David SCHMIDTForbach (57)

L’insécurité, un fond de commerce ?

David SCHMIDT : Si on se focalise sur des faits présentés comme des « menaces », sans en donner véritablement les clefs d’analyse, on ne peut qu’exacerber les peurs, laisser les gens désemparés et faciliter le travail de ceux dont la peur est le fond de commerce électoral.

La construction du bouc-émissaire  » Les Jeunes « 

Réaction suite un Post de Facebook (également sur Tweeter) du candidat RN:

Ces 2 dernières semaines,
Toutes mes demandes, pour une rencontre avec M. Terragnolo,  sont restés sans réponse !

– Le candidat se taire dans un silence, est-ce volontaire ?

Si je regarde ce post de près, je me dis ;
– Ces 2 jeunes près de la porte, ont leurs têtes qui arrive au niveau de la vitre … Ça me paraît être de très jeunes enfants. J’ai plutôt l’impression que l’on a pris en photo un père qui rentre avec ces 2 petits, alors est-ce une mise en scène ? Veut-on jouer sur vos peurs ?

Les arguments ne manquent jamais :
Les délinquants seraient « de plus en plus jeunes et de plus en plus violents », ils n’auraient « aucun repère » et seraient « désocialisés », l’école serait « envahie » voire « submergée » par « la violence », les parents auraient « démissionné », la police serait « désemparée » et la justice « laxiste », enfin il faudrait admettre que « l’intégration ne fonctionne plus »…

L’interrogation de la vie quotidienne
Nos concitoyens renvoie une image beaucoup plus nuancée, parfois carrément différente. Du point de vue quantitatif, ce dont souffrent le plus nos concitoyens dans leur vie quotidienne ce ne sont pas des violences physiques.

Derrière l’évolution de la délinquance se cachent des évolutions économiques, sociales, morales et politiques profondes. On ne changera donc pas fondamentalement la donne par des réformes touchant simplement au fonctionnement de la police et de la justice. Si l’on veut vraiment préparer à nos enfants une société moins violente, il faut agir sur les causes profondes de la délinquance qui sont le processus de « ghettoïsation » dans tous ses aspects (aussi bien matériel que symbolique, touchant au niveau de vie, à la composition démographique, au fonctionnement des institutions, etc.)

La délinquance juvénile n’est qu’un symptôme du malaise de la société.
Traiter le symptôme ne résoudra rien.

Le vide politique des quartiers populaires
Il faudrait de véritables consensus Quartiers/Mairie dans tous nos quartiers afin que les habitants expriment toutes leurs revendications et que des réponses collectives se reconstruisent en amont du travail des institutions. L’absence d’encadrement de la jeunesse et de valorisation de ses ressources culturelles, les inégalités et es exclusions scolaires, le chômage des jeunes peu ou pas diplômées, la disparition des grandes espérances collectives et la perte de confiance dans ceux qui nous gouvernent …

Conclusion: Les candidats sont parfois comme certains médias et ont pleinement assimilé ces arguments qui s’accordent avec le catastrophisme et le sensationnalisme dont il faut bien comprendre qu’ils sont pour eux, non pas des effets pervers, mais des principes même de fonctionnement. Dans un flot ininterrompu, nombre de faits divers ont été érigés en symboles, en événements révélateurs du fait que chaque jour serait forcément pire que la veille et que des degrés de violence toujours plus élevés se manifesteraient au fil du temps.

David SCHMIDT.

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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