Histoire

«Furie» soviétique: un char a arrêté toute une division nazie

Un char lourd KV-1 soviétique retint la 6e division allemande

«Furie» soviétique: comment un char a arrêté toute une division nazie

Cela aurait pu devenir le scénario d’un film hollywoodien: en juin 1941, un char lourd soviétique osa combattre 5.000 soldats allemands et les retint près de 24 heures.

Après le lancement de l’opération Barbarossa, les armées allemandes balayèrent les troupes soviétiques comme une avalanche, pénétrant sur des centaines de kilomètres à l’intérieur du territoire soviétique.

Dans ces circonstances désespérées, l’armée soviétique tenta, sinon d’arrêter les nazis, au moins de les retenir pour donner au pays un peu de temps pour organiser sa défense. Dans un de ces actes héroïques près de la ville de Raseiniai, dans le centre de la Lituanie, un char lourd KV-1 soviétique retint la 6e division allemande pendant près de 24 heures.

Un char contre une armée

Archives de Maxim Kolomiets

La 6e division de chars allemande et la 2e division de chars soviétique commencèrent à se battre pour la ville de Raseiniai dès les premiers jours de la guerre. Alors que la bataille principale se déroulait à l’est de la ville, un char soviétique apparut soudainement à l’arrière de l’armée allemande, au nord de Raseiniai, et coupa la principale voie d’approvisionnement entre les deux groupes de troupes allemandes.

Le KV-1 se tenait juste au milieu de la route et paralysait le mouvement de près de 5 000 hommes. « Il était impossible de faire le tour du char, car les marais étaient partout. Nous ne pouvions pas obtenir de munitions ni évacuer nos blessés – ils étaient en train de mourir », rapportèrent des Allemands.

Avant que les nazis ne parviennent à rassembler des forces supplémentaires, le monstre soviétique détruisit 12 camions d’approvisionnement ennemis.

Les tentatives visant à éliminer le tank soviétique avec des canons antichar de 50 mm échouèrent. De plus, le tir de riposte du KV-1 détruisit les canons ainsi que leurs équipages.

Des obusiers plus puissants de 10,5 cm furent ensuite engagés, mais échouèrent également. Les Allemands décidèrent alors d’attendre la nuit.

Dans l’obscurité, les sapeurs allemands s’approchèrent du char et posèrent deux explosifs sur ses chenilles et son canon, mais les explosions ne laissèrent même pas une égratignure sur le KV-1.

Archives de Maxim Kolomiets

La seule arme capable de combattre le char était un canon anti-aérien de 88 mm. 50 chars allemands ont distrait l’équipage du char soviétique en simulant une attaque multidirectionnelle tandis que le canon était secrètement rapproché du KV-1 avant de faire feu.

Seul le 13e coup direct traversa finalement l’armure du char, tuant l’ensemble de ses occupants.

Honoré par l’ennemi

Les Allemands retirèrent six corps du char soviétique en feu – cinq membres d’équipage et une personne non identifiée. Stupéfiés par le courage des soldats soviétiques, ils les enterrèrent avec tout le respect dû et des cérémonies.

On ignore toujours pourquoi le KV-1 décida de se lancer dans une bataille aussi inégale.

Selon l’historien Maxime Kolomiets, le char se détacha de ses propres troupes et tomba accidentellement sur l’ennemi. À court de carburant, il fut obligé de s’arrêter et de se battre.

Cependant, les membres de l’équipage eurènt des occasions de quitter le char, de se cacher dans les forêts et d’essayer de fuir pour rejoindre leurs camarades. Pourtant, ils choisirent de rester et de se battre jusqu’au bout, a insisté Kolomiets.

Dmitri Lavrinenko, le plus redoutable chasseur de chars allié de la Seconde Guerre mondiale

Monstre russe

L’armée allemande connaissait une grande partie de l’équipement blindé soviétique avant le début de la guerre. Pourtant, ils n’avaient aucune idée du char lourd KV-1, qui constitua une très mauvaise surprise pour la Wehrmacht.

