Catherine Laborde nous a quittés à l’âge de 73 ans, des suites d’une longue maladie, laissant derrière elle des prévisions météorologiques plus clémentes que notre chagrin. Pendant des décennies, elle a incarné à elle seule la pluie et le beau temps sur TF1, devenant l’une des figures incontournables de la télévision française.
Qui aurait cru qu’une femme si discrète aurait pu occuper chaque soir nos écrans, parfois plus attendue que le film de 20h50 ? Oui parce que avant, le film commençait à 20h50 et pas 21h20 comme aujourd’hui, juste pour balancer 50 000 pubs !
La naissance d’une étoile
Tout commence quand Catherine, passionnée par les arts de la scène et l’écriture se retrouve un beau jour devant un fond vert à parler de dépression atmosphérique. Il faut dire qu’elle avait d’abord étudié la comédie et fait un passage rapide par le théâtre. Qu’importe : sous le feu des projecteurs elle a su rester naturelle, tandis que les isobares* s’emmêlaient derrière elle. Très vite, ses « Bonjour à tous ! » et ses « À demain ! » deviennent la ritournelle quotidienne que des millions de Français attendent.
Le style Laborde
On se souvient de sa voix douce et de ses sourires rassurants et de cette élégance discrète, qui parvenait à nous annoncer la grisaille du nord ou la canicule du sud sans jamais briser notre bonne humeur. Elle avait l’air de dire :
« Voyons le côté positif : après la pluie, le soleil finit toujours par revenir ! » C’était un peu la grand-mère météo, celle qui nous donnait envie de porter un pull quand elle annonçait une vague de froid, et de sortir nos parasols géants quand elle prédisait une averse.
Pendant plus de 25 ans, Catherine Laborde est devenue la confidente invisible de nos soirées. Sans jamais se prendre pour une vedette, elle accompagnait le pays tout entier dans ses sorties du week-end, ses mariages pluvieux ou ses longues siestes de vacances. Au fil des ans, on aurait presque oublié que l’information météo pouvait être délivrée par quelqu’un d’autre tant Catherine nous semblait irremplaçable.
Son héritage c’est du soleil dans nos cœurs
Son départ de l’antenne en 2017 avait déjà laissé un grand vide, comme si le temps lui-même avait perdu un peu de sa boussole. Maintenant que la grande dame nous quitte pour de bon, il nous reste ses bulletins légendaires et ses innombrables blagues météo délicatement glissées. Oui, Catherine, vous nous avez habitués à ce petit rendez-vous presque intime, comme un coup de fil quotidien à une amie qui nous prévient : « Prends un parapluie, ça va peut-être tomber ! »
Une dernière éclaircie
Dans cette disparition, on trouvera tout de même un joli clin d’œil : Catherine aura toujours su naviguer entre les orages médiatiques et les anticyclones de la gloire avec une humilité rare. En rendant son dernier bulletin, c’est un peu comme si elle nous soufflait un ultime conseil :
« N’oubliez pas de garder la tête haute et le sourire au coin des lèvres, peu importe la météo ».
Alors à toi Catherine, qui nous as fait aimer les cirrus**, détester les nimbus*** et guetter l’anticyclone des Açores, merci pour ce bout de chemin passé ensemble. Tu laisses derrière toi un ciel certes un peu plus gris aujourd’hui, mais gageons que, fidèles à ton esprit, nous saurons bientôt y voir passer quelques rayons de soleil.
Adieu Miss Météo, et merci d’avoir fait de nos bulletins quotidien un rendez-vous chaleureux et plein d’humour.
David SCHMIDT
*Sur une carte météorologique, la pression est représentée par les isobares. Les isobares sont des lignes qui relient les points de même pression atmosphérique à un instant donné.
** Le cirrus est un genre de nuage présent dans la couche supérieure de la troposphère (entre 5 000 et 14 000 mètres d’altitude, dépendant de la latitude et de la saison), formé de cristaux de glace.
*** Nimbus, du latin signifiant nuage de pluie, désigne un nuage sombre aux contours déchiquetés sans forme nette se formant à basse altitude et qui donne des précipitations