Légalisé depuis avril 2020, le rétrofit électrique est l’opération par laquelle un véhicule (scooter, moto, voiture, camion, autobus, etc.) équipé d’un bloc thermique – essence ou diesel – est transformé, par une entreprise agréée, en modèle fonctionnant avec un moteur électrique.
La première partie consiste à débarrasser l’engin de tous les éléments devenus inutiles. Ainsi le moteur, le pot d’échappement, le système de refroidissement, le réservoir de carburant, etc. La boîte de vitesses pourra éventuellement être conservée pour réduire le coût total de la modification. Sont montés à la place toute une architecture composée d’un moteur électrique, d’une batterie de traction et son chargeur (véhicules légers) ou d’une pile à combustible hydrogène (véhicules lourds : camions, autobus, etc.), et toute la partie électronique qui leur permet de fonctionner.
Une fois la transformation réalisée, un certificat de conformité est transmis par le fabricant du kit de conversion. Ce document est indispensable pour obtenir de la préfecture la mise à jour de la carte grise.
Intérêt de la conversion
Sans revenir sur les raisons d’utiliser une voiture électrique au quotidien à la place d’un modèle thermique, la conversion (ou rétrofit) permet de modérer l’empreinte de ses déplacements de façon plus importante que d’acheter un modèle neuf et de détruire ou laisser circuler son ancien véhicule.
En accordant une seconde vie à ce dernier, on évite les rejets de CO2 et de polluants liés à la destruction prématurée d’un engin qui est encore le plus souvent en bon, voire même en excellent état de rouler. A ces gains sur les facteurs qui accentuent le dérèglement climatique et nombre de maladies respiratoires ou neuro-dégénératives, s’ajoutent ceux sur une voiture électrique neuve qui n’aura pas besoin d’être produite.
En outre, le développement de la conversion permet à une filière spécialisée, composée de nombreux artisans locaux, de s’établir. C’est donc, pour l’économie des pays et pour l’emploi, une aubaine. A noter que le rétrofit est intéressant pour un véhicule relativement peu ancien (une dizaine d’années d’âge), mais aussi avec des modèles de collection qui peuvent redevenir utilisables au quotidien pour beaucoup.
Après un coup d’épée dans l’eau…
L’idée d’une évolution de la législation pour permettre le rétrofit électrique n’est pas nouvelle. Sans remonter aux temps où elle était permise, notamment quand nécessité faisait loi – lors de la Seconde Guerre mondiale par exemple -, une association militait déjà pour ce type de transformation. Dès 2008, Bientôt électrique, fondée à Blois (41) par Cyrille Quéron, avait tenté de faire évoluer les choses.
A bord de Citroën Dyane et 2 CV converties, le jeune président avait embarqué l’ancien Premier ministre et maire de Bordeaux Alain Juppé, et Henri Proglio, alors patron d’EDF. Arrivé sans doute trop tôt dans le jeu, le Blésois a cependant laissé des traces réelles chez les pionniers de la mobilité électrique. Et peut-être aussi chez ceux qui s’activent aujourd’hui avec plus de succès à faire avancer le sujet.
De son côté, découragé par le mur administratif, le Perpignanais Marc Areny s’est exilé en Roumanie pour convertir des Dacia à l’électrique, après une expérience réussie en 2013 sur une Porsche 944 de 1985.
Si l’idée de la conversion de véhicules thermiques en électriques a pu aboutir à une modification de la législation en France, c’est grâce à l’impulsion de nouvelles et dynamiques entreprises qui ont poussé de toutes leurs forces. Elles se sont réunies en une association baptisée « AIRe » (Acteurs de l’industrie du rétrofit électrique).
A la base, 4 membres fondateurs : Brouzils Auto connu pour son ElectroCox qui a aussi embarqué nombre de personnalités politiques ouvertes au sujet, Ian Motion qui s’est spécialisé dans la transformation d’anciennes Mini, Retrofuture qui travaille sur une palette plus élargie (Combi Volkswagen, Peugeot 504, Citroën DS 1969, etc.), et Carwatt qui se distingue par ses véhicules cibles (engins de service aéroportuaires, d’entretien de la voirie, de logistique urbaine, bateaux, etc.).
La liste des adhérents s’est rapidement allongée. Notamment avec l’arrivée du Méhari Club Cassis qui propose déjà des Citroën Méhari électrifiées en quadricycles sous le nom d’Eden, de Faraday Aerospace qui commercialise des systèmes de propulsion électrique pour l’aviation, de Transition-One (soutenu par Mobivia, maison-mère de Norauto et Carstudio) qui espère parvenir à un coût serré de 5.000 euros pour une conversion aidée par l’Etat, et d’Oscarlab (par le fondateur d’Oscaro, marchand Web de pièces détachées pour l’automobile) qui a fait ses armes en convertissant des Land Rover.
Fin 2020, les entreprises orientées vers le rétrofit électrique commençaient à de compter en dizaines dans l’Hexagone.
Véhicules concernés
Peuvent être convertis à l’électrique les véhicules à motorisation thermique (à allumage commandé ou à compression) des catégories M (engins comptant au moins 4 roues et conçus pour le transport de passagers : voitures particulières, minibus, autobus y compris les modèles articulés, autocars, etc.) et N (véhicules conçus pour l’acheminement de marchandise et ayant au moins 4 roues : utilitaires légers, camions de tous tonnages) de plus de 5 ans à la date de conversion.
