Faut-il un emploi pour être heureux ? La réponse est « oui » tant qu’on ne le cherche plus
Dans notre société moderne, une vérité s’impose ; le travail, c’est l’essence même du bonheur pour les chanceux qui en ont un.
Pour les autres qui se battent tous les jours dans l’arène des offres d’emploi et des lettres de motivation à adapter selon les offres, l’accès au bonheur reste une destination lointaine, comme un Wi-Fi à l’autre bout de ton appart. Le bonheur se cache quelque part entre les tickets-restaurants et les réunions Zoom si on a le privilège d’avoir un emploi.
Le travail est une source d’épanouissement personnel et de joie mais à condition de ne pas le chercher plus longtemps qu’une chaussette dans un lave-linge collectif. Car oui, laissez-moi vous dire que le bonheur se cache parfois au coin d’une rue, prêt à bondir sur vous comme une souris d’ordinateur un peu trop excité.
À cet instant précis on sent monter en nous ce que les experts appellent « la joie de travailler » un concept directement importé de Suède, où il est scientifiquement prouvé que les gens se sentent mieux une fois qu’ils ont un contrat en CDI bien solide. ( Whoua trop d’la chance ! )
Pendant ce temps-là les sans-emploi se promènent dans un univers parallèle où la recherche d’un job est un sport olympique. Tu as plus de chance de gravir le mont Everest que de décrocher un emploi. Leurs journées se résument à cliquer sur « Postuler », rafraîchir leur boîte mail en quête d’une réponse miracle et compter les « Nous avons bien reçu votre candidature » comme l’espoir de jours meilleurs.
Pour ces chercheurs d’emploi, l’entrée dans la grande famille des travailleurs est un rêve inaccessible, un peu comme le dernier croissant de la cafétéria à 9h02.
Attention chers lecteurs, le bonheur lié au travail n’est pas donné à tout le monde.
Il est réservé à ceux qui ont passé la fameuse épreuve des entretiens d’embauche : le rite de passage moderne où l’on déploie tout l’arsenal pour convaincre un inconnu que remplir des tableurs Excel est une passion inavouée depuis l’enfance. Une fois embauché, le travailleur peut enfin jouir des petits plaisirs de la vie tel que l’heure de pointe, le café tiède de la machine, le sourire forcé aux réunions et la paye bien sûr, ce doux nectar qui arrive en fin de mois et te font croire que t’es le meilleur.
Le CDI est comme un joyau, un totem sacré … le Graal des temps modernes, que si tu découpe ton CDI et que tu le bois dedans, t’es embauché à vie. Du coup, si tu picoles dans le Graal, est-ce que tu fini l’éternité bourré … Bref c’est autre chose ça !
Le CDI c’est la promesse d’un bonheur durable et la tranquillité de savoir qu’on aura bientôt une carte de fidélité au bistrot d’en bas et qu’on pourra créditer sa carte de transport chez Forbus avec le sentiment d’être un vrai Français.
La personne en recherche d’emploi erre comme une âme en peine, ressassant ses jours d’insouciance au chômage. Et voilà qu’un jour, miracle ! Cette personne décroche un emploi, un vrai de vrai. Là tout change, elle découvre soudainement les bienfaits du stress quotidien, des dossiers en retard et des week-ends courts, elle est belle la vie … Enfin !
Car avoir un CDI, c’est accéder au summum de l’épanouissement comme les vacances, la sécurité de l’emploi, le plein d’essence dans la Twingo et surtout le droit inaliénable de râler contre la machine à café qui ne rend toujours pas la monnaie. On peut enfin poser des RTT et se plaindre du lundi matin comme un pro (un bonheur réservé aux salariés sous contrat).
Et pendant ce temps, les demandeurs d’emploi rêvent de pouvoir un jour râler eux aussi. Imaginez la tristesse de leurs journées, sans collègues pour se plaindre, sans chef pour poser des deadlines surréalistes ! Terrible.
À tel point qu’on se demande pourquoi on ne vante pas davantage les joies du travail. Pourquoi les prospectus de France Travail n’affichent-ils pas des slogans comme « Rejoignez le bonheur dès aujourd’hui ! » ou « Le travail, c’est la santé ! » (ou du moins, une santé adaptée aux exigences du salarié).
Le bonheur, c’est de savoir qu’on bossera jusqu’à 65 ans voir 70 (au minimum)
Enfin le travailleur heureux sait qu’il pourra continuer à profiter de ce bonheur intense qu’est le labeur quotidien jusqu’à un âge avancé, merci la réforme des retraites ! On pourra contempler son ordinateur avec les yeux plissés de fatigue et pouvoir se dire qu’on a encore des années devant soi pour remplir des tableurs, organiser des réunions qui s’éternisent, continuer de râler contre la machine à café, n’est-ce pas là la définition du bonheur ?
Et pendant ce temps les sans-emploi n’ont pas la chance d’envisager un avenir de réunions à répétition et de cantines d’entreprise aux menus équilibrés. Ils sont condamnés à attendre ce bonheur absolu, dans une vie où la date de la retraite importe peu, puisque après tout, ils ne se lèvent pas le matin pour écouter des consignes d’un patron qui à encore la marque de son oreiller sur le front.
Travailler c’est le bonheur… mais pas pour tout le monde
Certains diront qu’ils préfèreraient être heureux sans passer par la case travail.
Ces gens-là n’ont rien compris !
Le bonheur c’est cette sensation de tranquillité qu’on ressent le vendredi à 18h, cette sensation de liberté qui parcourt l’esprit de pouvoir enfin éteindre l’ordinateur sans remord. Et surtout de le rallumer le lundi matin, heureux de retrouver le plaisir simple des heures de réunion ou d’une collègue qui est souvent mal lunée …
Ainsi mesdames et messieurs la morale est simple, le bonheur est un concept accessible mais uniquement pour ceux qui ont décroché le jackpot de l’emploi stable. Pour tous les autres il reste l’espoir comme celui de voir un jour leur CV passer au-dessus de la pile, d’obtenir ce précieux sésame qui leur ouvrira les portes de l’épanouissement moderne … Le travail.
En attendant ils peuvent toujours se consoler en se disant que là-bas, quelque part dans leur ville, des gens sirotent leur café en râlant comme tous bon français et que ce bonheur-là est juste réservé aux VIP de l’emploi.