Politique

Martin Rocca

Une partie des abstentionnistes ne s’occupent pas de politique

Comment avez-vous basculé dans l’engagement citoyen ?
Par un certain contexte familial, des lectures, des rencontres… Je me suis toujours intéressé à la question de notre vie en société mais c’est en discutant avec des militants d’Extinction Rebellion que j’ai compris que, malgré mes prises de positions politiques, non seulement je n’agissais en rien pour le changement que j’appelais de mes vœux mais, pire que ça, je les critiquais, eux, qui agissaient. Alors je me suis demandé comment je pourrai être plus utile et j’ai commencé à imaginer le projet qu’est aujourd’hui Constituante 2022.

D’où vous est venue cette idée de réaliser ce Tour de France l’été dernier et quels étaient vos objectifs?
Au printemps 2020 j’avais finalisé mon projet sur le papier : une candidature à l’élection présidentielle, sans programme de gouvernement mais visant uniquement à défendre la rénovation démocratique de nos institutions. Mais tout cela restait trop théorique et j’avais besoin d’une confirmation du réel.
Je suis donc parti à la rencontre des maires en France avec deux objectifs : évaluer la faisabilité de mon projet auprès de ceux sans qui il ne pourrait pas exister et commencer à faire parler de cette initiative partout en France, notamment par le biais de la presse régionale (Ouest-France, La Provence, France Bleu, BFM D !CI…)

Aujourd’hui vous vous présentez à l’élection présidentielle. De façon pratique, où en êtes vous au niveau des parrainages, du financement et des moyens de communication?
Au niveau des parrainages on procède par étape.
On a déjà été en relation avec des dizaines de maires et d’élus, notamment cet été, mais notre objectif à court terme c’est d’obtenir plus de visibilité médiatique.
Pour le financement, même si je continue à travailler en parallèle comme traducteur, j’ai fait en septembre un prêt personnel pour lancer la structure qui nous permettra de mener campagne jusqu’au bout. On va également entamer une grande campagne de don d’ici la fin de l’année.
Et pour ce qui est de la communication, on est aujourd’hui présents sur presque tous les réseaux sociaux et on travaille notamment à développer notre chaîne YouTube sur laquelle on publie maintenant une vidéo chaque semaine.

Pourquoi faire de l’assemblée constituante votre discours de campagne ?
Si la constitution de la Ve République n’a jamais été la plus démocratique, elle a néanmoins permis à la France de sortir de la guerre d’Algérie et de retrouver une certaine stabilité qui a favorisé de nombreuses avancées économiques, sociétales et diplomatiques.
Cependant, la pratique du pouvoir s’est peu à peu dévoyée, la présidentialisation s’est renforcée, notamment avec l’inversion du calendrier électoral en 2001, et les institutions n’ont pas su s’adapter aux dernières évolutions technologiques et sociétales. Résultat : la légitimité démocratique de notre gouvernement s’est peu à peu érodée, réduisant ainsi sa capacité à appliquer un programme face à une opposition populaire grandissante.
Aujourd’hui, si le constat de l’inefficacité de nos institutions est très largement partagé, les solutions à mettre en place sont beaucoup moins consensuelles. Une assemblée constituante représentative de l’ensemble de la société française permettrait de faire s’affronter ces différentes solutions et de débattre dans un cadre rationnel et apaisé. Ce moment de souveraineté extraordinaire assurerait l’élaboration d’une nouvelle constitution, plus démocratique, plus efficace.

Dans quelle mesure la constitution actuelle ne convient plus aux exigences d’une nouvelle démocratie?
Il suffit aujourd’hui d’être soutenu par une minorité fortement mobilisée pour accéder au second tour de l’élection présidentielle et d’être moins détesté que son adversaire pour remporter le pouvoir. Il suffit également du soutien bien réparti de 15% des citoyens pour obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Résultat, notre gouvernement est désigné par un président et soutenu par une assemblée très peu représentatifs.
Tout ce système tient par conservatisme et par la légitimité symbolique qui l’entoure. Mais à mesure que les crises vont se multiplier et les blocages s’accumuler, la responsabilité de la constitution actuelle sera de plus en plus évidente.

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

Articles similaires

Donnez-nous votre avis sur cette article !

Voir Aussi
Fermer
Bouton retour en haut de la page