Politique

Hélène Thouy, candidate du Parti animaliste

Nous obtiendrons bien plus que 2% des voix

Cofondatrice du Parti animaliste et candidate déclarée à la présidentielle, l’avocate Hélène Thouy juge prometteur mais encore insuffisant le texte de loi sur la maltraitance animale qui doit être définitivement adopté jeudi. Elle défend sa candidature à l’Elysée pour imposer davantage cette cause aux responsables politiques.

La vente de chiots et chatons en animalerie sera interdite en 2024 et un “certificat d’engagement et de connaissance” sera délivré avant toute acquisition d’un nouvel animal de compagnie. Les animaux sauvages dans les cirques, eux, ne pourront plus être présentés au public d’ici à deux ans et détenus d’ici à sept ans, tandis que la détention de cétacés dans les delphinariums sera prohibée d’ici à cinq ans. Voilà les grandes lignes du texte visant à lutter contre la maltraitance animale qui doit être adopté définitivement au Sénat jeudi, après l’Assemblée nationale mardi.

Pour le Parti animaliste, nouveau venu de ces dernières années sur la scène politique française, c’est bien mais pas encore suffisant. Le mouvement, qui prône notamment la sortie totale en 2027 de l’élevage industriel et intensif et la fin de la chasse, se lance dans la bataille présidentielle avec sa cofondatrice, l’avocate Hélène Thouy, qui défend notamment l’association L214. La candidate se dit convaincue que la cause animale doit être incarnée spécifiquement pour cette élection. Entretien.

La proposition de loi sur la maltraitance animale, issue de la majorité présidentielle, est soumise définitivement au vote du Sénat jeudi, après son adoption mardi à l’Assemblée nationale. Comment jugez-vous ce texte?
Il s’agit indiscutablement d’une avancée historique pour les animaux. Je salue le travail des députés qui se sont mobilisés sur ce texte. C’est le fruit aussi de la mobilisation depuis de longues années des associations et du fait que cette cause soit devenue politique depuis l’émergence du Parti animaliste aux élections européennes de 2019 (2,16% des voix). Ces mesures concernant les animaux de cirque ou des parcs aquatiques sont attendues depuis de longues années. En revanche, les animaux d’élevage et la chasse sont les grands oubliés de ce texte et plus généralement du quinquennat de Macron. L’élevage, c’est pourtant trois millions d’animaux abattus chaque jour en France.

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Lorsque vous évoquez le caractère “historique” de cette loi, ne soulignez-vous pas que ce quinquennat a fait davantage que les autres sur la cause animale?
Sur les seuls thèmes portés par ce texte, oui. Mais on ne peut pas dire que ce gouvernement a été exemplaire sur la cause animale. Au contraire. Ce quinquennat est entaché par les nombreux cadeaux faits aux chasseurs, comme la division par deux du coût du permis de chasse. C’est pour cela qu’il faut continuer à porter la cause animale dans le débat politique. Nous, nous voulons l’interdiction complète de la chasse. Le président des chasseurs a lui-même convenu que la régulation des animaux, qui était le seul argument qu’on pouvait opposer à l’interdiction de la chasse, n’était pas importante. Il tue des animaux pour le plaisir de tuer les animaux, ce qui est inacceptable. Mais au moins, les choses sont claires.

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L’apparition de votre mouvement sur la scène politique est-elle réellement de nature à changer les choses?
Nous avons créé ce parti parce que la question animale n’arrivait pas à émerger, même en relayant nos propositions auprès des partis traditionnels. Et nous avons prouvé aux européennes que sans exposition médiatique, avec peu d’argent et sans avoir des bulletins partout dans les bureaux de vote, on arrivait à faire 2,2%. Les responsables politiques ont vu que des électeurs pouvaient se mobiliser sur ce seul sujet et depuis, l’ensemble des formations essayent d’avoir des positions sur la cause animale. Mais celles-ci ne sont clairement pas à la hauteur des enjeux.

Nous sommes assez réalistes, nous n’allons pas remporter cette élection

Ne pensez-vous pas qu’au-delà de votre seul parti, il y ait un mouvement naturel de l’opinion vers la question du bien-être animal?
Bien sûr, nous sommes juste le relais sur le plan politique de cette préoccupation, nous ne l’avons pas créée.

Comment accueillez-vous le sondage de l’Ifop commandé par votre parti, dans lequel vous êtes créditée de 2% des intentions de vote?
D’abord, nous espérons que ce résultat convaincra les instituts de sondages de continuer à tester notre candidature, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Nous sommes crédités davantage que certains candidats qui sont, eux, systématiquement testés et ont beaucoup la parole dans les médias. Cela montre bien que la parole animale pèse. Ces 2% sont en plus à relier à la faible notoriété de ma candidature. Je suis donc persuadée que notre potentiel électoral se trouve bien au-delà. Nous obtiendrons un score nettement supérieur à celui des européennes.

Souhaitez-vous être présidente de la République?
Nous sommes assez réalistes, nous n’allons pas remporter cette élection. Mais ce n’est pas l’objectif. Nous voulons faire de la cause animale un enjeu majeur de ces prochaines années et l’inscrire à l’agenda politique. La seule chose qui obligera les responsables politiques à en tenir compte, c’est la crainte pour eux de perdre des voix. Pour cela, il faut peser électoralement et se présenter à l’élection présidentielle.

La cause animale recoupe elle-même de grandes thématiques comme l’économie, le social ou l’emploi

Où en êtes-vous dans votre quête des 500 parrainages?
Tous les jours, nous recevons des promesses de parrainages mais nous ne communiquons pas sur leur nombre pour ne pas subir de pressions. Cette recherche est compliquée comme elle l’est pour la plupart des candidats issus de “petits” partis. Le problème est qu’une majorité des maires ne veulent parrainer personne, l’enjeu est donc d’abord de les convaincre de garantir le pluralisme politique.

Assumez-vous de ne pas vous intéresser aux nombreux autres sujets qui peuvent être abordés lors d’une campagne présidentielle?
Notre stratégie est de ne rester que sur la question animale. Sur certaines thématiques trop déconnectées, nous assumons de ne pas avoir de position arrêtée car ce n’est pas l’objet de notre candidature. Mais la cause animale recoupe elle-même de grandes thématiques comme l’économie, le social ou l’emploi. L’idée n’est pas d’exclure les humains, mais au contraire d’élargir le champ de la réflexion en intégrant les animaux.

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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