Astronomies

Un propulseur qui pourrait atteindre la vitesse de la lumière

Le prototype de propulseur MEGA

Jim Woodward, professeur de physique à l’université d’État de Californie à Fullerton, affirme que le prototype de propulseur MEGA sur lequel il travaille pourrait approcher la vitesse de la lumière, et ce sans aucun carburant.
Sa technologie repose sur un système de propulsion qui ne nécessite aucun combustible, uniquement une source d’électricité.

Pour permettre à son propulseur MEGA, pour Mach-Effect Gravitational Assist (« assistance gravitationnelle par principe de Mach »), de flirter avec la vitesse de la lumière, de minuscules cristaux vibrent des dizaines de milliers de fois par seconde quand un courant électrique est lancé, permettant sa propulsion. Selon Woodward, un vaisseau spatial équipé d’un propulseur MEGA pourrait atteindre des vitesses proches de celle de la lumière, avec l’aide d’un réacteur nucléaire.

Sa propulsion repose sur le principe de Mach, théorisé par le physicien britannique Dennis Sciama, qui affirme que l’inertie est liée aux effets gravitationnels à distance. Lorsque l’énergie d’un objet change, la matière même de l’espace et du temps change également autour de lui.

Voilà plus de 30 ans que Woodward travailleur sur son propulseur MEGA. « Il peut se déplacer à des vitesses approchant celle de la lumière dans le vide, en ne consommant que de l’électricité », écrivent Woodward et Hal Fearn, proche collaborateur de Woodward et lui aussi physicien de l’université d’État de Californie à Fullerton. « Aucune autre méthode pour voyager vers les étoiles et s’arrêter dans le système choisie n’a été proposée à ce jour, et nous avons la physique de notre côté. »

Il a même obtenu un financement dans le cadre du programme Innovative Advanced Concepts de la NASA en 2017. Grâce à cette subvention, le dernier prototype MEGA de Woodward a produit une poussée bien supérieure à celle de tous ses prototypes précédents. « J’ai été choqué par l’énorme augmentation de la force mesurée », a déclaré Hal Fearn.

D’autres chercheurs sont pourtant encore sceptiques vis-à-vis de ce nouvel appareil. « Je dirais qu’il y a entre 1 chance sur 10 et 1 chance sur 10 000 000 que ce soit réel. Mais imaginez cette seule chance ; ce serait incroyable », reconnaît Mike McDonald, ingénieur aérospatial au Laboratoire de recherche navale du Maryland. Woodward et Fearn prévoient maintenant d’envoyer une démonstration de l’appareil en orbite pour tester son fonctionnement dans l’espace.

Le projet a cependant été compromis par la pandémie. Il se trouve que Woodward va bientôt fêter ses 80 ans. Il a déjà survécu à un cancer du poumon de stade IV, mais il souffre aujourd’hui de la maladie pulmonaire obstructive chronique et suit un traitement pour un lymphome de Hodgkin récidivant. Autrement dit, le physicien fait partie des personnes à haut risque face à la COVID-19 ; d’autant plus que la Californie est l’un des États qui comptent le plus de cas de contamination… Contraint de quitter son laboratoire à l’université, il s’est constitué une véritable « usine à propulseurs » à son domicile.

Certains scientifiques, notamment parmi les physiciens théoriciens, demeurent toutefois sceptiques face au nouveau dispositif de leur confrère. La question étant, est-il vraiment envisageable de concrétiser ce projet ? « Je dirais qu’il y a entre 1 chance sur 10 et 1 sur 10’000’000 que ce soit réel », a déclaré Mike McDonald, ingénieur aérospatial au Naval Research Laboratory du Maryland, ajoutant qu’il est plus probable que la réponse se trouve dans la partie haute de cette fourchette. Le scientifique reconnaît cependant que si cette technologie faisait réellement ses preuves, ce serait extraordinaire.

Cela fait des années que la NASA envisage une mission interstellaire sans équipage. Mais le seul projet actif sur le sujet est issu d’une initiative indépendante — financée par Iouri Milner, Mark Zuckerberg et anciennement soutenue par Stephen Hawking — nommée Breakthrough Starshot. Le projet prévoit d’utiliser de puissants lasers pour propulser des milliers de minuscules sondes spatiales, d’environ 1 gramme, équipées de voiles solaires, vers Alpha du Centaure. Ces sondes pourraient atteindre 20% de la vitesse de la lumière.

S’il y a une chance que le propulseur MEGA de Jim Woodward fonctionne, il révolutionnerait l’exploration spatiale et, ce faisant, le futur de l’humanité.

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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