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Peut-on être licencié suite à un arrêt maladie pour dépression ?

Les 10 points clés à retenir sur l'arrêt maladie et le licenciement.

Arrêt maladie pour dépression : peut-on être licencié ?

L’arrêt maladie, en particulier pour dépression, n’expose normalement pas le salarié au licenciement. Il existe cependant des cas où l’employeur est autorisé à remplacer définitivement son employé. Le salarié en arrêt maladie est normalement protégé du risque d’être licencié. Mais cette protection n’est pas absolue et peut tomber dans certains cas.

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Voici les points clés à retenir sur l’arrêt maladie et le licenciement.

Sommaire du guide

  1. Que dit la loi sur l’arrêt maladie ?
  2. Quand l’arrêt maladie peut-il déboucher sur un licenciement ?
  3. La dépression peut-elle être une cause de licenciement ?
  4. Les précautions à prendre pour éviter un licenciement
  5. La désorganisation de l’entreprise peut-elle être un motif pour ce type de licenciement ?
  6. Licenciement pour faute grave pendant un arrêt maladie
  7. Licenciement pour dépression pendant un arrêt maladie
  8. Dépression d’origine non-professionnelle
  9. Dépression d’origine professionnelle
  10. L’ESSENTIEL

1) Que dit la loi sur l’arrêt maladie ?

L’arrêt maladie est un arrêt de travail prescrit par un médecin au bénéfice d’une personne malade ou considérée comme inapte à exercer les tâches que lui imposent son poste. Pendant cette absence, le salarié doit rester à son domicile sauf si le médecin autorise ses sorties. Dans tous les cas, cette obligation sera spécifiée dans son avis d’arrêt maladie.

Conformément au droit du travail, un employé qui a bénéficié d’un arrêt maladie à cause d’un accident de travail ou d’une maladie professionnelle est protégé par la loi de tout risque de licenciement. Dans le cas d’une inaptitude, l’employeur est dans l’obligation de lui proposer un poste plus adapté selon les préconisations émises par le médecin du travail.

2) Quand l’arrêt maladie peut-il déboucher sur un licenciement ?

Les fautes graves et les absences répétées et prolongées exposent le salarié à son remplacement définitif. Cependant il reviendra à son employeur de prouver que son absence a perturbé le fonctionnement de l’entreprise. Plusieurs motifs peuvent être évoqués par l’entreprise à cette fin :

une longue absence à l’origine d’une surcharge de travail pour les autres employés ;
des clients mécontents ;
la nécessité d’un délai de formation pour la personne destinée à assurer le remplacement ;
une absence qui occasionne l’apparition d’erreurs et de retards dans le travail ;
si l’employeur est contraint de procéder à un licenciement économique.

Bien que ces motifs existent, l’employeur doit rester prudent s’il envisage un licenciement. En effet, il doit être en mesure de justifier son acte et de suivre scrupuleusement la procédure de licenciement sous peine d’être accusé de « licenciement discriminatoire ». Dans ce cas, l’entreprise peut être amenée à verser au salarié des dommages et intérêts.

3) La dépression peut-elle être une cause de licenciement ?

Le licenciement pour cause de dépression n’est pas autorisé dans la mesure où l’état dépressif est considéré comme un problème de santé. Il est discriminatoire de licencier un salarié compte tenu de son état de santé. Cette pathologie peut cependant être à l’origine d’une absence longue et répétitive qui, elle, peut motiver un licenciement.

Seul l’avis d’un médecin du travail peut permettre à l’entreprise de rompre le contrat d’une personne sujette à une dépression nerveuse. Si le médecin constate que l’individu est inapte à occuper son poste ou si l’employeur arrive à démontrer que son absence perturbe la vie de l’entreprise, le remplacement définitif sera autorisé.
Les précautions à prendre pour éviter un licenciement

Les précautions à prendre pour éviter un licenciement

4) Précautions à prendre pour éviter un licenciement

dès que le médecin a prescrit un arrêt de travail, le salarié doit le transmettre à la caisse d’assurance-maladie dans un délai de 48 heures ; le salarié doit scrupuleusement respecter les consignes de sorties autorisées ou non, par son médecin ; il doit accepter que la caisse d’assurance maladie puisse faire un contrôle de son état lors de son arrêt maladie.

