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Manipulation sentimentale envers des adolescentes

Elles croient aux sentiments, mais c'est juste pour du sexe !

Séduire ou manipuler peuvent être malheureusement synonymes. C’est pourquoi mieux vaut savoir décrypter à temps les comportements d’emprise et de pouvoir.

La frontière peut être ténue entre la séduction et la manipulation. La différence ? L’intention. La séduction sincère considère l’autre comme un partenaire et non comme une proie potentielle. Elle consiste à se rendre plaisant aux yeux de celui qui intéresse et à manifester son intérêt pour lui, tout en respectant son point de vue et, bien sûr, son intégrité physique et morale. La manipulation est, en revanche, une affaire d’emprise, une relation de pouvoir qui consiste à annihiler le consentement de l’autre pour parvenir à ses fins, en ayant, plus ou moins subtilement, recours à des méthodes moralement douteuses. Son vrai but est l’obtention de plaisir personnel, sexuel ou narcissique. En outre que la personne séduite perçoit confusément que son consentement est forcé mais que, si elle se retirait, cela reviendrait à passer pour quelqu’un de déloyal ou de mauvaise foi. Et ce, qu’il s’agisse de relations privées ou professionnelles.

Pour la psychanalyste Anne-Marie Benoit, s’il est important de connaître les techniques de la manipulation, il l’est tout autant d’être attentif à ce que l’on ressent. « Notre corps nous envoie des signaux et nous sommes tout à fait capables de faire la différence entre un trouble “exquis” ou qui est le fruit de notre timidité par exemple, et un trouble de défense. » À nous donc de détecter et de décrypter tout ce qui est de l’ordre de l’inconfort, de la gêne, du malaise, mais aussi des signaux de communication comme le sentiment de ne pas être vraiment écouté ou d’être « pressé » par l’autre pour donner une réponse… « La séduction sincère laisse le consentement libre. C’est un jeu qui se joue à deux, à égalité. C’est une relation qui se tisse à un rythme singulier qui ne doit pas obéir à un cadre préétabli. »

08/03/2021 : Une adolescente de 13 ans fugue avec un majeur de 21 ans puis porte plainte pour viols

En Loire-Atlantique, un homme de 21 ans a été placé en détention provisoire après une plainte pour viols déposée par une adolescente de 13 ans. Elle avait fugué avec lui avant de l’accuser.

Une adolescente âgée de 13 ans a porté plainte contre un jeune de 21 ans qu’elle avait rencontré sur le réseau social Instagram. Elle s’était enfuie de son domicile avec lui, croyant qu’il était l’homme de sa vie et que ses parents les empêcherai de s’aimer. Le 1er mars et l’accuse désormais de l’avoir violée à plusieurs reprises.

La fugue a duré quatre jours. Prévenus par ses parents, les gendarmes ont ouvert une enquête pour disparition inquiétante. La mineure a été retrouvée le 5 mars et affirme avoir été contrainte à des relations sexuelles non consenties.

Une autre affaire de viol, le jeune homme déjà condamné pour agression sexuelle

Les soupçons des enquêteurs se sont tout de suite portés sur ce suspect, défavorablement connu de la justice. Il avait été condamné l’année dernière pour agression sexuelle et est actuellement mis en examen pour viol dans une autre affaire.

L’homme a été interpellé et placé en détention provisoire. La victime présumée, pour sa part, bénéficie d’un suivi psychologique.

Mais comment s’en prémunir ? Comment détecter ?

1- La flatterie

Un compliment juste a beau nous embarrasser, nous savons au fond de nous qu’il est mérité. La flatterie est, en revanche, dissonante, excessive, et parfois caricaturale. Nous connaissons globalement nos talents et nos limites. L’admiration béate est justifiée pour les génies, pas pour le commun des mortels dont nous avons toutes les chances de faire partie. C’est pourquoi la flatterie, contrairement au compliment, nous embarrasse. Elle sonne faux parce qu’elle n’est pas justifiée.

