Les impacts catastrophiques qu’aurait une guerre nucléaire sur le climat
Un redoutable hiver nucléaire s’étalerait sur une dizaine d’années
Voici les impacts catastrophiques qu’aurait une guerre nucléaire sur le climat
Une nouvelle étude publiée dans la revue scientifique « Journal of Geophysical Research : Atmospheres » a évalué la manière dont une guerre nucléaire de grande échelle affecterait le climat global. Les résultats confirment, prolongent et affinent ceux obtenus par des travaux précédents. Autrement dit, l’apparition d’un redoutable hiver nucléaire qui s’étalerait sur une dizaine d’années.
Depuis les premières simulations remontant aux années 1980, les climatologues savent qu’un conflit nucléaire de grande ampleur s’accompagnerait d’une perturbation catastrophique du climat global : le fameux hiver nucléaire. Ainsi, même les pays non impliqués dans la guerre seraient durement touchés – famine, maladie, etc. Des impacts collatéraux critiques qui s’ajouteraient aux ravages directement liés au conflit.
Sommaire
- Guerre nucléaire totale et climat : une nouvelle évaluation
- Formation rapide d’un écran de fumée planétaire
- Refroidissement brutal en surface
- Destruction de la couche d’ozone et assèchement global
- Guerre nucléaire de grande échelle : un acte suicidaire
Guerre nucléaire totale et climat : une nouvelle évaluation
Dans une étude parue le 23 juillet 2019, des chercheurs ont traité la question en se concentrant sur un scénario pessimiste. Le conflit opposerait les États-Unis à la Russie et tout l’armement disponible serait utilisé. La guerre démarre arbitrairement un 15 mai. Le but de l’étude est de prolonger et d’affiner les résultats obtenus par un ancien modèle. Il n’existe en effet qu’une seule simulation numérique complète dédiée à ce scénario du pire – elle date de 2007. Le modèle utilisé ici est notablement plus sophistiqué et permet de résoudre des phénomènes de plus fine échelle.
Le conflit nucléaire est prescrit dans le modèle comme une injection brutale de 150 téragrammes de carbone noir dans la haute atmosphère – libérés selon une fonction linéaire décroissante sur une semaine. Ces énormes quantités d’aérosols concrétisent l’élévation des panaches de fumée résultant des vastes incendies de forêts et des centres urbains qui seraient ravagés par les bombardements. Les sources sont exclusivement localisées sur les deux pays susmentionnés.
Formation rapide d’un écran de fumée planétaire
Les particules de fumée atteignent rapidement la stratosphère. Sous l’effet des vents, un voile hémisphérique puis planétaire se forme en l’espace d’une dizaine de jours seulement. Il diminue fortement la quantité de rayonnement solaire arrivant près du sol : la pénombre s’installe. En effet, les aérosols de carbone noir formant le voile d’altitude absorbent une grande partie de l’énergie incidente.
Au cours des 6 premiers mois, l’astre n’éclaire la surface qu’à hauteur de 30 % à 40 % de la quantité usuelle. Il faut attendre 10 ans pour que le rayonnement revienne à sa valeur habituelle – suite à l’évacuation progressive des poussières de la stratosphère.
Refroidissement brutal en surface
Ainsi que le révèle le graphique ci-dessous, la température moyenne du globe subit un réel crash. En effet, un an après la guerre, celle-ci a chuté de quasiment 10 °C. Une baisse d’autant plus forte au-dessus des continents de l’hémisphère nord en été. Sur de vastes étendues, la température moyenne sur juin-juillet-août s’abaisse 20 °C à 30 °C sous la norme (voir cartographie plus bas).
température globale guerre nucléaire
Dans la majeure partie des latitudes tempérées, la température minimale journalière ne passe presque jamais au-dessus du 0 °C pendant les 2 à 3 ans qui suivent le conflit.
On note par ailleurs que la remontée des températures est assez lente et que même 10 après la guerre, on ne retrouve pas les valeurs initiales. En cause, l’inertie de l’océan et les surfaces englacées qui auront eu le temps de gagner du terrain. Ainsi, une fois les fumées dissipées, le système climatique paraît s’être équilibré sur un nouvel état stable plus froid de 0,5 °C à 1 °C au global.
Destruction de la couche d’ozone et assèchement global
Dans la stratosphère, la situation est totalement opposée en raison de l’absorption de l’énergie solaire par les aérosols. La température s’envole de plus de 100 °C au-dessus de la norme les années post-injection. Une conséquence désastreuse pour la couche d’ozone. De fait, la quantité de rayons UV arrivant au sol à mesure que les particules s’évacuent est supérieure au seuil de risque.
Quant aux précipitations, elles diminuent de 40 % à 50 % – atteignant un déficit de près de 60 % en moyenne planétaire au cours de la troisième année suivant le conflit. La répartition géographique est telle que les rares zones à devenir plus humides sont les déserts.
Guerre nucléaire de grande échelle : un acte suicidaire
En somme, la guerre déclencherait un refroidissement et un assèchement global catastrophiques. Ajouté à la baisse drastique de la luminosité, il en résulterait un effondrement généralisé des récoltes et une famine globale – le tout dans un environnement largement dévasté. La généralisation de certaines pathologies est également très probable. De tels facteurs risquent d’entretenir des conflits.
Au final, les résultats présentés confirment et prolongent ceux publiés en 2007, obtenus avec un modèle moins performant.
Les auteurs concluent leur étude en indiquant « qu’une attaque nucléaire à grande échelle serait suicidaire pour le pays qui décide de la mener. Pour éliminer complètement le risque d’une catastrophe environnementale résultant d’une guerre nucléaire de grande échelle, les décideurs doivent avoir une compréhension complète des conséquences climatiques et agir en conséquence ». On pense notamment à la réduction des arsenaux nucléaires et éventuellement à leur démantèlement.