Les Français qui souffrent
Ce pays où l’on dit que tout va toujours mal, mais où les choses vont effectivement… mal.
Ma France ! Ce pays où l’on dit que tout va toujours mal, mais où les choses vont effectivement… mal.
Entre l’augmentation du coût de la vie, des sourires disparus sous l’indifférence, et une énergie collective proche de celle d’un grille-pain débranché, les Français approchent Noël avec la même joie qu’un pot de mayonnaise oublié en plein soleil.
Chronique d’un pays à genoux, prêt à s’allonger
Noël, cette période magique où les lumières scintillent et où les Français tels des moutons bien dressés traînent leurs âmes fatiguées dans des centres commerciaux bondés. Ce n’est pas un effondrement moral qu’on vit, c’est un véritable naufrage. Mais ne vous inquiétez pas ! Ici on a décidé de couler avec élégance une coupe de mauvais vin dans une main et l’espoir d’un avenir qui n’existe pas dans l’autre. Ici tout est devenu silence. Pas le silence apaisant d’une nuit étoilée, non. Celui qui s’installe quand plus personne n’a la force de parler, d’espérer de croire. Les Français avancent, tête baissée, écrasés sous le poids d’un quotidien qui ne promet plus rien. Plus de lumière, plus de rêves, plus de révolte. Seulement ce vide oppressant qui s’étend inexorablement comme une marée noire avalant tout sur son passage.
- Un emploi, pour quoi faire ?
La quête de l’emploi en 2024 ressemble à une légende urbaine, tout le monde en parle mais personne ne l’a vraiment vu. Bien sûr il y a des offres d’emploi ! Enfin, si vous acceptez d’avoir un doctorat en astrophysique pour un poste d’agent d’accueil payé en tickets-restaurants. Et si par miracle vous décrochez un poste, préparez-vous à devenir l’expert en tableau Excel que personne ne lit. Et pourtant, le système te susurre encore à l’oreille ; « C’est à toi de te battre, de t’adapter. » Mais se battre contre quoi ? Contre une machine qui n’a même pas remarqué que tu existes ? Alors tu capitules, lentement, et tu rejoins cette masse informe de vies suspendues, où l’attente est le seul horizon. - Noël, cette fête du partage… ou de la solitude
Il y a ceux qui passeront Noël entourés d’une famille aimante. Et puis il y a les autres, ces héros méconnus qui affronteront leur réveillon avec un bol de soupe déshydratée et un marathon des rediffusions de « Joséphine, ange gardien ». Un sapin en plastique en guise de confident et des guirlandes qui clignotent comme pour te rappeler que la lumière elle aussi peut vaciller. Pour les plus seuls, c’est encore pire. Ils allument une bougie non pas pour la chaleur mais pour avoir l’impression, l’espace d’un instant, que quelque chose brille encore. Et dans l’ombre de cette pièce trop grande pour une seule âme, le silence revient. Toujours. - Les réseaux sociaux, ou la dépression en HD
Dans ce théâtre cruel qu’est Instagram, on admire des vies où tout est parfait, brunchs millimétrés, sourires Colgate et enfants qui ne pleurent jamais. Pendant ce temps, toi tu pleures dans ton bol de céréales. Mais rassure-toi, tout ça c’est du fake. Ils sont aussi misérables que toi, mais avec un filtre. Tu scrolles encore et encore, comme si tu cherchais quelque chose. Mais quoi ? Une validation ? Une preuve que la vie peut encore être belle ? Ce que tu trouves c’est une galerie de vitrines mensongères où chacun maquille sa détresse pour la rendre instagrammable. - Un moral national en RTT
Les Français ont toujours aimé râler mais ces derniers temps … On se traîne, on soupire, et on espère secrètement qu’un miracle nous tombe dessus ou qu’au moins quelqu’un offre un chargeur à nos ambitions épuisées. La France ne se bat plus. Les révolutions d’antan sont des contes qu’on raconte aux enfants pour leur donner une illusion de grandeur. Aujourd’hui, on ne descend plus dans la rue, on reste chez soi, attendant que le monde s’écroule complètement. Parce qu’au fond, il n’y a plus rien à sauver. - La France, ce pays qui s’éteint en silence
Le moral des Français n’est plus en berne : il est en pièces détachées. Plus personne n’a la force de se battre. On regarde les grèves à la télé comme on regarde un feuilleton, c’est distrayant mais on sait bien que ça ne changera rien. Tout le monde s’accroche à un système qui tombe en ruines, persuadé qu’un miracle arrivera. Mais il n’y a pas de miracle, il n’y a que des larmes qu’on cache derrière des sourires forcés. Chaque journée est un copier-coller de la précédente, métro, boulot, fardeau. Même les grèves autrefois symbole de lutte ne sont plus qu’un murmure, un écho lointain d’un peuple qui a oublié ce que c’était que de croire en quelque chose.
Alors, on fait quoi ? On attend le grand soir, celui où tout ira mieux ?
Ou on continue de porter notre mélancolie comme un badge d’honneur entre un café tiède et un « bonne année » sans conviction ? La vérité, c’est qu’on a encore ce superpouvoir français : rire du désastre, se moquer des autres, tant qu’on aura ça, peut-être qu’on est encore un peu vivants.
Et toi qui lis ces mots, tu le sens n’est-ce pas ? Ce poids sur ta poitrine, cette lente agonie de l’espoir. Tu aimerais qu’il y ait une issue, une lumière, un sens. Mais il n’y en a pas. Il n’y a que ce vide immense et oppressant qui nous avale tous un par un.
Alors on continue parce qu’on ne sait pas quoi faire d’autre. On continue de marcher, de travailler, de respirer, en attendant que tout s’arrête. Et peut-être qu’un jour on se souviendra que tout ça n’avait aucune importance. Peut-être qu’un jour, même ça on l’oubliera.
David SCHMIDT