Forbach (57)

Avancer dans la vie, à quel prix ?

L’art de sourire même si on se prend les pieds dans le tapis

L’art de sourire même si on se prend les pieds dans le tapis

Par David SCHMIDT, journaliste impertinent et satirique

C’est un beau sujet, n’est-ce pas ?
Avancer, toujours avancer même quand on a l’impression d’avoir chaussé des palmes dans un marécage.
Paraît-il que chaque petit pas nous rapproche de nos rêves, alors pourquoi se priver ?
On fait un pas à gauche et un autre à droite et hop, on finit par se dire que c’est plus simple de rester sur place devant Netflix et un bon bol de Chocapic (oui je suis un quarantenaire qui mange ça devant la télé, cru sans lait !) On nous promet que si on surmonte quelques “petits” défis (genre l’ascension de l’Everest en claquette), on deviendra plus fort. Formidable perspective pour les amateurs de sensations fortes.

Notre époque vénère la quête de l’optimisme et la pensée positive du fameux “Carpe Diem”… On nous vend même l’idée que la moindre difficulté est en réalité un escalier doré vers la réussite. Malheureusement dans la vraie vie c’est souvent un escalier glissant où l’on se détruit la face à l’arrivée. Mais rassurez-vous, en tombant on apprend à tomber mieux. C’est ça l’important ! On ne tombe pas moins, on tombe “plus intelligemment”.

Bien sûr que la vie est parsemée de merveilleuses opportunités. Il suffit d’ouvrir un peu les yeux … Et de payer ses factures, remplir sa déclaration d’impôts, supporter la douce ambiance des transports en commun et respirer la joie de vivre quand on se fait klaxonner dès 7 h du matin.

Mais on nous le répète : “Chaque nouvelle journée est l’occasion de recommencer et de réussir”. Donc le lundi, on rate. Le mardi, on re-rate. Mais le mercredi, on est déjà un professionnel du ratage. Après tout la répétition est la clé du succès … paraît-il.

Il y a ceux qui préfèrent avancer tout seuls en mode “Moi, je gère, j’ai pas besoin des autres”. Après tout, c’est plus pratique pour éviter la désagréable sensation de devoir partager une pizza (et puis ça fait des économies de pourboire). Puis il y a ceux qui avancent ensemble dans une joyeuse cohue d’entraide et d’amitié. On se donne la main, on chante en chœur… Mais si quelqu’un trébuche, tout le monde se casse la figure. À croire qu’on aurait peut-être dû choisir la première option.

Le problème vous l’aurez saisi, c’est qu’on a tendance à confondre “avancer avec bravoure” et “s’entêter à foncer dans le mur”. Au lieu de réviser son itinéraire ou de consulter un GPS émotionnel, on continue la tête baissée histoire d’ajouter un brin d’exotisme (et de commotion) à sa routine.

Parce que oui, si l’on évite les obstacles, où est le challenge ? Où est l’adrénaline de la vie ?
Réponse : bien calée dans la petite bosse qui pousse sur notre front.

Et quand on est fatigué de tous ces efforts, plutôt que de songer à l’avenir, on sombre dans le piège des plaisirs immédiats, un marathon de séries, des cookies par paquets de douze, un abonnement premium à “Je-reportetout-à-demain.com”… La société de consommation s’est adaptée, le livreur nous apporte le dîner, nos courses et peut-être un nouvel espoir si on est abonné à Prime. Parce que viser du long terme c’est très fatigant et qu’après une journée à vouloir “faire mieux”, on préfère se noyer dans un pot glacé Häagen-Dazs pour se réconforter.

Pourtant on nous l’a répété depuis la nuit des temps : “La vie est difficile.” Alors autant l’accepter comme un programme minceur après les fêtes, on ne peut pas y échapper il faut s’y coller. Mais ça ne veut pas dire qu’on doit se mettre à pleurer sur notre sort. Non au contraire. Comme disent les anciens (ou les livres de développement personnel, c’est un peu la même chose), on tombe pour mieux se relever, et c’est le relevé de banque qui tombe souvent bien bas, malheureusement.

Enfin, rappelons que la vie demeure malgré ces défis, jolie et pleine de surprises. Après tout chaque jour est une nouvelle occasion d’attraper un rhume, de rater son café ou d’oublier ses clés… avant de s’extasier sur un coucher de soleil ou le sourire d’un(e) inconnu(e) dans la rue. Oui oui, on peut alterner moments de bonheur intense et de dépression chronique, tout ça en moins de 24 heures c’est ce qui s’appelle vivre.

Alors avançons, trébuchons, tombons, relevons-nous, recommençons. Parce que la vie est fondamentalement une course d’obstacles mais tout l’enjeu réside dans la façon de franchir les haies. Si vous êtes du genre athlétique, c’est parfait. Sinon, improvisez un saut éclaté, mais faites-le avec panache. Qui sait dans cinq ans, vous pourriez regarder vos bleus et vous dire : “Eh ben, j’ai quand même réussi à avancer… plus ou moins.”

En fin de compte, qu’on avance seul en mode ninja ou accompagné en mode colonie de vacances, la vie nous pose la même question : “Voulez-vous renoncer maintenant ou plus tard ?” Sur un malentendu on peut décider de persévérer juste pour voir si on ne rate pas la scène bonus de fin, celle où après tous ces obstacles on se retrouve (enfin) un peu serein, de préférence avec un cocktail à la main et une once de fierté pour se dire : “J’ai survécu à tout ça. Chapeau bas à moi-même !”

Alors oui, les perspectives d’avenir sont parfois plus sombres qu’une grotte sans lampe frontale et on a autant d’assurance qu’un souriceau devant un piège à fromage. Mais pourquoi renoncer à l’aventure ? Tant qu’il y a un brin de folie dans nos yeux et quelques neurones pas trop grillés, on peut encore espérer se relever et rire de nos chutes et avancer par petites foulées, vers on ne sait trop où … mais ensemble ou pas, c’est déjà ça d’avancée.

Allez, bon courage pour la suite, et n’oubliez pas de bien vous hydrater avant de partir à l’assaut de l’Everest du jour ! On se retrouve au sommet… ou dans le ravin. À bientôt !

Allez, bonne année 2025 !

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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