Le délai est ramené à 3 ans pour les engins qui entrent de le groupe L (véhicules motorisés à 2, 3, ou 4 roues : cyclomoteurs, motos avec ou sans side-car, quadricycles divers, etc.).
Des modèles plus récents peuvent être transformés si le fabricant du dispositif de conversion a reçu un accord du constructeur. En revanche, les véhicules immatriculés en collection et les engins agricoles sont exclus du dispositif.
Bonus et prime à la conversion
Fin 2020, le bonus gouvernemental ne concerne pas le rétrofit électrique.
En revanche, le dispositif de la prime à la conversion accorde 5.000 euros pour modifier une voiture particulière à condition de respecter un revenu fiscale de référence par part (RFU) inférieur à 18.000 euros. Dans le cas contraire, l’aide tombe à 2.500 euros. Sans condition financière, l’enveloppe est de 5.000 euros pour les camionnettes et de 1.100 euros pour les véhicules à 2 ou 3 roues et les engins considérés comme quadricycles.
Le Rétrofit qui signifie « Rénover » en anglais consiste à transformer une voiture thermique en une voiture électrique. Le principe est de remplacer le moteur thermique essence ou diesel de son véhicule par une batterie de véhicule électrique. Le Rétrofit permet de s’assurer une transition vers la mobilité électrique tout en sauvant son vieux véhicule thermique de la casse.
Quelles voitures peut-on rétrofiter ?
Le Rétrofit concerne les véhicules suivants :
Catégorie M: Les voitures particulières et les utilitaires légers
Catégorie N: Les camions, bus et autocars
Catégorie L: Deux et trois-roues motorisés
Le Rétrofit s’applique à tous les véhicules immatriculés en France depuis plus de 5 ans. L’ancienneté est réduite à 3 ans pour les véhicules de catégorie L. Des modèles de voitures plus récents peuvent également être transformés si le fabricant du dispositif de conversion a reçu un accord de la part du constructeur automobile. En revanche, les véhicules en carte grise de collection et les engins agricoles ne peuvent pas faire l’objet d’une conversion à l’électrique.
Combien coûte le Rétrofit ?
Le Rétrofit reste aujourd’hui une pratique qui coûte chère. En effet, le coût de la transformation d’une voiture thermique en voiture électrique débute à 8 000 € pour une petite batterie de 75 km d’autonomie et peut monter jusqu’à plus de 50 000 €. La fourchette moyenne des prix du Rétrofit se situe tout de même entre 15 000 € et 20 000 €, soit presque le prix d’une voiture électrique neuve après déduction des différentes aides.
Que dit la loi sur le Rétrofit ?
Qui peut Rétrofiter un véhicule thermique ?
Transformer une voiture thermique en voiture électrique ne peut pas être effectué par n’importe qui. N’envisagez donc pas d’installer un moteur électrique sur votre voiture essence ou diesel vous-même. En effet, selon l’article 3-4 de l’arrêté de 13 mars 2020, seul un installateur habilité par un fabricant de dispositifs de conversion, et utilisant un dispositif de conversion homologué, peut installer le nouveaux moteur électrique sur le véhicule thermique. Autrement dit, il faut se rendre chez un professionnel agréé pour pouvoir Rétrofiter une voiture.
Quelles sont les règles à respecter ?
La conversion d’un véhicule thermique en véhicule électrique est soumise à certaines règles définies par l’ arrêté du 13 mars 2020 relatif aux conditions de transformation des véhicules à motorisation thermique en motorisation électrique à batterie ou à pile à combustible. Il n’est, en effet, pas possible de modifier son véhicule comme bon nous semble.
L’installateur homologué doit respecter les points suivants :
Batterie : le rétrofit électrique est possible avec une alimentation du moteur provenant d’une batterie de traction ou d’une pile à combustible hydrogène.
Dimensions du véhicule : Les dimensions du véhicule de base ne doivent pas être modifiées par la transformation.
Moteur : la puissance du nouveau moteur électrique doit être comprise entre 65% et 100% de la puissance d’origine du moteur du véhicule thermique transformé.
Poids du véhicule : le poids de la voiture rétrofitée ne doit pas varier de plus de 20% après transformation.
Quelles sont les aides accordées au Rétrofit ?
La prime à la conversion Rétrofit
Depuis le 1er juin 2020 et les annonces du plan de relance automobile, la prime à la conversion s’applique également au Rétrofit électrique. Les personnes souhaitant installer un moteur électrique sur leur ancienne voiture peuvent, en effet, bénéficier de la prime à la conversion pour un montant maximal de 5 000 €.
Les conditions d’éligibilité à la prime Rétrofit sont les suivantes :
– Personne majeure domiciliée en France,
– Transformation du moteur thermique de son véhicule en moteur électrique à batterie ou à pile à combustible,
– Effectuée par un professionnel habilité,
– Véhicule acquis depuis au moins 1 an,
– Ne vendre le véhicule dans les 6 mois suivant son achat ni avant d’avoir parcouru au moins 6 000 km,
David SCHMIDT