masse, il est quasi-impossible de limiter leur impact.

« L’industrie chimique est la deuxième plus grande industrie manufacturière au monde. La production mondiale a été multipliée par 50 depuis 1950 et devrait encore tripler d’ici 2050 par rapport à 2010 » lit-on dans l’article. Le plastique emprunte le même chemin puisque c’est le troisième matériau le plus produit au monde, « sa production mondiale ayant augmenté de 79 % entre 2000 et 2015 ». Elle devrait également tripler d’ici les années 50 « pour atteindre 33 milliards de tonnes » expliquent les auteur.e.s.

Agir avant qu’il ne soit trop tard

Une tendance qu’il est aujourd’hui urgent d’inverser pour espérer limiter les dégâts irréversibles sur nos écosystèmes. Les scientifiques insistent sur notre incapacité à lutter efficacement contre cette pollution plastique au vu de la quantité de déchets générés. « La masse totale des plastiques sur la planète dépasse désormais la masse de tous les mammifères vivants » expliquait la professeure Bethanie Carney Almroth.

Est-il possible de faire marche arrière ?

En très peu de temps, nous avons réussi à profondément bouleverser l’écosystème de la planète qui était resté globalement stable depuis le début de l’Holocène, il y a plus de 10.000 ans. Les différentes actions humaines l’ont dégradé et il pourrait totalement changer si ces neuf processus venaient à être dépassés.

Le constat actuel est donc alarmant : cette cinquième limite très largement dépassée, la sixième qui sera sans doute vite atteinte avec l’acidification des océans, sans compter que l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère n’a pas encore été évaluée et le seuil a probablement déjà été franchi. Et maintenant, on fait quoi ? « Nous sommes dans le pétrin, mais il y a des choses que nous pouvons faire pour inverser la tendance » assurait la professeure Bethanie Carney Almroth.

Les auteur.e.s de l’étude appellent à mettre en place des actions drastiques rapidement. « Les mesures visant à réduire les rejets et les émissions de nouvelles entités dans l’environnement sont essentielles ». Ils insistent sur l’importance de passer à une économie circulaire, de repenser la fabrication en vue du recyclage pour éviter le gaspillage, et d’utiliser des produits chimiques « sûrs et durables ».

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