France

Affaire Maelys, vers le chemin de la vérité ?

Lelandais : "J'ai bien donné la mort à Maëlys"

Lelandais reconnaît l’avoir tuée et « présente ses excuses »

Au premier jour de son procès pour meurtre lundi à Grenoble, Nordahl Lelandais a reconnu avoir « donné la mort » à la jeune Maëlys, avant de présenter ses excuses à sa famille.

« Je veux leur présenter mes excuses, j’ai bien donné la mort à Maëlys, je ne voulais pas lui donner la mort, je vais m’expliquer sur les faits au cours de l’audience », a-t-il déclaré depuis le box en réprimant des sanglots, avant que l’audience ne soit suspendue.

L’accusé de 38 ans, qui s’est présenté lundi légèrement barbu, les cheveux grisonnants coupés ras vêtu d’une chemise bleue et d’un pantalon beige, avait auparavant enlevé son masque pour demander à la présidente s’il pouvait se tourner vers la famille de la victime, mais la magistrate lui a demandé de s’adresser à la Cour.

Au cours de la matinée, l’ancien maître-chien militaire, jugé pour le meurtre précédé de l’enlèvement et de la séquestration de Maëlys De Araujo, huit ans, en août 2017, avait pourtant semblé éviter de regarder du côté des parties civiles, fixant la plupart du temps la présidente ou ses pieds.

Les parents de Maëlys sont venus au palais de justice de Grenoble munis d’un grand portrait peint de la fillette, ensuite laissé devant l’entrée de la salle.

« L’objectif est que Maëlys ait toute sa place dans cette salle d’audience », a expliqué l’avocat de la mère de l’enfant, Me Fabien Rajon, ajoutant que la famille était « prête à affronter ces trois semaines d’assises ».

Les proches de l’enfant sont « de plus en plus déterminés, impatients, bien sûr lucides quant à la capacité de Nordahl Lelandais à dire toute la vérité, notamment sur les sévices de nature sexuelle infligés à la petite Maëlys », a-t-il ajouté, alors que les poursuites pour viol ont été écartées pendant l’instruction faute d’élément.

Le frère absent

À l’ouverture de l’audience, plusieurs témoins manquaient à l’appel, dont le frère de l’accusé, Sven Lelandais, qui a demandé par courrier à ne pas assister à l’audience, affirmant qu’il n’avait « rien à voir » avec cette affaire et arguant qu’il venait à peine de « difficilement » retrouver du travail comme saisonnier en montagne.

L’avocat de l’accusé, Me Alain Jakubowicz, a appuyé sa requête, le décrivant comme « un homme malade, atteint d’une maladie orpheline ». Il n’a pas été suivi par la présidente, qui a ordonné qu’il soit « recherché ».

Elle a également ordonné la présence d’un ex-codétenu de l’accusé, dont le témoignage avait été jugé peu fiable dans le passé, et de l’une de ses ex-petites amies, pourtant porteuse d’un certificat médical.

La présidente a ensuite fait la lecture de l’épais rapport résumant l’affaire et la journée devait se poursuivre avec l’audition de témoins dont une enquêtrice de personnalité et la mère de l’accusé.

Dès le début, il y a quatre ans et demi, ce tragique fait divers avait fasciné le grand public, suscitant compassion pour les parents de la fillette et indignation à l’égard du suspect, perçu comme un manipulateur et un temps soupçonné d’être un tueur en série.

Des dizaines de personnes s’étaient présentées très tôt lundi matin devant le palais de justice dans l’espoir d’assister au procès, mais nombre d’entre elles n’ont pu accéder à la salle.

Zones d’ombre

Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, Nordahl Lelandais n’avait pas fait appel.

Il devra à présent s’expliquer sur les circonstances qui l’ont conduit à tuer Maëlys De Araujo lors d’une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin, dans l’Isère, dans la nuit du 26 au 27 août 2017.

On ignore notamment encore dans quelles conditions la petite fille est montée dans sa voiture. Les circonstances du décès de l’enfant restent aussi entourées de zones d’ombre.

Rapidement soupçonné malgré ses dénégations, l’ancien militaire avait finalement été confondu par la découverte d’une tache de sang dans le coffre de sa voiture. Six mois après les faits, il avait conduit les enquêteurs jusqu’aux restes de sa victime, dans le massif de la Chartreuse.

Agressions sexuelles

Il sera également jugé pour agressions sexuelles à l’encontre de deux petites-cousines âgées à l’époque de cinq et six ans, ainsi que pour détention et enregistrement d’images pédopornographique.
Le verdict est attendu autour du 18 février.

Nordahl Lelandais encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

AVANT LE PROCÈS DE NORDAHL LELANDAIS, DES IMAGES DE LA RECONSTITUTION DU MEURTRE DÉVOILÉES

La reconstitution a servi à la justice ainsi qu’aux enquêteurs à retracer le déroulé des faits ainsi que de comprendre comment la fillette avait été tuée cette nuit d’août 2017.
Chronologie d’une nuit d’horreur. Alors que doit s’ouvrir le 31 janvier prochain le début d’un nouveau procès pour Nordahl Lelandais, cette fois-ci pour le meurtre de la petite Maëlys dans la nuit du 26 au 27 août 2017 en marge d’un mariage à Pont-de-Beauvoisin dans l’Isère, BFMTV s’est procuré plusieurs photographies d’une reconstitution qui s’est déroulée en septembre 2018, un an après les faits, en présence du tueur présumé.

Ces différents clichés présentent Nordahl Lelandais, vêtu de noir et arborant une barbe grisonnante, au volant de son véhicule de marque Audi. Ami du marié, il avait été mis en examen dès le 3 septembre, dans un premier temps pour « enlèvement », après la découverte d’une trace d’ADN de la fillette dans cette même voiture.

Sur ces clichés, Maëlys est représentée par un mannequin habillé de blanc. La photographie ci-dessus représente le moment où la fillette s’apprête à monter dans la voiture de Lelandais, selon lui après qu’il lui a proposé d’aller voir ses animaux. Une version qui est remise en cause par les avocats des parties civiles.

 

Nordahl Lelandais lors de la reconstitution de l’enlèvement et du meurtre de Maëlys, en septembre 2018 © BFMTV
(Reconstitution)
(Reconstitution)

Sur le trajet, Maëlys se serait mise à pleurer et le trentenaire l’aurait frappée, des coups qui ont provoqué la mort.

Trois semaines de procès

Le procès de Grenoble s’annonce retentissant en raison de la médiatisation de l’affaire et de l’âge de sa victime, conjugués à la personnalité opaque du tueur présumé.

Pour Pascale Vernay, la première présidente de la cour d’appel de Grenoble, « le principal défi, c’est la présence des médias », avec déjà plus de 130 journalistes pour une trentaine de médias.

« Ce n’est pas une affaire particulièrement hors norme par les faits (…). Mais on savait pertinemment que cette affaire attirerait de nombreux médias de la France entière », souligne-t-elle dans un entretien avec l’AFP.
L’organisation de ce procès événement a été anticipée de longue date, avec notamment l’envoi d’observateurs à la cour d’assises de Chambéry. Le palais de justice de Grenoble, construit il y a 20 ans, a l’avantage d’être beaucoup plus moderne et fonctionnel que celui de Chambéry, qui date du XIXe siècle.

Pour faire face à l’afflux des journalistes et du public, les organisateurs ont obtenu des crédits supplémentaires pour ouvrir une deuxième salle de 60 places avec retransmission vidéo. Ils ont également renforcé la sécurité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du bâtiment.

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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