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La Russie facilite le business français sur son sol

Le bilan de la coopération avec la France en 2021

Rentré de Paris, le ministre russe du Développement économique dresse le bilan de la coopération avec la France en 2021. Dans les années à venir, le haut fonctionnaire russe compte sur la multiplication de projets réalisés en Russie avec la participation d’entreprises françaises.

Sur le plan économique, en 2021, la Russie et la France ont réussi à surmonter les effets négatifs de la pandémie de Covid-19, a déclaré à Sputnik Maxime Rechetnikov, ministre russe du Développement économique, après son déplacement à Paris, où il avait coprésidé avec Bruno Le Maire la réunion du Conseil économique, financier, industriel et commercial franco-russe (CEFIC).

Ayant chuté de quelque 15% l’année dernière, à l’issue des trois trimestres de 2021, le chiffre d’affaires entre les deux pays enregistre une croissance de presque 68%.

L’Hexagone s’installe actuellement à la quatrième place des partenaires commerciaux européens de Moscou, précise le ministre.

« Plus de 600 entreprises avec du capital français mènent avec succès leurs activités en Russie. En 2021, 40 nouveaux projets économiques ont été mis en place », selon M.Rechetnikov.

Parmi ces initiatives, le haut fonctionnaire du gouvernement russe cite le lancement par Danone d’un site de production de boissons végétales sous la marque Alpro, qui résulte des investissements français pour un montant de plus d’un milliard de roubles (environ 12 millions d’euros), et le placement de quelque trois milliards de roubles (36 millions d’euros) effectué par Kunh pour ouvrir une usine en Russie.

Volet climatique

Chargé au sein du gouvernement russe de l’agenda climatique, Maxime Rechetnikov met l’accent sur la coopération climatique avec le business français.

Actuellement, respectant ses engagements internationaux, la Russie met en œuvre une Stratégie nationale de développement à faible production de carbone, qui définit les principaux objectifs visant à réduire les émissions de CO2 dans le pays.

Un des projets pilotes dans le cadre de cette stratégie est réalisé par Air Liquide dans l’île de Sakhaline, à l’extrême est de la Russie. L’initiative, à laquelle côté russe participe l’agence nucléaire Rosatom, est destinée à tester le système de quotas de CO2 et prévoit que la région russe devrait atteindre la neutralité carbone d’ici 2025, indique le ministre.

Société Générale est l’une des premières sociétés en Russie à investir dans les projets sur la base de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), poursuit M.Rechetnikov. C’est cette banque française qui a octroyé le premier crédit ESG à l’entreprise russe Metalloinvest. En 2021, Société Générale a enregistré à la Bourse de Moscou un programme permettant d’émettre des obligations « environnementales et sociales ».

« Nous avons l’intention de développer le secteur vert et nous avons adopté une conception de développement de l’économie basée sur l’hydrogène. Le groupe EDF et Rosatom ont déjà signé un accord sur la réalisation de projets visant à décarboner les transports et les industries à l’aide de technologies utilisant l’hydrogène », met en avant le haut responsable.

Et d’ajouter que, pour assurer la transformation écologique du secteur ferroviaire, les Chemins de fer russes et la SNCF envisagent de mettre en place des technologies reposant sur l’hydrogène.

Volet numérique

La coopération avec la France prévoyant le développement des technologies numériques reste une priorité économique pour Moscou, souligne le ministre.

Dans ce domaine, des activités de l’association French Tech Moscou, regroupant des entreprises de haute technologie françaises et russes, sont bien visibles et appréciées par les autorités russes.

Selon Maxime Rechetnikov, des projets numériques communs offrent des possibilités importantes pour la conception de villes intelligentes.

« Dans cette optique, nous comprenons qu’il est indispensable de résoudre des questions clé relatives à la base législative, nécessaire pour le développement des plateformes numériques dans les deux pays, ainsi que des questions liées à la réglementation du secteur numérique », déclare-t-il, pour expliquer qu’il faudrait notamment harmoniser certains aspects des législations russe et française.

Une implantation en Russie facilitée

Le Kremlin apprécie la coopération avec les entreprises françaises dans beaucoup de filières économiques et est intéressé à favoriser son évolution sur le sol russe, souligne M.Rechetnikov.

« En Russie, le business français profite activement des mécanismes de soutien public [offerts par les autorités russes à toutes les entreprises, ndlr]. Cette année, nous avons mis en place une série de nouveaux outils permettant aux régions [russes, ndlr] d’intensifier la construction des infrastructures nécessaires pour les projets d’investissement. Nous avons réactualisé le mécanisme d’investissement avec des mesures nationales de soutien et d’accompagnement de projets uniques pour tous les investisseurs », précise le ministre.

Vers mi-2022, les autorités russes envisagent également de faciliter pour les investisseurs étrangers et les membres de leurs familles l’obtention de permis de séjour dans le pays.

Les assouplissements administratifs devraient permettre aux entrepreneurs français de se déplacer plus librement entre la Russie et la France pour travailler dans toutes les régions russes. Et ce, sans plusieurs documents, comme des invitations et visas, obligatoires auparavant, conclut Maxime Rechetnikov.

David SCHMIDT

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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