David SCHMIDTFrance

Précaires et chômeurs en France

Un danger pour le lien social

2019: Chômage et précarité, un danger pour le lien social

Depuis une vingtaine d’années, le chômage reste à un taux très élevé en France. À ce problème social et économique majeur s’ajoute actuellement une forte tendance à la précarisation du monde du travail, dans tous les domaines.

Le chômage tue

10 000 à 14 000 décès seraient chaque année directement imputables au chômage. […] « C’est un problème de santé publique majeur », dit Pierre Meneton, chercheur à l’Inserm, qui a dirigé l’étude […] : 6 000 volontaires en âge de travailler ont été suivis pendant douze ans par l’institut. Et le bilan est sans appel : la mortalité des chômeurs est trois fois plus importante que celle des personnes en emploi. « Les 600 suicides par an en France dus au chômage ne sont que la partie émergée de l’iceberg », explique Pierre Meneton. Cette surmortalité des chômeurs est multifactorielle : tabagisme, moins bonne alimentation, diminution des ressources financières, sédentarité… […] Ses travaux montrent aussi que le risque de cancer est lui aussi plus important pour les chômeurs. […] Dépression, maladie, stigmatisation : le cercle infernal du chômage. Car cela marche dans les deux sens. Il est encore plus difficile de retrouver un emploi lorsque l’on est en mauvaise santé.
Nicolas Bœuf, « Pourquoi le chômage est un facteur de mortalité », Libération.fr

07/12/2019 : Le cortège des « gilets jaunes » a rassemblé environ un millier de personnes ce samedi 7 décembre à Paris, où se tenait également une manifestation des précaires et des chômeurs. Des marches mêlant des mouvements de revendications multiplies ont également eu lieu en région.

Deux jours après la mobilisation contre la réforme des retraites, et trois avant celle annoncée mardi, ce fut au tour des précaires et des chômeurs de manifester ce samedi à Paris. Dans le quartier du Montparnasse, dans le sud de la capitale, ils étaient environ une centaine à défiler contre la modification des règles de l’assurance-chômage.

Depuis le mois dernier, celles-ci imposent aux demandeurs d’emploi d’avoir travaillé six mois sur les deux dernières années pour toucher une indemnisation, contre quatre mois sur 28 jusqu’alors. Un changement qui exclut un grand nombre de bénéficiaires de l’assurance-chômage.

Autre sujet de mécontentement : la réforme des retraites, dont le gouvernement doit préciser les contours la semaine prochaine. « Il essaie de faire croire que les travailleurs précaires seront les mieux lôtis, alors que c’est totalement faux : la retraite par points aura pour conséquence principale l’allongement de la durée de cotisation et la pension sera calculée sur l’ensemble de la carrière, y compris les périodes d’inactivité. Les premières victimes, ce sont bien les travailleurs privés d’emploi et précaires. Avec le régime par points, ce sont des millions de retraités en plus qui seront au minimum vieillesse », s’alarme Pierre Garnodier, secrétaire général de la CGT pour les précaires et les chômeurs.

« Balayer devant leur porte »

Les manifestants ont été rejoints par un cortège de « gilets jaunes », qui marquaient leur 56e journée de mobilisation. « A la base, je devais finir à 67 ans. Avec leur nouvelle forme de calcul, je prendrais ma retraite à 72 ans, proteste Magali, intermittente du spectacle, gilet jaune sur les épaules. Je trouve qu’ils devraient d’abord balayer devant leur porte avant de commencer à réformer tous les soi-disant privilégiés de France. »

Ralliés par des étudiants, des militants antifascistes et des syndicalistes de la CGT, les « gilets jaunes » étaient partis de Bercy en fin de matinée, criant les slogans habituels de ce mouvement social né le 17 novembre 2018 : « Macron démission », « Tout le monde déteste la police ». En début d’après-midi, dans le quartier du Montparnasse, des incidents entre manifestants et policiers ont brièvement perturbé le cortège qui voulait dévier de l’itinéraire déclaré en préfecture.

Tirs de gaz lacrymogène

Un groupe de manifestants a tenté de forcer un barrage des forces de l’ordre, qui les ont repoussés avec leurs boucliers et des grenades lacrymogènes, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse. Quelques autres tirs de gaz lacrymogènes se sont ensuite produits en tête de cortège. Une personne a été évacuée sur une civière par des « street medics », sans que l’on connaisse dans l’immédiat la gravité de sa blessure.

En fin de journée, plusieurs dizaines de personnes ont répondu à un appel à se rassembler aux Halles pour une « convergence des colères » quand d’autres se sont dirigées sur les Grands Boulevards, au centre de Paris. Ces manifestations sauvages ont été progressivement dispersées par les forces de l’ordre avant le début de la soirée.

Heurts à Nantes

En région également, des marches mêlant dénonciation de la précarité, contestation de la réforme des retraites et « gilets jaunes » ont eu lieu : selon les autorités, elles ont par exemple réuni 700 personnes à Lyon, 1 200 à Caen, 1 800 à Marseille et près de 3 000 à Nantes.

Des rassemblements parfois émaillées de dégradations et de heurts avec les forces de l’ordre, comme à Nantes où les manifestants s’en sont pris à la préfecture. A l’échelle nationale, le ministère de l’Intérieur estime que près de 25 000 personnes se sont mobilisées.

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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