2- Le don intéressé

Dans un contexte de séduction sincère et non de manipulation, invitations, cadeaux, promesses ou compliments n’appellent rien en retour. La générosité qui n’a pas été sollicitée est gratuite, elle laisse l’autre libre d’accepter ou de refuser, mais aussi d’accepter tout simplement sans rien donner en retour. La moindre allusion à une contrepartie est l’expression de la manipulation.

3- L’effet miroir

Comme par hasard, votre interlocuteur adore comme vous le point de croix, Mantegna, les bulots et Lars von Trier. C’est incroyable, non ? Justement, ça l’est. Et mieux vaut ne pas y croire d’emblée. Plus les points de convergence sont nombreux et portent sur des détails, plus il y a à parier que ces touchants points communs sont le fruit d’une jolie stratégie d’adaptation et de fusion forcée.

4- Le bras de fer déguisé

« C’est vraiment ce que tu veux ? » ou sa variante « D’accord, si c’est vraiment ce que tu veux ». Si on oppose ces réponses à vos demandes, attendez-vous à une relation basée sur le rapport de force et la culpabilisation. La fausse magnanimité appartient au registre de la séduction frauduleuse et à lui seul. Tôt ou tard, il vous faudra payer ce que l’autre vous concède si généreusement.

5- La culpabilisation

Dans les mots ou les actes, votre interlocuteur, pourtant charmant en apparence, est allé trop loin. Vous le lui signifiez, mais au lieu de s’excuser, c’est lui qui se plaint d’avoir été mal compris et vous reproche à mots couverts de déformer ses propos et de vous méprendre injustement sur ses intentions. Une séduction sincère aurait entraîné des regrets sincères.

6- L’unilatéralité

Votre interlocuteur impose allègrement : l’orientation de la conversation, ses choix de consommation, le programme de ce qui va suivre. Il le fait avec entrain, assurance. Cela est censé démontrer sa capacité d’initiative, d’intuition de ce qui vous convient et son charisme personnel. En réalité, cette séduction dominante est surtout de la domination à peine déguisée. Encore une fois, il s’agit de se passer de votre consentement, de booster son ego et de s’assurer au passage de votre docilité.

11/06/2020 : Caly, 14 ans, retrouvée chez un trentenaire à Eecke : la famille d’une autre victime adolescente témoigne

La famille de Manon (prénom d’emprunt), première victime de Jonathan J. qui était allé chercher l’adolescente dans le Loir-et-Cher en février 2018 pour la ramener avec lui à Arras dénonce la dangerosité de ce Nordiste de 29 ans, qui vient de récidiver avec une autre jeune fille de 14 ans.

Jonathan J., 29 ans, a été mis en examen et placé en détention provisoire ce vendredi 1er février pour « soustraction d’enfant, atteintes sexuelles aggravées et proposition sexuelles faites par un majeur à un mineur de moins de 15 ans en utilisant un moyen de communication électronique, et suivies d’une rencontre », après que les gendarmes d’Hazebrouck ont découvert le 30 janvier une adolescente marseillaise de 14 ans cachée dans la maison où il logeait à Eecke (Nord).

La jeune fille, avec laquelle le prévenu entretenait une relation sur internet, était portée disparue depuis plus de 3 semaines. Caly a été retrouvée en bonne santé, et remise à sa mère, qui avait fait le déplacement depuis Marseille. Jonathan J. a eu des « relations sexuelles consenties » avec l’adolescente.

Une autre victime dans le Loir-et-Cher

Lorsque l’information de la découverte de Caly chez Jonathan J. est parue, la famille de Manon, une adolescente elle aussi âgée de 14 ans et originaire du Loir-et-Cher (41), a immédiatement fait le rapprochement avec ce qui était arrivé à cette jeune fille il y a un an, durant l’hiver 2018. « Je me suis dit -mon dieu il a recommencé-« , dit Roberte. « Le 9 janvier 2018, elle est partie au collège le matin et elle n’est pas rentrée le soir. J’ai questionné ses copines, qui m’ont dit qu’elle voulait aller dans le Nord », se souvient sa grand-mère, qui en avait la garde.

