Pourquoi il y a des hommes violents ?
Ce sont principalement les hommes qui pratiquent la violence.
Un héritage toxique du passé
Virilité, rôle dans la famille, héritage toxique du passé et de leurs pères, certains se conforment à une stature qui leur est assignée. Les dégâts d’une masculinité tiraillée entre l’histoire familiale et les injonctions de liberté que portent les femmes dans leur couple sont considérables. Autre sujet d’étonnement : le déni généralisé et la minimisation de la souffrance des femmes. Le travail effectué dans ces stages permet-il de réparer ces hommes ? Experts, professionnels de l’écoute, présidents d’associations répondent. On lit ces lignes, bouleversés par une histoire qui tient de la domination, du contrôle de l’autre et de l’emprise. Un papa d’une petite fille, se demande comment montrer l’exemple, éduquer des filles fortes qui sauront dire non si cela lui arrive un jour.
Dans le débat public sur la violence, on parle beaucoup de cruauté et de brutalité, mais très peu des hommes. Pourtant, dans les faits, ce sont principalement les hommes qui pratiquent la violence.
Alors, pourquoi ne parlons-nous pas davantage des hommes, de la masculinité et des cultures masculines de la violence dans le monde ?
L’étude des cultures de gangs dans la violence urbaine s’est explicitement concentrée sur les hommes et la masculinité en tant que moteurs de cette violence. Mais l’analyse de la masculinité reste largement absente des communautés politiques et médiatiques.
Pourquoi les hommes et la masculinité ne sont-ils pas davantage désignés comme les principales causes des terribles abus et de la tragédie des violences armés, inhumaines et violences conjugales et sexuelles ? Il semble qu’il y ait une véritable difficulté émotionnelle avec le sujet.
Mais il faut d’abord être clair sur les faits, se sont principalement des hommes !
Les hommes sont-ils les principaux responsables des horreurs de la guerre ? La réponse est oui.
Les cultures et les institutions qui préparent et mettent en œuvre la violence armée organisée au nom de l’État ou de groupes armés non étatiques sont principalement construites par des hommes, dirigées par des hommes et remplies d’hommes.
Il y a toujours eu des exceptions à cette règle, comme c’est le cas aujourd’hui, avec des femmes combattantes en première ligne, des femmes stratèges militaires de haut niveau et des femmes chefs d’État qui emmènent leur pays à la guerre. Dans un nombre croissant d’armées libérales, il existe aujourd’hui une volonté de permettre aux femmes de servir dans les forces armées, ce qui peut conduire à des changements dans la culture de la guerre, mais aussi à d’autres. Une majorité de femmes soutiennent souvent la guerre et peuvent en venir à détester leurs ennemis. Il n’en reste pas moins que les faits montrent que ce sont principalement les hommes qui organisent et exercent la violence, et qu’ils l’ont toujours fait.
Il semble donc juste d’interpeller les hommes sur la guerre, à condition de reconnaître que tout acte de retenue, de compassion et de légalité dans la planification et l’exécution de la violence dans les conflits armés est également susceptible d’être le fait d’hommes. Nous devons nous rappeler que la culture guerrière masculine peut être bonne comme elle peut être cruelle.
Un sujet difficile
Même si les preuves sont claires, le sujet semble difficile à aborder. C’est un sujet douloureux pour la plupart d’entre nous, car chacun d’entre nous – hommes et femmes – sait que si la violence masculine est une réalité, ce n’est qu’une vérité sur les hommes et une vérité sur chacun d’entre eux.
C’est pourquoi il est difficile de parler de la masculinité. La plupart d’entre nous ne veulent pas dépeindre les hommes comme étant essentiellement violents. Ce serait injuste et risquerait d’enfermer les hommes dans des stéréotypes dont ils ne pourront probablement pas s’extirper. Nous avons besoin d’une discussion plus nuancée et bienveillante, d’homme à homme. Il est difficile d’y parvenir dans la culture machiste de la presse.
L’homme dans l’abus émotionnel exerce une forme de violence psychologique.
C’est par exemple le cas du DARVO, une technique de manipulation insidieuse utilisée pour se victimiser.
