France

Pourquoi notre France perd son industrie ?

La France a encore une industrie, mais il est vrai qu’elle a été en grande partie délocalisée. Certaines industries qui restent parce qu’elles sont difficiles à délocaliser préfèrent se faire discrètes parce qu’elles sont mal vues de la population. Par exemple l’industrie chimique qui reste très importante en France, mais qui a une “sale” réputation.

C’est surtout l’industrie manufacturière qui a disparu, souvent à cause de la concurrence de pays à bas coût (textile). Mais c’est vrai aussi d’industries à forte valeur ajoutée.

Il y eut à partir des années 80 une stratégie nationale pilotée par la secte … oups pardon par le club du Siècle (Le siècle) et Le Siècle — Wikipédia (Le Siècle — Wikipédia))*  qui a privilégie un développement de l’économie des services, comme aux USA, et comme c’était préconisé par divers théoriciens de la 3ème révolution industrielle. Cela a été une réussite, car la France a une grande économie de services, mais il y a eu une erreur fondamentale qui a été de développer les services à la place de l’industrie (on peut même dire au détriment), alors que les allemands ont continué à soutenir leur industrie.

En moins de deux décennies, la France a perdu 40 % de ses entreprises industrielles

L’institut économique Rexecode a livré son rapport annuel sur la compétitivité française. Il constate pour 2018, s’appuyant sur des données Eurostat, une stabilisation de la part de marché des exportations françaises dans celles de la zone euro à 14,3%. Cela constitue à peu près le même niveau que l’année précédente, mais une chute très importante par rapport au début des années 2000 où la part des exportations françaises se situaient à 17, 9 %. “Aujourd’hui, il manque plus de 180 milliards d’euros d’exportations à la France” calcule Michel Didier, président de Rexecode.

A l’occasion de ce rapport, l’institut est revenu sur deux décennies de désindustrialisation pour tenter une explication. Car le phénomène a été sévère. Plus que dans d’autres pays européens et divergent par rapport à l’Allemagne. Entre 2002 et 2018, la France a perdu près de 40 % de ses entreprises industrielles de plus de 20 salariés et dans les mêmes proportions ses entreprises industrielles de plus de 250 salariés. L’Italie a perdu tout autant de petites entreprises mais beaucoup moins d’ETI (“seulement”  17 %), quand l’Allemagne compte environ 2 % d’entreprises industrielles de plus sur la même période quelle que soit leur taille.

Cette stratégie de “tout pour le service” a atteint son paroxysme de connerie durant les années 90, où certaines activités de produits logiciels ont été sabordées sous prétexte que “on ne peut plus produire en France”. C’était devenu un dogme idéologique.

Un employé de chez Schneider Electric raconte qu’il en était à falsifier des “business cases” pour conclure à la nécessité de délocaliser, pour faire plaisir au patron, Didier Pineau-Valenciennes, qui était un des grands idéologues de la délocalisation et qui enseignait cette politique en MBA à HEC.

Au secours, la France perd son industrie !

Ils étaient des fleurons de l’économie française, tous champions dans leur catégorie. Ces groupes sont passés, les uns après les autres, sous pavillon étranger.

La liste des grands groupes industriels français passant sous pavillon étranger vient une fois encore de s’allonger avec le rachat d’Alcatel-Lucent par le finlandais Nokia, ultime étape de la disparition du formidable ensemble industriel que formait la Compagnie générale d’électricité. Depuis une quinzaine d’années, pas moins de onze groupes français — des pépites mondialement connues, dont certaines figuraient en bonne place dans l’indice Cac 40 avant souvent d’en disparaître — ont été acquis par des groupes étrangers. Certes, dans le même temps, des groupes français se sont aussi emparés de leurs homologues étrangers… en 1999, Renault a créé l’Alliance avec Nissan et, en 2004, Air France a repris KLM.

