Planète habitable
Des milliers de planètes habitables
Du 28 au 30 juillet, près de 400 observatoires astronomiques seront ouverts au public. L’occasion de découvrir les corps célestes qui nous entourent.

Ces temps-ci, le petit monde de l’astronomie est sens dessus dessous. Pas une semaine sans que des scientifiques ne fassent une découverte sensationnelle. Fin juin, la Nasa annonçait avoir identifié dix nouvelles planètes “habitables” grâce à son satellite-télescope Kepler, en orbite depuis 2009. Quelques jours plus tard, une équipe travaillant à l’observatoire d’Arecibo (Porto Rico) affolait la Toile en indiquant avoir capté un signal radio extraterrestre en provenance de l’étoile Ross 128. Après avoir étudié cette “émission” de près, le professeur Abel Méndez a douché l’enthousiasme des amateurs de science-fiction en indiquant, le 21 juillet, que le “bruit” enregistré était probalement celui d’un satellite géostationnaire.Récemment encore, trois astronomes amateurs ont repéré, à 110 années-lumière de notre système solaire, une nouvelle étoile brune (probablement mort-née) en compulsant les milliers d’images postées sur le Net par l’agence astronomique américaine dans le cadre du programme de recherche collaboratif “Planet 9”. Validée le 17 juillet par la Nasa, qui a d’ailleurs chaudement félicité les quatre “inventeurs” de cet astre, cette découverte ne devrait pas être la seule de l’été.
Levez les yeux !
L’Association française d’astronomie (AFA) organise, en effet, du 28 au 30 juillet prochain la 3e édition de “la nuit des étoiles”. Une manifestation au cours de laquelle près de 400 observatoires astronomiques seront ouverts au public et de nombreuses conférences organisées sur le rôle que peuvent jouer les astronomes amateurs dans le repérage de nouveaux corps célestes.
À cette occasion, l’AFA publie un hors-série passionnant de sa revue Ciel & Espace (100 pages, 8,50 €). Un numéro intégralement consacré aux exoplanètes (extérieures au système solaire, NDLR)… habitables. On y découvre que plus de 4 000 d’entre elles ont été recensées depuis 1995. Date à laquelle Michel Mayor et Didier Queloz ont pointé du doigt, pour la première fois, une planète dans la constellation de Pégase, à 51 années-lumière de la Terre.
“À mesure que les découvertes d’exoplanètes tombent, les questions se font plus précises… et plus pressantes. Parce que nous découvrons désormais des mondes prometteurs qui, sans ressembler tout à fait à la Terre, en partagent certaines caractéristiques. Il y aurait de l’eau sur la petite planète qui tourne autour de Proxima du Centaure – la plus proche étoile du Soleil. Sept planètes de la taille de la Terre viennent d’être découvertes autour d’un seul et même astre dans le Verseau. Ces mondes sont-ils habitables ? Les astronomes veulent aujourd’hui se donner les moyens de le savoir”, énonce David Fossé, qui a coordonné cette publication.
Un univers pas si vide…
Compte tenu du fait que les scientifiques n’ont, à ce jour, sondé qu’une zone limitée de notre Voie lactée (un cercle de 300 années-lumière et un mince faisceau ne dépassant pas les 3 000 années-lumière), les astronomes s’attendent à ce que le nombre d’exoplanètes existantes dépasse la dizaine de milliards ! Dans une interview lumineuse d’Hubert Reeves, réalisée par Alain Cirou, l’astrophysicien affirme la conviction que l’on découvrira bientôt des planètes comportant, comme la nôtre, des conditions favorables au développement de la vie.
Mais le scientifique, par ailleurs président de l’association Humanité et biodiversité, met en garde ceux qui, à l’instar de Stephen Hawking, préconisent de quitter la Terre pour “sauver l’espèce humaine” de la catastrophe environnementale en cours. “Fuir ne sera pas la solution (…). Si nous continuons à mettre le profit immédiat au centre de nos actions, que va-t-on faire de différent si on va ailleurs ?” interroge-t-il.
Hubert Reeves recommande plutôt que les humains prennent exemple sur les tortues. Présentes sur terre depuis 250 millions d’années, elles ont traversé quantité de perturbations géologiques et climatologiques car elles sont parvenues à s’intégrer dans un écosystème qu’elles ont respecté. “Imaginer qu’on va résoudre le problème en allant vivre ailleurs, si on n’a pas appris à vivre ici en harmonie avec la nature, c’est ridicule. On va juste transporter le problème dans un autre endroit”, tranche-t-il.