5) La désorganisation de l’entreprise peut-elle être un motif pour ce type de licenciement ?

Malgré l’arrêt maladie, le salarié protégé peut quand même voir son statut menacé, si son absence trop longue ou ses arrêts répétés auraient provoqué une désorganisation de la vie de l’entreprise, et nécessité son remplacement définitif. Cette procédure reste rigoureusement soumise de lourdes formalités.

C’est ainsi que, dans son courrier de licenciement, l’employeur devra dûment justifier les motifs de son licenciement.

Il y expliquera les causes de la perturbation, en mettant en exergue le rôle capital que le salarié y tient de par ses fonctions, ses qualifications, les particularités du secteur …

Il devra mettre un point d’honneur à souligner tous les aspects de la désorganisation que subit l’entreprise par le fait de la ou des absences du travailleur arrêté.

Quant à l’exigence de remplacement définitif du salarié, elle est régulièrement rappelée en jurisprudence et fait l’objet d’une lecture restrictive.

Il faut en effet que le caractère définitif de ce remplacement ne puisse pas être contestée.

Exemple : l’entreprise fait appel à des prestataires de services extérieurs à l’établissement, pour effectuer les tâches normalement réalisées par le salarié arrêté, ou si elle embauche un remplaçant en contrat à durée déterminée, le juge refusera une telle qualification.

6) Licenciement pour faute grave pendant un arrêt maladie

La faute grave commise par le salarié est au nombre des exceptions pouvant autoriser un licenciement passant outre l’arrêt maladie.

Cette faute peut avoir été commise pendant l’arrêt de travail. Ce peut être, par exemple, un travailleur qui prétexte une pathologie et se trouve arrêté alors qu’il est en bonne santé, ou encore un salarié dont l’attitude pendant son arrêt est suspecte quant à la réalité de sa maladie (il voyage, fait des travaux, ou toute autre activité déconseillée pour son état de santé).

7) Licenciement pour dépression pendant un arrêt maladie

La dépression nerveuse est un motif récurrent qui permet au salarié d’obtenir un arrêt maladie. Or, cette pathologie peut entraîner une absence prolongée, ou une présence variable et instable dans l’établissement.

Un employeur pourrait alors se voir tenté de mettre un terme au contrat de travail du travailleur atteint.

Cela dit, il ne peut en aucun cas motiver son licenciement par l’état dépressif du salarié, ce qui serait fonder son action sur un élément discriminatoire qui est l’état de santé du travailleur.

Ce type de licenciement est donc interdit, sauf à ce que le médecin du travail ait constaté l’inaptitude du salarié à travailler, ou bien que l’employeur fasse état d’une perturbation de la vie de l’entreprise et d’un remplacement définitif

8) Dépression d’origine non-professionnelle

En principe, votre employeur ne peut pas vous licencier sur le fondement exclusif de votre état de santé (par exemple, votre dépression). Dans un tel cas, le licenciement pourrait être considéré comme abusif car il serait fondé sur un critère discriminatoire illicite. Dans un tel cas, vous pouvez envisager de saisir le Conseil de Prud’hommes afin de demander au Conseil d’ordonner votre réintégration au sein de l’entreprise. Le Conseil est également compétent pour ordonner le versement de dommages et intérêts, le cas échéant.

Cependant, votre dépression peut perturber considérablement le fonctionnement et l’activité de l’entreprise. La loi permet donc à votre employeur de vous licencier pour inaptitude ou encore pour insuffisance professionnelle, sous certaines conditions.

Votre employeur devra néanmoins démontrer que :

– votre absence perturbe l’activité de l’entreprise
– votre employeur est obligé de vous remplacer définitivement
– si votre remplacement n’est que temporaire, il ne peut pas justifier votre licenciement.
– votre dépression n’est pas liée à un manquement de votre employeur (auquel cas, il s’agit d’une maladie professionnelle).

