France

Le scandale des disparus de l’Isère

Pourquoi la destruction de cadavre ?

Pourquoi en 1998, le procureur ordonne la destruction du cadavre, et de plusieurs autres non identifiés ?

Entre 1983 et 1996, dix enfants âgés de 5 à 15 ans sont enlevés dans la même région. Le premier de cette liste macabre est Ludovic Janvier, 6 ans, qui disparaît à Saint-Martin d’Hères, après avoir été abordé par un inconnu. Deux ans plus tard, un corps est retrouvé dans une grotte d’Engins. Mais en 1998, le procureur ordonne la destruction du cadavre, et de plusieurs autres non identifiés.Tous ont disparu dans un rayon de 70 km entre Lyon et Grenoble. Certains ont été retrouvés assassinés. D’autres, jamais. Les affaires de ces neuf garçons et filles tués ont été rebaptisées “Les disparus de l’Isère”

Et depuis ? Circulez, y’a rien à voir.

Entre 1983 et 1996, dix enfants âgés de 5 à 15 sont enlevés dans la région iséroise. Exactement sur la même période, un certain Alain Carignon, maire de Grenoble, détourne l’argent du contribuable, ce pourquoi il sera condamné en 1996 à 5 ans de prison. Dès lors qu’il est incarcéré, les enlèvements cessent. En fait, c’est simple : dès que y’a des soupçons sur la constitution d’un réseau pédophile dans une région, vous foutez les maires et les magistrats les plus interlopes au placard, et les crimes sexuels, soudainement, cessent.

L’affaire des Disparus de l’Isère est le nom sous lequel ont été regroupées neuf ou douze affaires de disparition, de meurtre ou d’agression d’enfants survenues en Isère, entre 1980 et 1996. Trois seulement de ces affaires qui sont elles-mêmes en réalité deux affaires distinctes ont pu être résolues.

Liste des enfants

  1. Philippe Pignot, âgé de treize ans, disparu le 25 mai 1980 à La Morte-sur-Isère, n’a pas été retrouvé à ce jour ;
  2. Ludovic Janvier, âgé de six ans, disparu le 17 mars 1983 à Saint-Martin-d’Hères, n’a pas été retrouvé à ce jour ; l’enquête est en cours ;
  3. Grégory Dubrulle, âgé de sept ans, disparu le 9 juillet 1983 rue Adrien Ricard à Grenoble. Il reprend conscience le lendemain, gravement blessé à la tête, dans une décharge à Pommiers-la-Placette ; l’enquête est en cours ;
    Des ossements d’un enfant inconnu, mort depuis plusieurs années, retrouvés le 23 mai 1985 dans une grotte du Vercors ;
  4. Anissa Ouadi, âgée de cinq ans, disparue le 27 juin 1985 à Grenoble, retrouvée étranglée et noyée au barrage de Beauvoir treize jours plus tard ;
  5. Charazed Bendouiou, âgée de dix ans, disparue le 8 juillet 1987 dans le quartier Champ-Fleuri à Bourgoin-Jallieu, n’a pas été retrouvée à ce jour ; l’enquête est en cours ;
  6. Nathalie Boyer, âgée de quinze ans, disparue le 3 août 1988 à Villefontaine, retrouvée par un cheminot le 4 août égorgée sur un sentier près de la voie de chemin de fer à Saint-Quentin-Fallavier6 ;
  7. Fabrice Ladoux, âgé de douze ans, disparu le 13 janvier 1989 à Grenoble, retrouvé mort le 15 janvier 1989 dans un ravin à Quaix-en-Chartreuse6, violé et blessé à la tête ;
  8. Rachid Bouzian , âgé de huit ans, disparu le 3 août 1990 devant l’immeuble HLM où il habite, à Échirolles. Il est retrouvé mort, dans un garage, le 5 août, roulé dans une couverture, violé et étranglé. Un voisin est appréhendé quelques jours plus tard ;
  9. Sarah Siad (*), âgée de six ans, disparue le 16 avril 1991 à Voreppe, retrouvée dans un bois, à 200 mètres de chez elle, étranglée ;
  10. Léo Balley, âgé de six ans, disparu le 19 juillet 1996 dans le massif du Taillefer, n’a pas été retrouvé à ce jour ;
  11. Saïda Berch (*), âgée de dix ans, disparue le 24 novembre 1996 à Voreppe. Elle est retrouvée le 26 novembre, au bord d’un canal, étranglée.

À ce jour, il y a donc au total : quatre enfants disparus, sept enfants retrouvés morts et un enfant rescapé.

Les affaires résolues

  • L’affaire Rachid Bouzian est résolue après l’arrestation le 21 août 1990 d’un voisin, Karim Katefi, qui dit avoir transporté le corps, et accuse son frère Kamel d’être l’auteur du crime.
    Reconnu coupable du crime, Karim Katefi est condamné à la prison à perpétuité.
  • Les affaires Sarah Siad (1991) et Saïda Berch (1996) ont été résolues grâce à l’ADN.
  • Le 25 juillet 2013, Georges Pouille13 (âgé de quinze ans au moment du premier des deux meurtres) est mis en examen après avoir été confondu suite à la comparaison entre les traces ADN relevées sur les lieux où ont été retrouvés les corps des deux fillettes avec celles recensées dans la base de données FNAEG, où les empreintes de l’individu en question avaient été répertoriées pour « conduite sous l’emprise de stupéfiants et défaut d’assurance ». Georges Pouille est condamné le 11 mars 2016 à trente ans de réclusion pour le meurtre de Saïda Berch15, et le 12 juillet 2016, il est condamné à treize ans de réclusion pour le meurtre de Sarah Siad16.

Pas de liens établis dans les années 80

Lors des premières disparitions, les enquêteurs ne disposent pas des outils nécessaires permettant de croiser les affaires. Pendant 16 ans, une série macabre d’enlèvements, d’agressions et de meurtres d’enfants se poursuit alors dans le département sans qu’aucun lien entre eux ne soit établi.

C’est un avocat, maître Didier Seban, chargé des dossiers de plusieurs familles de victimes qui remarque des similitudes entre ces disparitions. Proximité géographique, modus operandi identique, des rapprochements commencent à être faits peu avant les années 2000.

Trois dossiers ré-ouverts en 2014

En 2014 trois dossiers sur les neuf restants, sont donc refermés, et la cellule mineurs 38, désactivée. Une décision de justice que refusent les familles des victimes. Un an plus tard, elles gagnent en appel et obtiennent le déclenchement de nouvelles investigations.

Les proches des disparus sont alors réentendus et nouvelles pistes explorées. Les parcours de plusieurs tueurs en série sont même étudiés. Certains ont été interrogés en prison pour écarter ou non leur nom définitivement de ces dossiers.

Dans quelques mois, les conclusions du complément d’enquête de trois dossiers devraient être connues. Dans le même temps sous l’impulsion des parties civiles d’autres dossiers des disparus de l’Isère pourraient être rouverts.

David SCHMIDT

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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