Les « polluants éternels » sont omniprésents dans l’eau
Voici pourquoi c’est inquiétant
Les PFAS, des composés chimiques aussi appelés les « polluants éternels », sont présents dans les eaux de surface en France dans un rapport publié jeudi 12 janvier 2023. Conclusion : ils sont partout.
« La pollution des eaux de surface par les PFAS est généralisée sur le territoire français. » C’est la conclusion d’un rapport publié jeudi 12 janvier 2023 par l’association Générations futures. Les PFAS, (polyfluoroalkylées), aussi appelés « polluants éternels », sont des « substances prioritaires dangereuses » identifiées par l’Union européenne.
Créés par l’homme et utilisés depuis les années 1950, les PFAS se démarquent par au moins trois caractéristiques. Ils sont présents dans de nombreux objets du quotidien, tels que les poêles en Téflon, les emballages alimentaires, ou le textile, en raison de leurs propriétés antiadhésives et imperméabilisantes.
L’exposition à ces composés peut avoir des effets sur la santé humaine, et ce même à très faible dose. « Des études scientifiques ont associé l’exposition à un certain nombre de PFAS à de très multiples effets néfastes sur la santé : des cancers, des effets sur les systèmes reproductif et hormonal (certains sont des perturbateurs endocriniens) ainsi que sur le système immunitaire », note Générations futures. Enfin, ils sont extrêmement persistants et peuvent rester dans l’environnement jusqu’à « un siècle », d’après l’ONG. D’où leur surnom de « polluants éternels ».
Des résultats « sous-estimés »
Pour son rapport, Générations futures a analysé une base de données publique appelée Naïades, qui centralise les informations sur la qualité des eaux de rivières et des lacs de France. Résultat : « Au moins un PFAS a été retrouvé au-delà de sa limite de quantification (LOQ) dans près de quatre échantillons sur dix (36 % des cas). »
Explications : la limite de quantification désigne le seuil à partir duquel les PFAS sont détectables dans l’eau. Pour les perfluorés, cela se mesure en nanogrammes. Or, il n’existe pas, à ce jour, de norme fixée pour l’ensemble du territoire national. Les seuils appliqués varient donc en fonction des départements et donnent de fortes disparités dans les résultats. La pollution aux PFAS des eaux de surface dans certains départements pourraient donc être « largement sous-estimée », selon Générations futures.
Ainsi, sur la moyenne des neuf départements de la Bretagne et des Pays de la Loire, le taux de présence d’au moins un PFAS au-dessus de la limite de quantification est de près de 80 %, contre des taux moindres dans des régions pourtant plus industrielles.
« La pollution, elle est là »
« On retrouve des PFAS un peu partout et d’autant plus quand on les recherche bien, comme c’est le cas sur le bassin Loire-Bretagne, estime François Veillerette, porte-parole de Générations futures. Tout le monde est en train de s’apercevoir qu’on a un problème et on a un énorme retard en termes de prise de conscience du risque. […] La pollution elle est là, on peut regretter que la réaction arrive un peu tardivement. On voit mal d’autres solutions que l’interdiction de la famille des composés perfluorés. »
« L’exposition de la population aux composés perfluorés est généralisée par la nourriture, l’eau potable, les produits de consommation, la poussière, le sol et l’air », concluait Santé Publique France dans une étude publiée en janvier 2020.
Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a annoncé en décembre 2022, le lancement d’un plan d’action pour encadrer l’usage des PFAS.
D’autre sources :
1 – https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/10/17/polluants-eternels-la-nappe-d-annecy-contaminee-l-opacite-demeure_6194948_4355770.html
2 – https://reporterre.net/Polluants-eternels-Une-inaction-coupable-des-pouvoirs-publics