Dépression d’origine professionnelle

À l’instar du burn-out, il est généralement difficile de faire reconnaître la dépression comme une maladie professionnelle.

En effet, pour ce faire, il faut soit :

que vous fassiez reconnaître votre dépression comme émanant exclusivement d’une faute commise par votre employeur (par exemple, votre employeur a manque à son devoir de sécurité au travail)
Dans ce cas, votre dépression pourrait éventuellement être considérée comme une maladie professionnelle.
Vous devez apporter les preuves nécessaires pour soutenir que votre dépression a une origine professionnelle, par un certificat médical.

Cependant, la dépression a généralement plusieurs origines alors il peut être difficile de considérer qu’elle ait été causée directement et uniquement par votre employeur.
que votre dépression fait suite à un événement soudain sur les lieux de l’entreprise et pendant vos horaires de travail.

Dans ce cas, elle pourrait éventuellement être considérée comme un accident de travail.
Vous devez démontrer que votre dépression a de grandes probabilités de découler de ces événements (par exemple, vous avez subi un choc émotionnel provoqué par un fait précis en plus de votre harcèlement continu).

Dans un tel cas, votre employeur ne peut, en principe, pas vous licencier car votre dépression serait liée à un manquement de l’employeur à son obligation de sécurité. En cas de licenciement abusif, vous pouvez contester votre licenciement en saisissant le Conseil de Prud’hommes. Le Conseil est compétent pour ordonner votre réintégration au sein de l’entreprise mais également pour prononcer le versement de dommages et intérêts.

L’ESSENTIEL

Si la dépression est d’origine non-professionnelle, l’employeur peut prononcer un licenciement du salarié en arrêt maladie.
Cependant, l’employeur doit prouver que l’absence du salarié perturbe les activités de l’entreprise, que l’employeur a dû le remplacer de manière définitive et que la dépression n’est pas causée par l’employeur.
Si la dépression est d’origine professionnelle (maladie professionnelle ou accident de travail), l’employeur ne peut, en principe, pas licencier le salarié concerné.
Cependant, dans tous les cas, l’employeur peut licencier le salarié s’il a commis une faute grave ou une faute lourde. Il peut également le licencier s’il est impossible de maintenir son contrat de travail (par exemple, l’entreprise cesse complètement son activité).
L’arrêt de travail pour accident du travail ou maladie professionnelle protège le salarié en ce qu’il limite les motifs de licenciement pouvant être invoqués par l’employeur.

L’employeur ne peut prononcer le licenciement que dans deux hypothèses :
– le salarié a commis une faute grave ou lourde ;
– il existe une impossibilité objective de maintenir le contrat de travail.

L’impossibilité de maintenir le contrat de travail est interprétée de manière très restrictive par la Cour de cassation.

A titre d’exemples :
– l’existence d’un motif économique n’est pas, en soi, une impossibilité de maintenir le contrat de travail (Cass. soc. 18 févr. 2015, n° 13-21.820) ;
– l’achèvement des tâches pour lesquelles le salarié avait été engagé sur un chantier caractérise l’impossibilité de maintenir le contrat de travail durant l’arrêt maladie (Cass. soc. 8 avr. 2009, n° 07-42.942) ;
– la cessation d’activité de l’entreprise caractérise également l’impossibilité de maintenir le contrat de travail (Cass. soc. 26 sept. 2007, n° 06-43.156).

Les autres motifs de licenciement (insuffisance professionnelle, absence prolongée perturbant le bon fonctionnement de l’entreprise et nécessitant le remplacement définitif du salarié, etc.) ne pouvant être invoqués, le salarié bénéficie d’une certaine protection.

Cette protection relative ne s’applique pas :
– en cas d’accident de trajet ;
– en cas d’accident du travail ou maladie professionnelle survenu ou contracté chez un employeur B ;
– en cas de rechute d’un tel accident ou maladie, sauf à démontrer que la rechute est liée au contrat de travail chez l’employeur A.

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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