France

Nicolas Sarkozy sera jugé pour corruption et trafic d’influence

L’ancien président français Nicolas Sarkozy a perdu sa dernière tentative pour éviter d’aller en procès pour corruption et trafic d’influence, a déclaré son avocat mercredi. C’est la première fois dans l’histoire de la France moderne qu’un ancien dirigeant sera confronté à des accusations explicites de corruption devant un tribunal.

Sarkozy est accusé d’avoir proposé à un juge de l’aider à obtenir une promotion à Monaco en échange d’une fuite d’informations.

La Cour de cassation, qui statue sur des questions de droit, a déclaré qu’un procès était justifié pour Sakorzy, son avocat Thierry Herzog ainsi que l’ancien juge Gilbert Azibert.

Le procès doit commencer dans les prochains mois à Paris mais n’a pas encore de date fixée.

Sarkozy n’est pas le premier ancien président à être poursuivi, son prédécesseur Jacques Chirac a été condamné à deux ans de prison avec sursis en 2011 pour détournement et abus de fonds publics pendant son mandat de maire de Paris.

Sur quoi se concentre l’affaire ?

L’affaire est née après que les enquêteurs ont mis sur écoute les téléphones de Sarkozy et Herzog pour examiner les allégations selon lesquelles l’ancien président avait reçu des millions d’euros pour sa campagne électorale de 2007 de la part du défunt leader libyen Mouammar Kadhafi.

Ce qu’ils ont commencé à suspecter en écoutant les appels téléphoniques, c’est que Sarkozy avait offert une promotion à Azibert en échange d’informations sur les développements d’une enquête parallèle sur les allégations selon lesquelles Sarkozy aurait accepté des paiements illicites de L’Oréal, l’héritière Liliane Bettencourt, pour la même campagne.

L’enquête a révélé que Sarkozy communiquait souvent avec Herzog avec des téléphones portables obtenus sous de faux noms. Sarkozy aurait utilisé le pseudonyme de Paul Bismuth.

L’ancien président a été blanchi des allégations de Bettencourt en 2013 et a déclaré qu’il ne devrait pas être jugé parce que Azibert n’a jamais obtenu le poste à Monaco.

Mais les enquêteurs pensent que l’accord est tombé à l’eau parce que Sarkozy et son avocat ont appris que leurs téléphones étaient sur écoute.

En s’appuyant sur un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), les avocats de Sarkozy soutiennent que les transcriptions d’écoutes téléphoniques ne peuvent être utilisées que contre les avocats et non contre leurs clients.

« Il appartiendra maintenant au tribunal de dire si une institution française peut se libérer d’une décision de la CEDH », a déclaré à l’AFP l’avocate de Sarkozy, Jacqueline Laffont.

Une mer de problèmes juridiques

La vie de Sarkozy après l’Élysée a été embourbée par des problèmes juridiques. En 2014, il est devenu le premier ancien président à être placé en garde à vue lors d’une phase préliminaire de l’enquête.

Le mois dernier, un tribunal de grande instance a rejeté un appel pour éviter un autre procès, qui impliquait des accusations de financement illicite de sa campagne de 2012. Les procureurs ont affirmé que M. Sarkozy avait dépensé près de 43 millions d’euros pour sa campagne de réélection – soit près du double de la limite légale de 22,5 millions d’euros – en utilisant de fausses factures. Sarkozy a dénoncé les accusations en faisant valoir qu’il n’était pas au courant de la fraude commise par la société de relations publiques Bygmalion.

L’ancien président a également été inculpé pour des accusations selon lesquelles sa campagne électorale de 2007 avait été aidée par des millions d’euros provenant de Kadhafi.

L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine a affirmé avoir transféré 5 millions d’euros dans une mallette au directeur de campagne de M. Sarkozy à l’époque.

David SCHMIDT

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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