France

Julie Berthollet, agressée deux fois le même jour

Elle souhaite quitter Paris

«Je ne veux plus vivre dans un endroit où l’individualisme est omniprésent», s’est émue la musicienne, frappée par l’indifférence des témoins de ses agressions. Elle compte désormais fuir la capitale pour s’installer en Suisse.

La violoniste Julie Berthollet était invitée en octobre 2021 du festival Canneséries, avec sa sœur cadette violoncelliste, Camille Berthollet. JOEL SAGET / AFP

«C’est la goutte qui a fait déborder le vase», a indiqué Julie Berthollet. La violoniste franco-suisse, originaire d’Annecy (Haute-Savoie) et parisienne depuis cinq ans, a confié à la presse suisse songer à quitter la capitale, après avoir été victime d’une double agression dans la même matinée, vers le boulevard Rochechouart (9e), dans le nord de Paris. Quelques minutes après avoir s’être écharpé avec un passant qui avait tenté de voler son téléphone, la musicienne a croisé à l’entrée d’une station de métro de la ligne 4 un individu armé d’un couteau qui lui a arraché son bracelet et deux colliers. Blessée et choquée par l’agression, la violoniste a porté plainte.

«Un homme m’a dépassée et m’a regardée avec un air mauvais, plein de haine. Il m’a dit: “Toi, avec tes parures!”», a raconté la semaine dernière Julie Berthollet au magazine suisse L’Illustré . Selon la musicienne, l’un des deux bracelets, en or, avait pour elle une valeur particulièrement sentimentale. «Je l’ai reçu de ma mère à ma naissance», a-t-elle précisé. «J’ai perdu foi en l’humanité», a ajouté la violoniste, sidérée par l’indifférence la plus totale des passants, nombreux à avoir assisté à la scène. «Les usagers montaient et descendaient. Ils s’écartaient même en lui laissant assez d’espace pour m’agresser. (…) C’est l’indifférence totale», se souvient-elle.

Violence ambiante

Julie Berthollet pense désormais s’installer en Suisse, peut-être dans le Lavaux. Dans tous les cas, loin, très loin de Paris : «Je ne veux plus vivre dans un endroit où l’individualisme est omniprésent. Je n’ai absolument pas les épaules pour supporter toute cette violence ambiante». La sœur de la violoniste, la violoncelliste Camille Berthollet, avec qui elle a remporté le concours musical télévisé «Prodiges», en 2014, compterait également quitter la capitale pour revenir à Annecy.

Plus largement, Julie Berthollet a tenu à souligner l’hostilité que présente, pour une femme, l’espace urbain de la capitale. «Avec ma sœur, nous avons des stratégies d’évitement, a-t-elle témoigné pour L’Illustré. On fait attention le soir. On évite certains quartiers, on baisse le regard dans la rue. On porte souvent des survêtements amples. En principe, on ne tient jamais notre téléphone de façon visible en main. On marche là où il y a du monde. On ne rentre jamais seule le soir, si on a bu un peu.» La violoniste s’était déjà précédemment fait voler son téléphone.

En 2020, dans le sillage du mouvement #MeeToo et de la libération de la parole des femmes victimes de violences à caractère sexuel, les deux sœurs Berthollet avaient témoigné de la fréquence des harcèlements dans le milieu de la musique classique. «Si on s’habille court il y aura une remarque, si on s’habille long aussi il y aura une remarque», déclaraient-elles pour Loopsider en février 2020. «C’est autre chose en Suisse. Ici, les gens sont polis, on n’ignore pas l’autre», a résumé Julie Berthollet pour L’Illustré.

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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