Quelques heures plus tard, Roberte recevait un coup de téléphone depuis la gare Montparnasse à Paris, où se trouvait sa petite fille, en compagnie de Jonathan J. L’homme avait été interpellé dans le train en sa compagnie, pour avoir proféré des insultes racistes à l’encontre d’une passagère. Il était allé chercher Manon à Vendôme, à la sortie de son établissement, pour la ramener dans le Nord. En vain. L’adolescente a été remise à sa famille, et lui est reparti sans être inquiété.

Il cachait l’adolescente chez sa mère

Mais Jonathan J., qui discutait sur Skype « jour et nuit » depuis fin octobre 2017 avec Manon, n’a pas été découragé. « Le 21 février, il est revenu chercher ma petite-fille. Ils ont pris le train le 24 pour Arras ». Une plainte a tout de suite été déposée à la police, à Vendôme. Trois jours plus tard, l’adolescente et l’homme de 29 ans étaient localisés dans le Pas-de-Calais : « La police a débarqué chez la mère à Arras. Il l’avait cachée dans la salle de bain », raconte la grand-mère.

Jonathan J. et sa mère ont fait l’objet, le 21 juin 2018, d’une « mesure alternative aux poursuites » pour soustraction d’enfant. Ils ont tous les deux écopé d’heures de travail non-rémunéré et de 300 euros d’indemnités à verser à la famille de Manon. Il ne s’agit pas d’une condamnation, et cela ne figure pas au casier judiciaire.

Première plainte pour atteintes sexuelles en juin 2018

« Ma petite fille avait complètement changé … elle s’enfermait dans la salle de bain pour être tranquille pour lui parler. Jusqu’à ce qu’on rentre dans le bureau du juge, elle était encore avec lui dans sa tête. Elle a écrit au magistrat pour le défendre », rapporte Roberte.

« Il en a abusé sexuellement. Elle s’est laissé faire, dans la mesure où elle avait peur de ce qu’il pourrait lui faire. Elle était tellement sous son emprise, qu’elle l’a défendu jusqu’au bout », dit par ailleurs Amandine, la mère de Manon. « Quand j’ai lu la déposition de 17 pages de ma fille, de ce qui lui a fait pendant des jours j’en ai eu envie de vomir. C’était horrible ».

Amandine a porté plainte contre Jonathan J. le 8 juin 2018 à la gendarmerie de Mondoubleau (Loir-et-Cher) pour « atteintes sexuelles sur mineur de 15 ans par un majeur mis en contact avec la victime par réseaux de communication électroniques ». « C’est parti pour le parquet de Blois le 8 juillet, et depuis silence radio » déplore la mère de la victime.

Manipulation sur internet

Comme avec l’adolescente marseillaise, Jonathan J. a tissé un lien avec Manon sur internet. « Il l’a happée sur un forum de jeux vidéos dont il était l’administrateur, et il a resserré son étau sur elle avec toutes les techniques de manipulation, comme du chantage affectif, du chantage au suicide », rapporte la mère de la jeune fille. Cette dernière s’est rapidement dite amoureuse de cet homme, alors âgé de 28 ans, et qui utilisait les pseudos de « Yoshines », puis de « Cahier Brouillon ». « Les SMS relevaient de la pornographie, d’une crudité incroyable », ajoute-t-elle.

Amandine et sa mère se sentent aujourd’hui proches de la famille de Caly, retrouvée à Eecke : « Je voudrais contacter sa maman, que nous puissions unir nos forces face à la justice pour que ce malade, ce pédophile, aille derrière les barreaux. Qui sait s’il n’y pas eu d’autres victimes ? » s’interroge-t-elle.

« Ce type ne lâche rien, il faut absolument qu’il soit incarcéré sinon il va essayer de reprendre contact avec la petite Caly ». Jonathan J. est placé en détention provisoire, en attendant son procès qui se tiendra devant le tribunal correctionnel de Dunkerque. Il encourt 10 ans de prison.

David SCHMIDT

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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