France

Karine, anéantit par la condamnation de son violeur

Ils lui ont dit que le viol, c’est pas si grave

“Ils lui ont dit que le viol, c’est pas si grave” : Karine, dépitée par la condamnation de son violeur

Suite à son appel à l’aide lancé sur les réseaux sociaux, le parquet a décidé de faire appel de la condamnation du violeur de Karine S. Une peine de prison que la jeune femme jugeait bien trop insuffisante au vu des actes commis par son agresseur.

Ce qui est reproché à Bamdad A., multirécidiviste, coupable de viols et ressorti libre du tribunal d’Évry
Dans une vidéo devenue virale, une jeune femme s’est scandalisée de la peine prononcée à l’encontre de son violeur par le tribunal d’Évry, ce mercredi 29 juin. Son agresseur, Bamdad A., est un chauffeur de taxi de 39 ans, natif de Téhéran, déjà condamné pour des agressions sexuelles sur mineur, vol en réunion, violences et outrage.

À nouveau condamné, il est pourtant ressorti libre du tribunal.

Son témoignage a fait le tour des réseaux sociaux. Ce mercredi 29 juin, Karine Sanzalone, 25 ans, s’est filmée en pleurs à la sortie du procès qui l’opposait, en tant que victime, à Bamdad A., jugé par la cour d’assises de l’Essonne pour plusieurs viols et une agression sexuelle, et condamné à six ans de prison, dont deux ferme, mais aménageable… et donc pas nécessairement ferme. Ressorti libre de l’audience, il n’ira pas en prison si le juge d’application des peines décide de lui aménager sa peine. « Est-ce que c’est normal ? (…) Je demande à quiconque peut m’aider aujourd’hui de contacter n’importe quel média parce qu’on a dix jours pour pouvoir faire appel », explique la jeune femme face à son téléphone. Elle a depuis témoigné sur CNews, puis sur BFM TV : « Je fais confiance en la justice parce que je n’ai qu’elle. »

Aujourd’hui, au tribunal, Bamdad Amin a été condamné pour viol et agressions sexuelles sur trois femmes. Il prendra six ans de prison, dont deux ans fermes. L’une de ses victimes, en larmes, sur Instagram, s’exprime. pic.twitter.com/df7uRAonNd
— Elsa (@ElsaMargueritat) June 29, 2022

Voici l’affaire

Il est ressorti libre du tribunal. Ce mercredi 29 juin 2022, Bamdad A. a été reconnu coupable de trois chefs d’accusation en état de récidive : deux viols et une agression sexuelle. La cour d’assises d’Evry-Courcouronnes a condamné le chauffeur de taxi à 6 ans de réclusion criminelle, dont 2 fermes. À la suite de ce verdict Karine S., l’une des femmes qui a porté plainte contre son violeur, a pris son téléphone et a lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux. La jeune femme demande aux médias de peser face à un parquet frileux à l’idée de faire appel. Devant la mobilisation, le procureur a décidé de faire appel de la décision. Aujourd’hui, Karine S. nous explique qu’elle souhaite une peine “plus lourde que de ressortir libre du tribunal”.

Un premier verdict aux assises qui laisse perplexe. En effet, Bamdad A. n’est pas un inconnu des services de police, ni de la justice française. L’homme a déjà été condamné en 2013 à un an de prison avec sursis après avoir commis une agression sexuelle. Après avoir suivi une thérapie pendant trois ans, comme réclamé par le parquet, le chauffeur de taxi de profession récidive en 2016. Au total, ce sont 12 femmes qui l’accusent d’agressions sexuelles et de viols sur la période de 2009 à 2016. Seules Karine et deux autres jeunes femmes ont porté plainte contre lui, deux pour viols, une pour agression sexuelle.

Deux viols, deux ans de prison ferme

Pendant le procès, qui a duré quatre jours, le principal suspect risquait jusqu’à 12 ans de prison et 7 ans de suivi sociojudiciaire. C’est donc avec deux ans ferme et une peine aménagée que l’homme d’une trentaine d’années a quitté la salle d’audience. Une des raisons mises en avant par la défense : sa nouvelle vie de père de famille (la fille de Bamdad A. a deux ans, ndlr). Un argument que Karine S. juge incompréhensible : “La cour estime que parcequ’il a une fille et une femme depuis deux ans c’est un gage de stabilité (…) Je ne vois pas le rapport, ce n’est pas sa personnalité qu’on jugeait mais la gravité des faits”, nous a-t-elle expliqué.

La jeune femme estime que ce verdict envoie un message aux victimes : “La justice a fait le strict minimum à savoir juste reconnaître notre statut de victime”. Quant à l’agresseur et aux autres agressions, Karine considère que la cour d’assises leur a laissé entendre que “oui c’est grave le viol, parcequ’il a été prononcé coupable donc c’est grave et on reconnaît qu’il est dangereux, mais c’est pas si grave que ça”. Ce que veut Karine S. dorénavant c’est que son appel serve à quelque chose et que plus aucun “agresseur ne puisse se baser sur (son) procès pour faire appel à une jurisprudence et s’en sortir avec une si faible peine de prison”.

Les victimes face à un mode opératoire sordide

Le soir où son viol a eu lieu, Karine nous explique qu’elle sortait du restaurant dans lequel elle était serveuse. Sur la route, le chauffeur de taxi l’interpelle pour lui proposer une course gratuite jusqu’à chez elle “‘parce que le soir c’est pas safe pour une fille’” lui aurait-il dit. Face à l’insistance de l’homme, Karine, alors âgée de 19 ans, monte à l’avant du taxi. Après quelques banalités échangées, Bamdad A. aurait commencé à lui montrer des vidéos pornographiques sur son téléphone et à lui poser des questions sur sa vie sexuelle auxquelles elle n’aurait pas répondu. Ce n’est qu’en arrivant près de la porte de son immeuble que les attouchements auraient commencé.

Le chauffeur de taxi aurait alors levée la jeune femme, “à l’époque (elle) était très légère”, pour la déplacer à l’arrière de la voiture. “Il a alors sorti son sexe et a mis sa main sur ma tête. Il m’a forcé à lui faire une fellation”. Karine est incapable de bouger : “c’était comme si je ne savais pas ce qu’il se passait. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait, que c’était réel”. Après avoir tenté de la pénétrer “par l’avant et par l’arrière” avec ses doigts, il sort un préservatif de sa poche. Karine arrive à lui tenir tête et il la laisse partir. Ce n’est que trois jours plus tard qu’elle ira déposer plainte ayant eu besoin avant qu’on lui dise “si (elle) était victime ou pas” vu qu’elle ne s’était pas enfuie. Un sentiment d’absence de légitimité souvent répandue chez les victimes d’agressions sexuelles.

Malgré la peine légère de son violeur, la cours aura tout de même reconnu à Karine sa légitimité à porter plainte.

Source : aufeminin

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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