Toutefois, le rythme des acquisitions d’entreprises françaises s’accélère depuis un an : depuis février 2014, PSA a accueilli à son capital Dongfeng, Ciments français a été avalé par Italcementi, Alstom a été coupé en deux par General Electric, Club Méditerranée a été acheté par le chinois Fosun, et Holcim devrait bientôt mettre la main sur Lafarge.

La désindustrialisation était donc une décision stratégique au niveau de l’État. Sans doute pas comme aux USA, qui ont également délocalisé considérablement, mais pas par une politique de l’État.

Il faut savoir que depuis longtemps, la technocratie Française préfère prendre les USA comme modèle que l’Allemagne, car le mix économique de la France (agriculture industrie services) est supposé être plus proche de celui des USA que de la France. C’est un argument rationnel qu’on entend souvent dans des discussions, même si on ne le lit pas souvent.

Ceci étant écrit, il y a d’autres facteurs disparates.

Tout d’abord, beaucoup de patrons étaient et sont encore convaincus que la CGT a commandité l’assassinat de George Besse, le PDG de Renault assassiné par l’extrême gauche parce qu’il essayait de reprendre le contrôle de ses usines en France ou la CGT faisait la loi. Un cadre supérieur de Renault dit qu’ils avaient délocalisé certaines fabrications en Espagne dès les années 80 car la CGT s’opposait à introduction de nouveaux procédés de fabrication à l’usine de Douai, alors que c’était nécessaire pour ces nouveaux modèles et que les espagnols étaient enthousiastes à l’idée d’utiliser des techniques plus modernes. Ce serait la première raison des délocalisations de Renault.

Un anciens patrons, qui a ensuite été n°2 de Renault, déclarer dans une réunion : on peut pas prendre le risque de maintenir la production en France car on risque de se faire descendre chaque foi qu’on essaie de changer les choses dans nos usines; il vaut mieux délocaliser et laisser décliner les usines en France. L’assassinat de George Besse a vraiment fait peur au patronat français : un camarade de promotion et amis personnel de Georges Besse à Polytechnique, dit (en exagérant un peu) que le corps des mines avait décidé le sabordage de l’industrie à cause de l’assassinat de George Besse, pour développer les services où ils espéraient qu’il n’y aurait pas la CGT et donc pas de risque de se faire descendre. Là où ils se sont trompés, c’est qu’il y a aujourd’hui aussi la CGT dans les services, mais on y voit pas les affiches “mort aux patrons” qu’on voit encore parfois sur les sites industriels. C’est un slogan que les patrons prennent encore à la lettre.

Autre facteur important : les français ne veulent plus travailler à l’usine. C’est déjà vrai pour les immigrés de 2nde génération, qui sont allés à l’école en France. On les encourage à faire des études les plus longues possibles ; ce n’est pas pour les envoyer travailler à l’usine. C’est un fait avéré que beaucoup de filières de formation industrielle n’ont pas assez d’étudiants, bien qu’il y ait des débouchés. Les jeunes français préfère étudier la sociologie en espérant travailler pour l’Etat, et finissent serveurs dans les bars ou videurs de boite de nuit en étant frustrés d’avoir fait des études pour en arriver là. Les jeunes ingénieurs préfèrent travailler dans les services ou dans la banque. Les jeunes français ne veulent plus travailler en 3X8 ni le week-end parce qu’ils ne peuvent pas faire la fête.

Et l’éducation nationale forme les jeunes dans une idéologie marxiste pour qu’ils ne se fassent pas exploiter…
Les discriminations auront tord de cette pensée.

Sans ouvriers, pas d’industrie, pas d’usine …
La grande réussite de l’éducation nationale : pas de capital, pas de patrons, et … pas d’emploi.

*Le club “Le Siècle” : C’est juste un tas de Franc-Maçons et de Lobbys qui croient pouvoir refaire le monde parce qu’il se prennent pour des illuminés.

David SCHMIDT

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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