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Jérôme Pécresse, ce que vous devez savoir !

Quand Jérôme Pécresse supprime 800 emplois dans la région de Valérie

Valérie Pécresse ne s’en cache pas : le 24 avril, si elle remporte la course à l’Elysée, sa « première pensée » sera pour « lui ». Lui, c’est Jérôme, son mari, le père de leurs trois enfants, appelé, en cas de victoire, à devenir le tout « premier monsieur » de l’histoire de la République.

Depuis, le discret Jérôme Pécresse, jusqu’ici demeuré dans l’ombre, se plie aux règles du storytelling. On le voit interviewé à la télé ou en photo dans « Paris Match », visage poupin, petites lunettes rondes, air de premier communiant, jouant au Trivial Pursuit en famille ou pédalant dans la campagne corrézienne aux côtés de « Valérie »

Alstom : quand Jérôme Pécresse supprime les emplois de la région de Valérie

Près de 800 licenciements ont été officialisés par Alstom et General Electric, essentiellement à Levallois et Massy, en Ile-de-France. Une “restructuration des effectifs” pilotée par un certain… Jérôme Pécresse, époux de la toute nouvelle présidente de la région Ile-de-France. La même qui a fait de la lutte contre le chômage sa priorité.

Ce mercredi 13 janvier, ce qu’il reste de la direction d’Alstom Energie, dont la prestigieuse branche a été rachetée, malgré la controverse, par le géant américain General Electric (GE), en avril 2014, a en effet annoncé la suppression de près de 800 emplois, essentiellement à Levallois (dans les Hauts-de Seine) et à Massy (Essonne), au coeur du fief de Valérie Pécresse.

Une “restructuration des effectifs” en France – et en Europe où 6500 postes seront au total supprimés – née de la fusion avec General Electric, directement pilotée par un certain Jérôme Pécresse, membre du comité exécutif (constitué de 7 personnes) et précisément en charge, côté français, de “l’intégration” des activités de la branche Energie d’Alstom dans celles de General Electric.

Mais qu’en pense Valérie Pécresse qui a fait des 700.000 franciliens qui cherchent d’ores et déjà du travail sa “priorité immédiate” ? Gêné, le service presse de l’élue, peu au fait de la situation, n’a d’abord pas bien su quoi répondre, avant d’affirmer que la présidente de la région Ile-de-France serait bien sûr “attentive” à ces suppressions d’emplois. Bien qu’elle n’y ait pas beaucoup prêté attention jusqu’ici malgré les bruits de couloirs toujours plus insistants.

Chômage pour certains, retraite dorée pour d’autres

Patrick Kron, le très habile PDG d’Alstom, sur le départ, s’apprête, lui, à quitter le groupe le 1er février avec les poches pleines. Au-delà de sa retraite dorée de 10 millions, il touchera une prime exceptionnelle de 4 millions supplémentaires. Mais l’homme a su être généreux avec ses soldats les plus dévoués, dont Jérôme Pécresse, bras droit dans l’intégration Alstom/GE, membre du comité exécutif et promu à la tête de GE Renewable, (secteur très prometteur de l’Energie Renouvelable).

Ses multiples casquettes lui permettront ainsi d’empocher, lui aussi, comme l’expliquait Marianne, une coquette somme, soit 430.000 euros d’actions gratuites auxquelles s’ajoutent selon le rapport d’activité du groupe la rémunération fixe (3.546.000 euros que se répartiront les sept membres du comité exécutif), et la rémunération variable (2.214.000 euros à diviser là encore par sept.) Sans compter leur propre retraite chapeau : 7.806.000 euros à se partager au 31 mars 2015. En tout, Jérôme Pécresse est par conséquent, à ce jour, assuré de toucher, au minimum, plus de deux millions d’euros pour ses loyaux services. Hors rémunération GE Renewable que permettra d’évaluer le prochain rapport d’activité de General Electric.

La présidente de la région Ile-de-France peut en effet s’attendre à ce que certaines de ses casseroles politiques refassent surface

En 2014, la branche énergie du groupe Alstom est rachetée par l’américain General Electric. Cinq ans plus tard, cette cession continue de faire couler beaucoup d’encre. Le parquet national financier, notamment, a récemment indiqué s’être saisi de l’affaire après qu’un député a émis des soupçons quant à un potentiel «pacte de corruption» impliquant Emmanuel Macron.

Une enquête préliminaire ouverte, plusieurs plaintes déposées et un thriller politico-industriel qui revient sur le devant de la scène. Hasard du calendrier ou concertation entre les différents acteurs, le dossier ô combien épineux du rachat de la branche énergie d’Alstom par General Electric en 2014 fait de nouveau polémique depuis quelques jours. Cette transaction, de près de 13 milliards d’euros, était – et est toujours – qualifiée par ses opposants de «scandale d’État», celle-ci revenant, entre autres, à confier à un groupe étranger la maintenance des turbines des 58 réacteurs nucléaires français.

Un pôle énergie du fleuron industriel français vendu comme le cul de la France !

Ce n’est malheureusement pas la première fois que notre savoir faire est vendu pour être pillé par une entité étrangère.

Belfort, dont le nom symbolise l’esprit de résistance, se bat à nouveau le dos au mur. General Electric, auquel la branche énergie d’Alstom a été vendue en 1999 pour les turbines à gaz et en 2015 pour le reste, annonce la suppression de plus de 1000 emplois, le quart de son effectif, la moitié de ceux qui travaillent dans le secteur des turbines à gaz, à tel point que la pérennité du site paraît menacée. C’est évidemment un crève-cœur pour le maire de Belfort que j’ai été pendant plus de vingt ans, mais plus encore un épisode symbolique d’un processus de désindustrialisation, lui-même indissociable de la financiarisation et du démantèlement de nos grands groupes industriels depuis plus de deux décennies.

Jean-Pierre Chevènement: «Le drame d’Alstom témoigne du déclin du patriotisme des élites en France»

Jérôme Pécresse a réitérée jeudi 11 juillet au palais du Luxembourg lors d’une audition par des sénateurs, en accusant Patrick Kron, ancien PDG du groupe Alstom, d’avoir «trahi son pays». De son côté, l’ONG française Anticor a déposé lundi 22 juillet une plainte pour «corruption» et «détournement de fonds publics» auprès du pôle financier du tribunal de Paris.

Ces derniers rebondissements, qui portent sur des aspects très différents les uns des autres, viennent rappeler la profonde complexité de l’affaire Alstom-General Electric.

Parallèlement en 2019, lors d’un dîner à Belfort avec l’intersyndicale fin juin, Arnaud Montebourg, ancien ministre de l’Économie de François Hollande, a appelé gouvernement à «annuler» la vente qu’il qualifie «d’erreur majeure». Une recommandation qu’il a réitérée jeudi 11 juillet au palais du Luxembourg lors d’une audition par des sénateurs, tout en accusant Patrick Kron, ancien PDG du groupe Alstom, d’avoir «trahi son pays». De son côté, l’ONG française Anticor a déposé lundi 22 juillet une plainte pour «corruption» et «détournement de fonds publics» auprès du pôle financier du tribunal de Paris.

Ces derniers rebondissements, qui portent sur des aspects très différents les uns des autres, viennent rappeler la profonde complexité de l’affaire Alstom-General Electric.

« Des prestataires qui ont été rémunérés grâce à la vente d’Alstom Power figuraient parmi les donateurs de la campagne d’Emmanuel Macron »
Olivier Marleix, députe LR en charge de la commission d’enquête

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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