Le monde du travail : ce jardin d’éden… pour lequel on n’a pas le badge d’entrée
Quand le marché de l’emploi transforme la quête de dignité en parcours d’humiliation
Par David SCHMIDT, le 26/10/2024
Bienvenue dans ce fabuleux monde du travail !
Ce lieu mythique où paraît-il, l’être humain s’épanouit, la dignité s’éveille et le compte en banque respire.
Un rêve n’est-ce pas ? Un rêve que beaucoup d’entre nous, malgré des diplômes, des formations et des litres de sueur versés en entretiens, contemplent du mauvais côté de la vitre, le nez écrasé contre la porte d’entrée comme des enfants devant une boulangerie fermée. On se promet que notre tour viendra, mais jour après jour, les refus s’empilent comme les lettres de relance de la banque.
Bienvenue dans le pays merveilleux de vos CV fantômes et des annonces d’emploi aux exigences dignes d’un super-héros.
Le CV parfait… ou l’art de ne jamais être assez bon
Nous voici donc, face à des offres d’emploi qui, de loin, semblent accessibles : « Bac +2 requis, bonne organisation, expérience de 20 ans dans le secteur Informatique. » Tiens, on se dit que ça pourrait marcher. Mais au détour des petites lignes, on découvre que ce poste de junior requiert en réalité d’être multitâche, une maîtrise de 30 logiciels propriétaires, une capacité à diriger une équipe de dix personnes… et pourquoi pas, soyons fous, une expérience de dix ans en commandement sous-marin et savoir parler le mandarin. Oui, parce qu’on sait jamais, gérer des dossiers administratifs et torpiller des sous-marins, c’est sûrement la même chose dans leur esprit.
Ainsi nous voilà, à réajuster sans cesse notre CV, à essayer d’inventer la version de nous-même qui saura enfin plaire à ce recruteur, quelque part dans un open space, qui n’a jamais pris le temps de lire notre candidature. Ce n’est pas de l’espoir, c’est du désespoir camouflé sous le sourire crispé d’un candidat déterminé.
Au final, après plusieurs mois, on réalise que notre CV ne brille pas assez, ne crie pas assez fort notre amour pour le tableur Excel, et tout ça commence à sérieusement donner le vertige, une frustration que dis-je, une colère, une rage !
Les entretiens ou l’art d’être toujours presque le bon profil
Ah, les entretiens ! Ce rendez-vous magique où l’on nous pose des questions existentielles pour savoir si on saura répondre au téléphone ou rédiger un mail.
« Où vous voyez-vous dans cinq ans ? »
– Eh bien, certainement pas ici, à mendier un poste qui ne veut pas de moi, voilà la vérité !
« Quel est votre plus grand défaut ? »
– La naïveté, sûrement, celle de croire que vous allez me rappeler.
Les recruteurs adorent ça, des petites phrases creuses, alors on leur sert tout ça, avec un sourire qui se fane et une confiance en soi qui fond plus vite qu’un glaçon en plein désert.
Après l’entretien, nous sommes bien sûr « presque parfaits », mais presque seulement. On nous informe que l’autre candidat avait ce petit « plus »… qui s’avère être … un ami d’une amie.
Voilà donc nous, avec nos espoirs réduits à néant, remerciés de manière polie avec la promesse de « garder notre candidature en réserve ». En réserve, oui, comme un vieux parapluie troué qu’on ressortira si une tempête arrive. Autant dire jamais.
Quand le portefeuille est aussi vide que le moral
Et puis, il y a cette dure réalité : le compte bancaire.
Au fil des mois, les économies fondent plus vite que la motivation et chaque facture devient un petit rappel cruel de notre « parcours initiatique » vers l’emploi. Oui, nous souffrons, et pas qu’un peu. nous souffrons en silence, derrière son écran, sous l’éclairage blafard de LinkedIn, où l’on envoie sa candidature à des entreprises dont on sait pertinemment qu’elles ne répondent pas.
À force, même l’espoir se tait, il reste cette impression de frapper à une porte que personne n’a jamais vraiment l’intention d’ouvrir.
Voilà l’homme et la femme d’aujourd’hui, diplômé(e), formé(e), motivé(e), mais brisé(e). À errer dans un désert d’attente, où chaque candidature ressemble davantage à une bouteille jetée à la mer qu’à une réelle chance de rédemption. Le français moderne, à la recherche de son Graal professionnel, en vient à se demander si cette course en vaut la peine. Si le travail n’est plus une quête de sens mais une punition silencieuse, est-ce encore une vocation ?
Ou simplement un mirage cruel, où l’on croit apercevoir la dignité, la sécurité, avant qu’elles ne disparaissent, comme un rêve dérobé ?
Pour ceux qui croyaient que le monde du travail était une promesse de stabilité et d’épanouissement, la dure réalité est parfois un coup de marteau. Et pour ceux qui, comme toi et moi, continuent de frapper à des portes closes, la vérité est claire : nous n’avons jamais eu les bons codes d’entrée, et chaque échec, chaque silence finit par devenir un fardeau que personne ne voit, mais que nous portons chaque jour comme une croix, seuls, et en silence.
David SCHMIDT : Une rage me dévore, une colère sourde qui naît des abîmes où je me débats chaque jour.
Depuis ces profondeurs, j’imagine un soulèvement du peuple où les murs des agences de France Travail s’effondrent sous le poids de leur propre inutilité. Que tous ces bureaucrates du monde du travail, ceux qui considèrent notre existence comme une statistique, goûtent à la fumée qu’ils nous ont laissée respirer. Qu’ils soient confrontés à la même indifférence qu’ils ont offerte aux chômeurs. Ah, si seulement la guillotine était encore à la mode, elle pourrait retrouver une certaine utilité … (Oups !)
Que tout ce qui incarne ce système insensible et arrogant s’écroule !
Et ces grands patrons, perchés sur leur piédestal d’arrogance, incapables de voir les vies qu’ils écrasent sous leur semelle, je rêve de les voir alignés, non pas devant des tribunaux, mais devant cette réalité qu’ils ont contribué à construire. Renverser les tours de verre de la finance, les ministères dorés, et l’Élysée, tous ces symboles qui brillent de mille feux pendant que le peuple déjà à l’agonie, survit dans l’obscurité. (Oups … contrôle-toi David !)
Vos enfants n’ont plus de quoi manger ?
Pourquoi ne pas échanger quelques places, pour que leurs enfants vivent ce que les nôtres ont comme quotidien. Enfermons ces nobles dirigeants, ces bien-pensants de caniveaux, dans les caves humides avec tout leur propre désintérêt pour le peuple. Là où les rayons du soleil ne viennent plus consoler les âmes infâmes et remplies de cruauté. Qu’ils ressentent cette lente agonie qu’ils ont si souvent ignorée, qu’ils comprennent ce que signifie lutter pour chaque jour, pour chaque repas, pour chaque sourire, pour chaque parcelle de dignité perdue … que le reste de leur journée, puisse être à eux aussi, ce présent qu’est le nôtre. (c’est bon, j’me casse !)
Mais j’assume mes propos !
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