Lors des tout premiers affrontements avec ces chars à l’été 1941, les Allemands comprirent qu’ils ne disposaient pas des armes nécessaires pour détruire ces puissants engins. Les énormes « monstres russes », comme les appelaient les soldats allemands, étaient invulnérables aux tirs directs des canons antichars de 50 mm.

Les principaux chars allemands de l’époque, tels que les Panzer III et IV et le trophée Czech Panzer 38(t), ne faisaient pas le poids face au KV-1 soviétique. La seule solution consistait à utiliser une artillerie antiaérienne de 88 mm ou des obusiers de 10,5 cm contre les chars russes.

« Les rumeurs concernant ces monstres blindés nous terrifiaient. Les informations sur leur taille et leur invulnérabilité nous poussaient à nous les représenter comme des forteresses indestructibles », a déclaré un soldat allemand.

Cependant, le KV-1 était loin d’être un char idéal. Il était trop « brut » et mal pensé quand il est entré en guerre. Bien que solidement protégés et bien armés, les chars KV-1 étaient plutôt lents. En outre, ils tombaient souvent en panne et avaient constamment besoin de réparations.

Le chant du cygne du KV-1 a eu lieu lorsque les Allemands ont mis en service leur char lourd Tigre I en 1942, bien plus puissant que son homologue soviétique. Mais avant cela, le KV-1 était un véritable cauchemar pour les nazis.

Ces femmes soviétiques pilotes de char ayant semé la terreur chez les nazis

Sur les plus de 800 000 femmes soviétiques ayant combattu durant la Seconde Guerre mondiale, seulement quelques dizaines sont parvenues à endosser le rôle difficile de pilote de char au sein de l’armée. Si leur chemin a été parsemé d’embuches, leur nom est resté gravé dans l’histoire.

Cela n’a pas été une tâche aisée de conduire les chars durant la Seconde Guerre mondiale. Contrairement à leurs versions actuelles, ces engins demandaient alors d’intenses efforts physiques et une grande concentration. Il s’agissait d’un véritable challenge même pour les hommes, et déployer des femmes pilotes semblait donc tout à fait absurde.

Toutefois, surpassant les préjugés et les obstacles, quelques représentes soviétiques de la gent féminine sont parvenues à remporter le droit de se battre au sein d’unités de char. Nombre d’entre elles ont d’ailleurs ensuite reçu le titre de Héros de l’Union soviétique et bien d’autres prestigieuses distinctions.

Douce revanche

Lorsque son mari a été tué au combat au début de la Seconde Guerre mondiale, l’opératrice téléphonique Maria Oktiabrskaïa a jugé qu’il était de son devoir de rejoindre l’armée et de venger son époux. Néanmoins, au bureau de conscription, sa demande a été rejetée : Maria était relativement âgée (36 ans) et souffrait de problèmes de santé.

Elle n’a cependant pas abandonné cette idée et a vendu tous ses biens pour faire un don consacré à la production d’un char T-34. Elle a même écrit personnellement à Staline pour qu’il lui accorde l’opportunité de combattre dans le char qu’elle avait aidé à assembler. Étonnamment, le dirigeant a approuvé sa requête.

En octobre 1943, après une formation de 5 mois, Maria Oktiabrskaïa a ainsi intégré l’armée soviétique en tant que pilote de char, engin qu’elle a en outre demandé à baptiser « La petite amie combattante ». Elle est alors devenue la première femme soviétique à endosser ce rôle.

Maria s’est cependant alors vu confier le contrôle d’un char n’étant jamais engagé au combat, et a donc refusé catégoriquement, souhaitant prendre part aux affrontements. Ayant obtenu gain de cause, des pièces d’artillerie, des mitrailleuses et plus de 70 soldats ennemis ont ainsi été les victimes de ses tirs.

David SCHMIDT

David SCHMIDT

Journaliste reporter sur Davidschmidt.fr. Chroniqueur radio sur Form.fr.

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