C’est l’histoire d’une dame de bonne famille, un dimanche matin tranquille, le café fumait doucement sur la table quand soudain, elle réalise qu’elle n’a plus de nouvelles de Marc.
Marc, c’était ce pote qui te disait « On s’appelle demain », avec toute la conviction d’un politicien en campagne!
Depuis ce fameux demain ? Silence radio. Pas un texto, pas un DM sur Insta, rien. On n’avait pas encore mis de mots dessus, mais on avait déjà un nom pour ça : le « ghosting ».
Le ghosting, mes amis, c’est la version 2.0 de la fuite des responsabilités, un art de disparaître sans laisser de traces, digne d’un prestidigitateur du samedi soir. On ne parle pas d’un simple « je ne t’ai pas vu » à la boulangerie, non, c’est un niveau bien au-dessus : on ignore, on fuit, on fait comme si la personne en face n’avait jamais existé.
L’art subtil de l’inexistence
Le ghosting, c’est comme jouer à cache-cache sauf qu’il n’y a qu’un seul joueur et il a déménagé sans prévenir. Vous vous souvenez de cette époque bénie où il fallait au moins avoir la décence de rompre en face à face ? C’était déjà cruel, mais au moins il y avait des larmes, des excuses embarrassées et des silences pesants. Aujourd’hui, même plus besoin de cela ! Pourquoi s’embêter avec la culpabilité quand il suffit de disparaître comme une mise à jour sur Windows qui ne se fait jamais ?
Les humains, soi-disant les êtres sociaux par essence, semblent avoir développé un superpouvoir : celui d’effacer l’autre de leur réalité. Plus besoin de confrontation, plus besoin d’explications, le ghosting permet une sortie discrète, mais particulièrement violente pour celui qui se retrouve à parler à un mur virtuel. Le ghosteur, lui, dort sur ses deux oreilles, la conscience légère comme un nuage d’été, parce qu’après tout, il n’a pas « vraiment » blessé quelqu’un, il a juste… arrêté de répondre.
Les causes du phénomène
Pourquoi un tel engouement pour cette pratique douteuse ?
Peut-être que cela tient à notre époque : tout va vite, les relations comme les connexions internet. Quand Netflix propose 10 nouvelles séries par semaine, pourquoi s’accrocher à une relation qui ne buzz plus autant qu’avant ? C’est un peu comme notre panier d’achats en ligne : si quelque chose ne nous convient pas, on l’enlève d’un clic. Propre, rapide, sans discussion. Et puis, c’est tellement plus facile de zapper une conversation malaisante, surtout quand on peut se cacher derrière son écran.
N’oublions pas non plus la pandémie. Elle a transformé nos vies sociales en d’immenses brouillons numériques, où tout le monde a pris l’habitude de maintenir des contacts à distance. Ce flou général a créé un terrain propice pour le ghosting. « Désolé, j’étais en quarantaine… émotionnelle. »
Il y a différentes formes de ghosting
Attention, le ghosting est une discipline qui connaît de nombreuses variantes.
On a le ghosting classique, la disparition totale, mais il existe aussi des sous-catégories tout aussi sournoises :
- Le « slow fade », par exemple, où l’on réduit peu à peu la fréquence des échanges jusqu’à ce que l’autre abandonne par lassitude.
- Ou encore le « breadcrumbing », l’art de balancer quelques miettes de communication (un like par-ci, un emoji par-là) pour maintenir l’illusion d’un contact, sans jamais se réengager réellement. C’est un peu comme allumer une bougie et souffler dessus en même temps.
- Et puis il y a le « zombieing », cette charmante pratique où, après des mois de silence, le ghosteur revient d’entre les morts avec un petit « Salut, ça va ? » l’air de rien, comme si de rien n’était. Avec ça, on frôle le surnaturel, les revenants des relations passées. C’est Walking Dead version sentimentale.
Le verdict
On pourrait débattre longtemps des mérites et inconvénients du ghosting, mais en réalité, c’est une question de courage. Ce n’est pas tant que les gens n’ont plus envie de relations, c’est qu’ils n’ont plus envie de conversations inconfortables. En évitant de blesser l’autre avec des mots, on choisit de le poignarder avec le silence.
Peut-être qu’un jour, la société évoluera vers une ère où on saura rompre avec élégance, par un texto sobre mais respectueux, « Désolé, mais je ne suis plus intéressé par ta personne ». En attendant, si vous recevez ce genre de message, remerciez-le. Au moins, c’est mieux qu’un silence assourdissant.
Et Marc, me direz-vous ? Il est réapparu six mois plus tard, tout sourire, avec un : « Désolé, j’avais un planning chargé. » Ah, le ghosting, ce bel art de l’esquive, qui fait de nous des magiciens du XXIe siècle.
Mais parfois, même les meilleures disparitions finissent par un retour en fanfare… ou en fiasco.
David SCHMIDT