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Patrouilleur spatial Yoda

Patrouilleur Yoda

Le patrouilleur aura pour mission de surveiller l’espace, depuis l’espace. Il devra ainsi détecter et alerter en cas de manœuvre suspecte, voire hostile. Car les menaces ne cessent de s’amplifier au-dessus de la Terre. Les progrès en balistique, avec notamment des essais de missiles antisatellites et l’arrivée de lasers aveuglants ou de systèmes de brouillage des communications ont changé la donne depuis quelques années. D’autant plus que certaines puissances développent de véritables « satellites tueurs » pour éliminer leurs ennemis spatiaux.

Interrogé à cette occasion sur le patrouilleur-guetteur Yoda, développé actuellement par des ingénieurs français, l’expert en astronautique Vadim Loukachevitch a indiqué que la France avait tout à fait les capacités pour créer un engin de ce genre, tout comme les États-Unis ou la Russie.

D’après un rapport du député Jean-Jacques Ferrara pour l’Assemblée nationale, vers 2023, la France doit envoyer à 35.786 km d’altitude un prototype Yoda qui «sera constitué de deux nanosatellites d’un poids de 10 à 20 kg» et aura pour objectif de prouver la capacité de la France «à mener des opérations en orbite géostationnaire».

«[Ces nanosatellites] évolueront en orbite géostationnaire afin de valider les technologies de rapprochement d’un satellite, dimensionner les charges utiles d’opération de proximité et entraîner les opérateurs du commandement de l’espace aux opérations dans l’espace», précise le rapport.

Sur la base des résultats obtenus par Yoda, la France compte ensuite envoyer vers 2030 un satellite patrouilleur plus lourd d’une centaine de kilogrammes et véritablement opérationnel.

L’expert a rappelé que la Russie développait depuis plusieurs années toute une série d’engins spatiaux de ce genre dont Kosmos 2491 et Kosmos 2499 qui se trouvent toujours en orbite.
Parlant des moyens d’attaque que des engins similaires peuvent utiliser pour faire face aux satellites ennemis, l’expert a expliqué qu’ils pouvaient les détruire en explosant à l’impact. Ils peuvent également les désactiver en émettant un nuage d’aérosol.

Le satellite russe Louch-Olymp

En septembre 2018, la ministre française des Armées, Florence Parly, avait accusé la Russie d’avoir commis en 2017 «un acte d’espionnage» contre le satellite militaire franco-italien Athena-Fidus. Elle a mis en cause le satellite russe Louch-Olymp qui, selon elle, s’est approché d’Athena-Fidus «de tellement près qu’on aurait vraiment pu croire qu’il tentait de capter» des communications sécurisées.

Répondant à ces allégations, Maria Zakharova a alors rappelé que début 2018, le ministère russe de la Défense avait déjà livré toutes les explications nécessaires concernant les inquiétudes de Paris au sujet de la prétendue «convergence dangereuse» de deux satellites en 2017. De plus, la porte-parole de la diplomatie russe a estimé que la France essayait ainsi d’utiliser une «argumentation trop subtile» pour fonder la nécessité d’«accumuler du potentiel de défense dans l’espace et d’obtenir le financement approprié».

Yoda doit donc permettre d’éviter ce genre d’incident. Le patrouilleur est développé par le Centre national d’études spatiales (CNES) et un démonstrateur pourrait être déployé dès 2023 avant la mise en orbite d’engins opérationnels en 2028 ou 2029. Si ces premiers lancements sont concluants, détaille un rapport parlementaire, la France pourrait lancer un engin « plus lourd et véritablement opérationnel » vers 2030.

David SCHMIDT

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