Selon la revue scientifique Psychology Today, l’abus émotionnel est « un modèle de comportement dans lequel l’agresseur insulte, humilie et instille la peur chez l’autre afin de le contrôler ». Certes un événement isolé ne peut être considéré comme une forme d’abus émotionnel, mais un comportement régulier qui crée la peur et instaure un contrôle permanent sur autrui, l’est. Plus grave encore, la réalité de la victime et sa perception des événements se trouve déformée lorsqu’il intériorisera l’abus comme étant une conséquence de ses propres défauts. De tels mauvais traitements peuvent survenir dans toute forme de relation : parentale, amoureuse ou professionnelle. Si vous avez des doutes et que vous vous sentez émotionnellement abusé, voici les signes avant-coureurs d’un abus émotionnel, selon la psychologue américaine Amber Smith. Apprenez à les reconnaître afin de pouvoir vous libérer de ces liens toxiques.
Il n’y a pas d’excuse à la violence !
Existe-t-il un profil des hommes qui battent leur partenaire ?
La plupart des experts affirment qu’il n’existe pas de profil unique des hommes qui battent les femmes. La violence domestique dépasse toutes les frontières sociales et économiques. Selon le Dr Susan Hanks, directrice de l’Institut de la famille et de la violence à Alameda, en Californie, les hommes battent leur partenaire en raison de problèmes psychologiques internes.
En général, les hommes qui battent cherchent à obtenir un sentiment de pouvoir et de contrôle sur leur partenaire ou sur leur propre vie, ou parce qu’ils sont extrêmement dépendants de la femme et qu’ils sont menacés par tout mouvement d’indépendance de la part de celle-ci. Certains hommes battent parce que c’est la seule façon qu’ils ont de se rapprocher de leur partenaire ou d’avoir des relations avec elle.
Certains hommes ont grandi dans des foyers violents, où ils ont vu leur mère maltraitée par leur père et où ils ont eux-mêmes été maltraités. Certains hommes deviennent violents sous l’influence de drogues ou d’alcool, bien que les substances elles-mêmes ne soient pas à l’origine de la violence.
Pourquoi le viol de l’homme est-il très violent ?
La réponse spontanée à cette question s’oriente le plus souvent d’abord vers le versant sexuel. Serait-ce un trop-plein de libido, un excès de testostérone, une incapacité à gérer ses pulsions, une déviance liée à la mise en acte de fantasmes sadiques ou encore le résultat de l’hyperérotisation de notre société ?
Ces divers éléments, auxquels il faudrait ajouter le rôle de l’alcool et d’autres drogues, ne manquent pas de pertinence et, selon les circonstances, peuvent jouer un rôle plus ou moins déterminant. Mais la plupart des études multidisciplinaires mettent surtout l’accent sur l’importance de la violence et de l’agressivité qui sous-tendent ces passages à l’acte. Le violeur utilise son sexe pour maîtriser et posséder sa proie, pour l’humilier voire la détruire. Il ne s’agit pas d’érotisme, mais de prédation !
Pourquoi les hommes violent-ils ? La réponse ne serait-elle pas à explorer du côté de l’appropriation des femmes par les hommes et rejoindre ainsi le thème de l’ancestrale domination masculine ?
Depuis cette fameuse nuit des temps, les femmes sont pour les hommes des objets que l’on achète et que l’on vend (la dot), dont on exige la primeur (la virginité), dont on est propriétaire (le mariage) et qu’on garde jalousement pour soi (l’exclusivité sexuelle) afin d’assurer sa descendance (la reproduction et le soin des enfants).
Je vais trop loin ?
Je ne suis pas certain cependant de m’éloigner du sujet.
Le viol est la face la plus sombre de la domination masculine. D’accord, celle-ci est en recul et se voit contestée quasi partout dans notre société, mais elle résiste et pourrait reprendre du poil de la bête qui sommeille en chacun de nous. Lutter contre le viol ne doit pas se limiter à mieux protéger les femmes, à prendre soin des victimes et à punir les agresseurs, c’est l’ensemble des relations entre hommes et femmes qui doit faire l’objet d’éducation au respect mutuel. Celui-ci commence sans doute par le rappel de ce qui devrait être une évidence : nul n’a, sur une autre personne, un quelconque droit de propriété.
David SCHMIDT