Psychologie

Le « wokisme »

En clair, c'est être conscient des problèmes de justice sociale et de racisme

Le terme « woke », d’abord utilisé dans la lutte antiraciste par les Afro-Américains, s’est ensuite étendu à des causes plus variées.

Mais à quoi fait exactement référence cette expression ?

En peu de temps, le terme s’est installé dans le débat politique français. Anne Hidalgo a notamment juré qu’elle ne ferait pas campagne sur cet axe-là. Le “wokisme” fait référence au terme “woke”, qui signifie être “éveillé”, en anglais. En clair, c’est être conscient des problèmes de justice sociale et de racisme. L’expression “stay woke” (“restez éveillés”) a commencé à être utilisée au début du mouvement Black Lives Matter aux Etats-Unis (né après l’acquittement d’un veilleur de nuit qui avait tué un jeune homme noir, Trayvon Martin, en 2013).

Les militants de ce mouvement dénoncent un racisme systémique, qui aboutit notamment aux violences policières contre les personnes noires.

Un concept surtout défini par ses détracteurs

Le “wokisme” s’est ensuite développé en dénonçant de manière commune les autres discriminations sociales, notamment celles visant les personnes LGBT, les femmes, les immigrés, etc.

Mais le “wokisme” est surtout défini par ses détracteurs. Ils y agglomèrent toutes les idées actuellement émergentes au sein de la gauche radicale : l’intersectionnalité (le fait de dire que certaines discriminations peuvent s’additionner), la non-mixité pour les réunions de personnes subissant des discriminations, la dénonciation de systèmes d’oppression (le pouvoir légal et économique se fonderait sur l’oppression de certaines minorités), la dénonciation des préjugés liés au genre, etc. En fait, l’expression “wokisme” ressemble à ce qu’on appelait avant “gauchisme”. Elle a été beaucoup moquée et peu de gens s’en revendiquent.

Le « wokisme, Substantif dérivé de woke, mot argotique pour awake (éveillé), il signifie être éveillé aux discriminations. Etre woke, c’est être conscientisé, vigilant, engagé.

Dans un discours de juin 1965, Martin Luther King exhortait les étudiants de l’université Oberlin (dans l’Ohio) à rester « éveillés » « pendant la grande révolution » et à « être une génération engagée ».

Mais, depuis son utilisation initiale, le mot s’est progressivement transformé, au point que son substantif, le « wokisme », est devenu l’ennemi désigné de toute une part de la classe politique, dont Jean-Michel Blanquer. Le ministre de l’éducation nationale accuse les militants woke de fragmenter l’unité républicaine en renvoyant les citoyens à une identité fondée sur leur origine, leur sexualité ou leur genre.

Alors quand on parle de « wokisme » , de quoi parle-t-on exactement ?

« Woke », « wokisme », « cancel culture » : ces nouveaux termes sont de plus en plus présents dans les discours et débats politiques. Mais de quoi s’agit-il exactement ? On fait le point.

Mercredi 13 octobre, lors d’une prise de parole, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a annoncé le lancement d’un groupe de réflexion pour lutter contre le wokisme. « La France et sa jeunesse doivent échapper à l’idéologie woke », a-t-il ajouté dans un entretien avec le journal Le Monde. Anne Hidalgo, maire de Paris et candidate à l’élection présidentielle 2022 a elle aussi évoqué ce concept à plusieurs reprises. Plus généralement, il s’impose de plus en plus dans le débat public, tout comme la « » ou l’« ».

C’est quoi être « woke » ?

Le mot « woke », anglais, signifie littéralement « réveillé » ou « éveillé » en français. En tant qu’idéologie, il apparaît au fil des luttes anti-racistes aux États-Unis depuis les années 1960, notamment via le slogan militant « stay woke ». Le terme regagne en popularité dans les années 2010, avec le mouvement « » né outre-Atlantique mais repris partout dans le monde.

Apparu en Europe plus tardivement, il désigne plus généralement le fait d’être conscient, averti ou soucieux des problèmes de justice sociale, de racisme ou toute autre discrimination visant des minorités (ethniques, sexuelles, sociales, religieuses, environnementales).

Le « wokisme », à l’instar de « l’islamo-gauchisme », contient cet aspect intersectoriel :
l’égalité la plus large possible, qui ne se fait au détriment d’aucune minorité.

Un terme utilisé surtout par ses opposants

Le terme « woke » est actuellement utilisé dans le débat public majoritairement par ses détracteurs. Nicolas Dupont-Aignan parle de « dérives de l’idéologie woke », la sénatrice Valérie Boyer (LR) de « totalitarisme woke », et Édouard Philippe de « wokisme, cancel culture et tout le tintouin », lors du lancement de son nouveau parti Horizons.

Ses opposants partagent le sentiment d’inquiétude d’une montée de l’intolérance dans la diversité des opinions et d’un risque pour la liberté d’expression.

Un mot encore méconnu

Par ailleurs, « woke » est un terme qui reste très largement méconnu par la population.
Selon un sondage Ifop, 86 % des Français disaient ne jamais en avoir entendu parler.

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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